Ce soir, je touillais de la viande hachée en train de griller dans une poêle, sous l'oeil attentif de mon fils, apprenti cuisinier en herbe. Alors que je venais de lui refuser le droit de mélanger à son tour pour cause de plaque trop chaude, il a eu cette phrase magnifique: "Tu sais maman, je crois que je préfère que ce soit moi qui me brûle plutôt que toi".
Plus que ses mots, c'est le ton presque douloureux qu'il a eu pour les prononcer qui m'a saisie. Comme si cette constatation le bouleversait autant, peut-être même plus que moi. Comme s'il prenait soudain conscience que ma douleur lui serait réellement insupportable. Comme s'il réalisait que cet amour presque sacrificiel portait en lui une part de souffrance inévitable.
Petit homme, si tu savais comme moi aussi je préfèrerais dix mille fois mettre ma main au feu plutôt qu'une simple étincelle ne t'atteigne...