Aujourd'hui... je suis sèche. Vidée, sans idée. Essorée, rincée, sans sujet. Pressée, centrifugée, sans pensée. Pourtant, Elle, par exemple, me sert encore cette semaine un énervement sur un plateau d'argent.
Franchement, ça devrait me mettre en pétard, non, cette grande interrogation existentielle, cette question de fond méritant une véritable enquête d'investigation: "Les mannequins sont-elles trop maigres ?".
Et ben même pas. Rien. J'ai même réussi à lire les propos pétris d'intelligence de Nathalie Rykiel sans frémir ou presque - ma chérie, t'as de la chance d'être la maman du Sonia (à moins que ce ne soit l'inverse ?) tout de même parce que là, franchement, t'y vas fort. Oui, je vous assure, aucun cri, aucun trépignement après avoir lu donc que "la mode c'est de l'art et qu'à partir de ce constat on ne peut porter aucun jugement".
Et en l'écrivant ici, cette phrase lumineuse, toujours rien. Bon, peut-être que... oui, j'admets, un minuscule gnroumpf. Non parce que si les leggings c'est de l'art, alors j'ai le maigre espoir que mon brushing raté de ce matin en était aussi. Sauf le respect que je dois à une femme qui a révolutionné l'univers du joujou pour clitoris en détresse, la mode c'est peut-être de l'art, mais ça n'excuse pas tout, loin s'en faut.
Et maintenant que j'y pense, cette directrice de casting qui nous explique que dans son petit 34 Kate Moss ne parait absolument pas maigre, rapport à sa mine radieuse et ses joues rebondies, et bien disais-je, maintenant que j'y pense, j'ai tout de même un peu des fourmis dans les doigts. C'est vrai que la Kate, elle respire la santé. Et surtout, ses bonnes joues, c'est vraiment ce qui frappe en premier chez elle. Ou peut-être en second. Juste après ses gros nichons.
Finalement, je préfère ne pas trop y penser, à cette enquête journalistique. Et puis je n'ai pas envie de critiquer, parce que pour le coup, ils ont fait un travail formidable, chez Elle. Pour répondre à cette question, ils sont allés demander à un nombre incroyable de personnalités. Des gens pas impliqués personnellement, vous voyez ? Des professionnels à qui tous ces os exhibés ne rapportent pas un sou et qui peuvent donc s'exprimer en toute liberté: Karl Lagerfeld - t'aurais pas un peu grossi, Karl ? - Isabelle Marant, Nathalie Rykiel, Vanessa Bruno et puis tout plein de responsables de casting. Ah oui, des photographes de mode aussi.
Alors moi, devant un tel parterre d'experts indépendants, et bien je m'incline. Et je les crois sur parole quand ils assurent unanimes que s'il y a un mannequin sur cent qui est anorexique, c'est bien le maximum.
Allez, je vous laisse, parce que vraiment, aujourd'hui... rien.