La scène se déroule dans un lit, parce que c'est toujours au lit qu'ont lieu les conversations les plus importantes. Les plus intimes aussi. Il et Elle chuchotent, serrés l'un contre l'autre.
Lui: Ils grandissent, hein, nos petits...
Elle: Et oui... Ce ne sont vraiment plus des bébés. Bientôt ils ne voudront plus qu'on les embrasse. Tu te rends compte ? Plus de calins...
Lui: Je ne veux pas qu'ils grandissent comme ça moi. C'est trop tôt, je n'ai pas eu mon compte. Il ne nous reste plus qu'à en faire un autre !
Elle: N'importe quoi ! Je croyais qu'on était d'accord, que c'était terminé ? Tu sais bien, ce serait compliqué avec trois enfants. On n'a pas la place. Avec mon travail, ça ne serait pas possible. Et puis on vient d'en sortir. Non, vraiment, c'est terminé.
Lui: Oui, tu as raison.
Après quelques minutes...
Elle: Tu étais sérieux ?
Lui: Non, je plaisantais, c'est juste que je suis nostalgique, mais au fond de moi je sais que c'est terminé.
Elle: Ah...
Elle se retourne dans le lit en s'éloignant ostensiblement de lui
Lui: ça va ?
Elle: Oui, ça va.
Lui: Ben non, ça n'a pas l'air. Qu'est-ce que tu as ?
Elle: Non, rien.
Lui: Allez, dis-moi.
Elle: Y'a que tu ne veux plus d'enfants. Y'a que c'est comme si j'étais ménopausée. D'un coup. Y'a que je vais avoir cinquante ans.
Lui: Dans quinze ans. Tu vas avoir cinquante ans dans quinze ans.
Elle: Oui et bien ça pourrait être demain puisque de toutes façons je suis hors service maintenant.
Lui: Mais enfin, tu es la première à dire que ce ne serait pas possible ? On était d'accord, non ?
Elle: Tu comprends rien ! C'est pas pareil si c'est moi qui le dit. Et puis là tu as réveillé mon instinct maternel. Du coup là, j'ai mal. Tu as fait joujou avec mon utérus. Tu lui as fait croire pendant deux secondes qu'il pouvait encore servir. Et ensuite tu lui as claqué la porte au nez. Sans aucun ménagement. Tu sais quoi ? C'est moche ce que tu as fait, c'est très moche.
Après un temps...
Lui: Tu es sérieuse ? Tu veux un autre enfant ?
Elle: Non, je ne crois pas. Mais je ne veux pas que tu n'en veuilles plus. Je veux que ça reste possible, je ne peux pas écrire le mot fin.