Mais hier, c'était une journée "mère parfaite". Ben si, quoi ça arrive aussi tout de même. Et donc en mère parfaite j'ai traversé Paris pour faire contrôler les petits yeux de la chair de ma chair. Nous avons descendu la rue de Bagnolet dans cette lueur si particulière d'un jour ensoleillé de novembre. Tout à coup, alors que nous passions devant une église, nous nous sommes retrouvés au beau milieu d'un enterrement.
"Oh, j'aimerais tant voir la personne qu'est morte", m'a alors supplié - à haute, très haute voix - mon adorable sauveteur d'ours en peluche, révélant soudainement sa part d'ombre. Sa soeur, n'étant pas en reste, s'est pour sa part exclamée de sa voix si caractéristiquement aigue:
- "Ohhhhh, regaaaaaarde maman, la dame on dirait qu'elle va pleurer".
- "Oui ma chérie, elle est triste. C'est peut-être sa mamie qui est morte, tu comprends. Tu sais, peut-être que toi aussi un jour, ta mamie mourra".
- "Je sais maman. Et ce jour là j'espère qu'on aura le droit de voir"
Un grand moment de solitude maternelle comme on en subit dès que son rejeton chéri maitrise les bases du langage - quand je dis les bases c'est vraiment les bases parce que "maman, bah monsieur pue" ça ne mobilise que trois mots de vocabulaire...
Après avoir réussi à extirper mes apprentis voyeurs de ce triste rassemblement, nous avons poursuivi notre chemin...
Quand j'ai entendu la petite voix de mon fils:
- "Maman, quand tu seras morte...".
- "Oui, mon amour, je sais, tu seras très triste, mais ce n'est pas pour tout de s..."
- "Non, maman, c'est pas ça que je veux dire. Quand tu seras morte, je mettrai tes fleurs préférées sur ton cercueil".
- "Ah, oui, oh, merci, mon amour..."
- "Mais au fait, c'est bien des tulipes tes fleurs préférées, hein ?"
- "Oui oui..."
- "Blanches les tulipes, hein maman, blanches ?", a cru bon de préciser ma fille
- "Tu sais quoi maman ? Si jamais c'est la saison des tournesols quand tu seras morte, et bien je t'achèterai aussi des tournesols" a rajouté son frère.
Merci monsieur 4/5ème, merci...