Ensuite, donc, Stéphane et moi on a bricolé, pris des morceaux de texte, on les a tordus dans un sens puis dans un autre. Et à la fin, ça a donné une pièce de théâtre. Un One wo-man show.
Franchement, je vais vous confier un truc, au départ j'y croyais pas trop. C'est pas que je ne trouvais pas ça bien ce qu'on avait écrit. Surtout que Stéphane il connait le théâtre, alors il a su adapter mes billets, leur donner un rythme scénique qu'ils n'avaient pas. Mais de là à imaginer que ça puisse intéresser quelqu'un d'autre que ma famille et mes amis... non.
Et puis comme dans un conte de fées, la vie en a décidé autrement et un vrai producteur, comme dans les films, est apparu dans l'histoire. Quand je dis un "vrai" producteur c'est qu'il ressemble VRAIMENT à un producteur. Ou à l'idée qu'on s'en fait. Ce qui finalement revient un peu au même non ?
Un jour, donc, un peu avant Noël, Stéphane a lu le texte à ce producteur. Il s'est jeté dans le vide, il a lu la pièce, comme un vrai comédien qu'il est. Moi j'étais à coté, j'étais tendue comme un arc et je ne m'autorisais à sourire que lorsque le producteur esquissait un rictus. Il arrêtait pas de fumer des cigarettes, j'avais les yeux qui piquaient. Un peu à cause de la fumée et puis aussi à cause de l'émotion. Parce que bon, là, ça commençait à prendre forme. Et après tout, tant pis si ça n'allait pas plus loin. La ronde était devenue un personnage.
Un personnage haut en couleur, maladroit, drôle, différent, irritant et en même temps attendrissant.
A la fin, le producteur n'a rien dit. Pas un mot. Et puis il est parti, en disant qu'il rappellerait. Evidemment, on était assez inquiets avec Stéphane. Mais il a rappelé. Et il a annoncé que bon, il allait falloir bosser, que ça nécessiterait une bonne mise en scène et qu'il fallait se dépêcher pour être prêts au printemps.
Au début, on a même pas été sûrs de bien comprendre. Mais en fait, c'était bien ça. Il allait mettre des sous dans notre projet.
Ensuite, c'est allé vite, on a déposé le texte à la SACD comme des grands, tous les deux et tout émus.
Et puis... un théâtre a dit OUI.
Et la première... c'est le 15 juin.
Et ça s'appellera: "Dans la peau d'une grosse". Au début, j'avais peur que le mot "grosse", ça puisse heurter. Mais finalement, moi, quand je me regarde, les mauvais jours, je ne me dis pas "oh là là, merde, qu'est-ce que je suis ronde...". Non, je dois l'admettre, ces jours là, je n'ai qu'un mot en tête: GROSSE. Et il est peut-être temps d'appeler un chat un chat. Surtout qu'au fil de la pièce on se rend compte que la fameuse ronde ça peut être n'importe qui, même un garçon très mince. Ce qui fait que finalement, ce titre, moi je l'aime bien.
Maintenant, je tremble et j'espère que ceux et celles d'entre vous qui viendrez, prendrez du plaisir et apprécierez. Mais là, ce n'est plus à moi de jouer, n'est-ce pas Stéphane ? ;-)))