Beaucoup.
Sur le sens de ma vie, sur ce que je voudrais "être", "devenir". J'ai adoré notamment à ce sujet les réponses de Fyfe à ce questionnaire qui circule en ce moment et notamment le fait qu'à passé 30 ans, elle se dise toujours qu'elle aura des enfants avant 28 ans ou qu'un jour elle sera infirmière humanitaire. Moi c'est pareil. Dans un coin de ma tête, un jour, je serai... Quand je serai grande. Et le fait d'avoir déjà 35 ans ne change rien au fait d'être grande un jour. Même qu'à mon avis, arrêter de se projeter dans un "après", c'est renoncer.
Bref, je digresse, comme toujours. Je disais donc qu'en ce moment, je réfléchis grave. Gravement aussi. Sur ce blog, notamment. Sur ce qui me pousse, tous les soirs, à passer du temps à pianoter sur ce clavier. Je lis, ça et là, beaucoup de choses, sur les blogueurs, sur ce que DOIT être un blog et sur ce qu'il ne DOIT pas être. Je lis qu'il n'est qu'un hobbie, un amusement, un journal intime sans prétention. Je lis qu'imaginer avoir un copyright sur ce qu'on écrit, c'est au mieux ridicule, au pire prétentieux. Je lis qu'il faut arrêter de rêver et qu'un blog, ça ne mène à rien d'autre. Je lis qu'il ne faut surtout pas se prendre au sérieux.
Je suis d'accord avec cette dernière phrase.
En revanche, je crois qu'on peut prendre au sérieux le fait de tenir un blog. En tous cas, moi, je prends ça au sérieux, même quand je pousse mes grands cris. Je ne sais pas, j'ai l'impression que je le "dois" à ceux qui viennent ici. Mais le problème avec les choses qu'on prend au sérieux, c'est qu'elles peuvent rendre vulnérable.
Je discutais un jour avec un blogueur "sorti du lot", un de ceux qui passe aujourd'hui à la télé et qui devrait donc être blasé et pourtant non et on était d'accord sur un point: il peut y avoir 80 commentaires enthousiastes, s'il y en a un qui t'assassine, et bien tu ne vois plus que celui là.
Je dois vous l'avouer, je suis de ces gens là. De ceux qui ne verront que le mauvais commentaire. De ceux qui seront ébranlés par une réflexion acerbe même si elle est accompagnée de compliments. Et tant qu'on y est, je dois aussi vous l'avouer, justement, j'ai été ébranlée. Ebranlée qu'on me reproche de considérer mes billets comme des écrits m'appartenant. J'en ai été secouée au point de ne plus savoir. De ne plus savoir si tout ça en valait la chandelle.
J'ai été touchée parce que tous les soirs, quand j'écris, c'est un peu de moi que je lache. Bien sûr, je sais, personne ne m'a rien demandé et puis bon, ça va, je ne suis pas Flaubert. Je sais aussi que si demain j'arrête, la terre continuera de tourner.
Mais voilà, je voulais juste dire qu'écrire ces minuscules histoires tous les jours, c'est bon et en même temps, parfois, douloureux. C'est un peu comme ce dialogue de Truffaut le magnifique, repris dans deux de ses films:
- Lui: "Ta beauté est une souffrance
- Elle: Hier tu disais que c'était une joie
Lui: C'est une joie et une souffrance"
Je ne suis pas sûre d'être très claire. Ce que je veux dire, c'est que je peux comprendre qu'on critique tel ou tel texte parce que faire l'unanimité, c'est impossible. Mais il me semblait nécessaire d'écrire que tout ça n'est pas "rien". Et que j'ai l'impression qu'un jour, bientôt, ce sera peut-être plus une souffrance qu'une joie.
Ce jour là, j'arrêterai.
Et vous me manquerez.