En effet, les premières années, les voir s'en aller c'était comment dire... un peu comme si Jack Bauer se voyait offrir une semaine de congé au club med avec l'assurance de n'avoir aucun complot terroriste à déjouer. Vous pensez que j'exagère ? Ha! J'aurais aimé vous y voir, tiens.
Pourquoi ?
Je vais vous dire pourquoi. Parce que malgré toutes nos prières, les incantations à la vierge du sommeil, et malgré même le whisky glissé dans les biberons le soir - naaaaaaaaan je rigole - j'ai donné naissance à une insomniaque en herbe. Vous me direz, une sur deux, c'est pas si terrible.
Sauf que si.
En fait, terrible, c'est pas le mot. Même que là tout de suite, le mot je ne le trouve pas.
Je sais, je suis volontairement grave. Mais c'est parce que je me dois, en tant que mère, en tant que femme mature et expérimentée, de vous mettre en garde, vous les pas encore mamans qui caresseraient le rêve de donner un jour naissance à un charmant bambin.
Je ne veux pas vous décourager hein ? Mais il faut tout de même être averti avant de prendre ce genre de décision. Et la vérité c'est que les enfants vous pourrissent le sommeil.
VOLONTAIREMENT.
Vos nuits auparavant tranquilles ne seront plus jamais les mêmes. Passées les premières semaines où il vous faudra nourrir et changer votre petit amour - quoi que personnellement, j'ai rapidement décidé de laisser mes chéris baigner dans leur caca la nuit, histoire qu'ils fassent BIEN la différence avec le jour, comme le conseillent les livres que je n'ai pas lu - il vous faudra ensuite vous battre avec des fantômes, réduire à néant des monstres qui se planquent dans les rideaux ou tout simplement partir à la chasse au doudou qui, c'est sûr, prend vie dès la nuit tombée. Ben oui, sinon comment expliquer qu'il parvienne à se retrouver sous un meuble à l'autre bout de la chambre à quatre heures du matin ? Et bien sûr hors de portée de votre main à laquelle il manque exactement quatre milimètres pour l'attraper et ce après déboitement de votre épaule.
Je passe sur la tétine, cette garce, qui non contente de défigurer chouchou le jour prend un malin plaisir à se coincer entre les barreaux du lit à des heures indues. Je vous laisse imaginer certaines scènes, bébé hurlant à la mort parce que tototte a disparu et vous, à moitié nue, à quatre pattes en train d'extirper ladite et maudite tototte du sommier à lattes. Autant dire que c'est probablement dans ces moments de grande solitude maternelle que chouchou apprend ses premiers jurons, de la bouche même de sa mère. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez toujours accuser plus tard l'éducation nationale, la télévison ou la cour de récréation, tout en sachant dans votre fort intérieur que "putain de salope de tototte", c'est un peu de vous tout de même.
Bien sûr, comme tous les nouveaux parents, vous jurerez aux grands dieux que jamais au grand jamais chouchou ou pupuce ne viendra dormir dans votre lit. Le problème c'est que vous sous-estimez votre adversaire. Vous n'avez pas idée de la capacité pulmonaire d'un enfant la nuit. Vous n'avez pas idée non plus de son endurance et des coups retords dont il est capable pour parvenir à ses fins. Sachant qu'en plus, il n'y a RIEN de plus mignon et attendrissant qu'un enfant à moitié endormi.
Evidemment, au bout de deux semaines sans sommeil, vous oubliez tout ce que vous avez lu sur les dégâts psychologiques que peut provoquer le fait de partager son oreiller avec bébé.
Mais ce que vous ignorez à ce stade c'est que chouchou veut bien plus que votre lit. Il vous veut VOUS pour lui tout seul. Et pour ça, il va lui falloir faire dégager son papa, l'ennemi n°1. Le plus souvent, il y parvient. En s'endormant à l'horizontale. En cas de résistance paternelle, quelques coups de pieds bien placés ne sont pas à exclure.
Et voilà. C'est comme ça que vous finissez par vous retrouver exactement dans la situation que vous aviez juré éviter: dormir avec un marmot qui bouge dans tous les sens, qui ronfle encore plus fort que son père et contre lequel vous ne pouvez même pas réchauffer vos pieds. Pendant ce temps, l'homme tente en vain de se rendormir, tout recroquevillé dans le lit de l'héritier.