Aujourd'hui, Je voulais vous parler de cette petite fille au prénom de fleur qui se bagarre encore contre un microbe tenace, mais je n'y arrive pas. Cette naissance difficile, sept ans presque jour pour jour après celle de mes enfants remue trop de choses.
C'est étrange. On vit bien, on avance tous les jours, droits dans ses bottes et on se dit que les plaies sont refermées. Et puis il suffit d'un couloir d'hôpital, d'une amie chère qui se ronge les sangs pour son bébé fragile, pour que tout remonte violemment.
Tout ? Un accouchement dont le souvenir s'est perdu dans un produit anesthésiant. Le contact froid de la table du bloc opératoire sur mes reins en feu. Le réveil sur un brancard avec l'homme qui pleure et me dit qu'ils sont beaux. Un charriot sur lequel sont posées deux couveuses, poussé par une pédiatre du Samu. On les emmène loin, à l'autre bout de Paris. Je touche un poignet, celui de mon fils, et puis plus rien. Il ne reste plus que ce ventre coupé en deux. Vide.
Plus tard, les sirènes du Samu, encore, la poitrine de mon minuscule fils qui se soulève trop fort, trop vite. La précipitation, les infirmières qui courent et qui tournent la tête quand elles nous voient, l'homme et moi. Une salle d'attente d'hopital vide et la certitude que la prochaine fois que la porte s'ouvrira, un médecin annoncera sa mort. Les prières pour que la porte ne s'ouvre pas.
L'homme qui me serre et me jure qu'il ne m'abandonnera jamais.
La porte s'est finalement ouverte et il était vivant. Mais je crois que moi je suis morte un peu, ce jour là.
On dit que tout passe, mais c'est faux.
Edit: Aux dernières nouvelles la miss remonte vaillament la pente. Les pensées positives, ça marche !