Hier, à Charlety, j'ai entendu des yala, des inch'allah et même des Alleluia. J'ai vu des familles assises sur la pelouse du tram parce qu'elles n'avaient pas pu entrer dans le stade.
Hier j'ai pleuré assez souvent, c'était encore mieux qu'à La nouvelle Star.
Ma première larme a été pour Michel Delpech - un de mes incontournables que j'assume totalement - lorsqu'il a entonné "wight is wight, Dylan is Dylan". (merci Esme)
Hier, j'ai appelé ma mère quand Lenny Escudero a chanté le Bohémien, et j'ai senti que ma mère si elle avait pu, elle se serait téléportée de Lyon.
Hier, mon fils et son copain ont joué aux billes sur la pelouse dans les 15cm² qui leur étaient impartis, entre les jambes de militants amusés. Ma fille brandissait une pancarte "Ségolène présidente" juchée sur les épaules de l'homme.
Là aussi j'ai pleuré un peu, parce que je les trouvais beaux.
Hier, Jane Birkin était hilare dans les gradins et je me suis dit que les cheveux courts, ça lui va drôlement bien. J'ai pensé à Serge et j'ai pleuré.
Hier, Geneviève de Fontenay a remporté l'applaudimètre. Suivie de près par Jean-Pierre Darroussin.
Hier, un jeune "des quartiers" brandissait un drapeau français en revendiquant le droit de se réclamer de la France. Il avait le maillot de Zidane et des lunettes de kéké. Il m'a fait pleurer.
Hier, j'ai passé trois heures avec un autocollant "votez ségolène" sur le front, à tel point que j'ai oublié ensuite de l'enlever. Après j'ai compris pourquoi les gens se moquaient de moi au Franprix.
Hier, un jeune rappeur a lancé: "et si on faisait l'amour, là, comme à Woodstock ?". J'ai regardé mon homme et j'ai eu vraiment envie, d'un coup, de lui sauter dessus, comme à Woodstock.
Hier, j'étais à Charlety, et Ségolène Royal a déclaré que la "valeur travail" c'est avant tout "payer le travail à sa vraie valeur". Elle a également rappelé que mai 68 avait permis aux femmes d'obtenir le droit à l'avortement et l'accès à la contraception.
Elle a parlé de cet homme rencontré dans un meeting qui lui a confié faire semblant tous les matins de partir au travail pour que son fils n'ait pas honte de lui. Ai-je besoin de préciser que j'ai pleuré ?
Voilà, hier je me suis dit qu'on était au moins 60 000 à rêver. C'était un joyeux bordel et l'organisation n'était pas au carré.
Hier sur la scène de Charlety, il y avait Cali, Dyonisos, Grand Corps Malade, Renaud et Benabar. Et aussi Yannick Noah. Je dois d'ailleurs avouer que tout de même, pendant cinq minutes j'ai un tout petit peu détesté Ségolène Royal. Parce que Yannick, il l'a embrassée, elle. Limite j'ai pleuré.
Hier à Charlety il n'y avait ni Jean-Marie Bigard, ni Gilbert Montagné, ni Johnny Halliday.
Hier ce n'était pas Woodstock, c'était Charlety. Et à Charlety, je me suis dit que quoi qu'il puisse se passer dimanche, tout ça n'est pas fini.
Edit: Je voulais vous faire un minute par minute, mais pour l'instant, je n'ai pas assez de recul, je suis juste toute émotionnée et du coup, j'ai du mal à trouver les mots qui font rire. Promis, j'en ai un sous la main et en plus il ne parlera pas de politique.