Je me dois aujourd'hui de vous informer d'une décision mûrement réfléchie. Je vais reprendre la cigarette. Oui, absolument. Et croyez moi, quand vous connaitrez les raisons qui me motivent, vous comprendrez. Limite si ça se trouve vous aurez envie de venir en griller une avec moi.
On parie ?
Alors voilà le pourquoi d'un tel revirement après presque cinq ans d'abstinence.
Vous vous souvenez qu'il y a quelque temps, je vous avais raconté comment par un bel après-midi d'été - beh oui, au cas où vous ne vous en soyez pas rendu compte, l'été a eu lieu cette année au mois d'avril, et présentement l'automne bat son plein. Vivement juin qu'on ait de la neige - comment donc, par un bel après-midi d'été je m'étais trouvée nez à nez avec Yannick Noah dans la cour de l'immeuble, en panne de moto.
Ce jour là, j'avais pensé - et mes copines aussi - que cette rencontre magique était le fruit d'un hasard divin.
Le lendemain, quand Antoine Decaunes a traversé la cour sous les yeux médusés d'un collègue, on s'est dit que dis-donc, tout de même, deux people en deux jours, pas mal.
Le jour d'après, Gérard Darmon est sorti de l'ascenseur. Bon, là, on a commencé à s'interroger. Journaliste, qu'est-ce que vous voulez, c'est un métier.
Mais c'est quand le Eric d'Eric et Ramzy a franchi la grille de l'immeuble qu'on a décidé de mener l'enquête.
Non parce que bon, on voulait bien croire qu'à la capitale on a plus de chances de rencontrer des stars, à ce niveau là c'était un peu comme si on vivait dans la ferme des célébrités sauf qu'en plus les people en question n'étaient même pas des ringards.
On n'a pas eu à chercher très longtemps. Encore une fois, journaliste c'est un métier. En vrai pros de l'investigation, on a donc demandé au concierge qui nous a donné l'explication de ce défilé de célébrités. Même si je ne peux rien vous dire, sachez que ma théorie initiale selon laquelle tous ces hommes venaient voir le spécialiste du cuir chevelu qui a sa plaque à l'entrée n'était pas la bonne.
Pardon Yannick n'avoir imaginé que tu venais te faire coller des cheveux.
Bon, je ne vous la donnerai pas, l'explication, parce que voyez-vous, entre people on est super solidaires. Et que depuis que je suis dans Bien dans ma vie, je sais ce que c'est que la pression de la célébrité. Je ne veux pas cracher dans la soupe parce que sans mon public je ne serais rien. Il n'empêche qu'il faudra me passer sur le corps pour que je vende la mèche.
Juste je peux vous dire qu'il y a dans l'immeuble quelqu'un à qui tout le show-biz vient rendre visite un jour ou l'autre, pour des raisons professionnelle. Et que ce quelqu'un a eu l'idée de génie de s'installer au même endroit que les nouveaux locaux du média le plus austère et confidentiel de la planète. Non je ne travaille pas à "Carpes magazine" - si, ça existe - mais pas loin. Grace lui en soit donc rendue.
Bref, quelque part, je dois vous l'avouer, moi qui deviens hystérique quand je croise Danièle Gilbert à la Gare de Lyon, je vis un rêve. Et je pèse mes mots. Presque je pourrais penser que je suis morte et que mon paradis à moi c'est de fréquenter les people.
Bon, l'inconvénient, c'est que je n'ai pas 36 raisons de trainer dans la cour de l'immeuble. Pas même une en fait. Sauf quand je vais manger ou que je repars. Ce qui ne me donne pas beaucoup de probabilités de croiser Georges Clooney.
Pas comme les veinards de fumeurs qui n'en finissent pas de revenir en nous racontant qu'ils ont vu Gad Elmaleh ou Dominique Lavanant.
Alors que moi, je dois bien l'avouer, je n'ai au compteur que Yannick Noah.
Et Mimi Mathy.
D'accord, Yannick compte triple.
M'enfin bon, je ne vais quand même pas risquer de passer à côté de Charles Berling, Jean-Pierre Darroussin - c'est comme ça, Darroussin me fait des guilis au zizi ça ne s'explique pas - ou Gérard Lanvin, tout ça pour une bête histoire de cancer du poumon que si ça se trouve j'aurai quand même dans cinquante ans !
Par conséquent, c'est décidé, je reprends la cigarette. Pas question que ma collègue clopeuse profite de Marc Lavoine pendant que moi je me contente de Mimi Mathy.
Je sais, c'est complètement con. En même temps je n'ai jamais prétendu être une lumière.