Je ne sais pas vous mais je suis du genre qui pleure. Mais pas au bon moment bien sûr, sinon ce serait trop simple. Non, moi je pleure essentiellement devant la télé et de préférence devant les niaiseries les plus improbables. La petite maison dans la prairie bien évidemment, même au 35ème visionnage avec une mention spéciale pour l'épisode où Marie découvre sa cécité, Rémi sans famille ou même "Sous le soleil" et là il faut le faire. Il faut le regarder aussi, je suis d'accord.
Outre les pleurs télévisuels, je suis atteinte du syndrome de l'oeil humide dès qu'on me dit quelque chose de gentil, ou qu'une conversation devient intime. Si en plus je suis à une semaine de mes règles ou en pleine ovulation, alors là on est bon pour le tsunami.
Mais ce n'est rien à côté de ce que peut provoquer chez moi un remontage de bretelles professionnel, surtout si je l'estime injuste. Voire même juste une conversation avec big boss pour faire le point sur mon avenir au sein de l'entreprise...
Et là, n'allons pas par quatre chemins, c'est un vrai problème. Parce qu'à 36 ans, rien à faire, chouiner dès que le ton monte, c'est top crédibilité. Surtout quand on avait bien répété dans l'escalier qui mène au bureau de grand chef le petit discours de la fille qui veut prouver que les responsabilités, elle peut les assumer. Et qu'on arrive même pas à aller jusqu'au mot "responsabilité" vu qu'à "assumer" on a déjà la voix qui se barre dans les aigus.
Par contre, quand je voudrais vraiment laisser couler les torrents qui se bousculent derrière mes yeux, quand je voudrais que les vannes s'ouvrent, quand je n'ai qu'une envie, m'effondrer dans des bras aimants, là, plus rien. Que dalle. Juste une énorme pudeur qui retient tout ça histoire que ça pourrisse comme il faut. A ce moment là on pourrait bien me battre comme platre que y'aurait pas un gémissement. Va comprendre.
Enfin, ça c'était avant cette rentrée compliquée. Parce que là, je dirais que depuis quelques semaines, le problème c'est d'arrêter la mousson, si vous voyez ce que je veux dire.
Genre la semaine dernière, je retrouve ma copine Zaz au cinéma. J'arrive et ma copine Zaz me dit: "ça va ?". "ça va", que je lui réponds. Là, Zaz elle me fait son regard n°2, celui qui en gros veut dire: "ouais c'est ça, comme si ça se voyait pas que ça va pas". Et armée de son regard n°2, elle me demande "T'es sûre ?". "Oui oui, ça va, mais je t'avertis que si tu me le demandes encore une fois, je ne réponds plus de rien", que je rétorque.
Là, Zaz me sort sa botte secrète: "En même temps, avec moi tu peux pleurer hein...".
Du coup, j'ai rendu les armes et je me suis mise à sangloter comme une pauvresse. A mon avis plus jamais elle me fera son regard n°2, Zaz.
Après, faut bien avouer que ça allait mieux. Mais histoire de bien finir le travail, on a regardé "Ceux qui restent". Bon ben là je crois qu'on peut parler d'incontinence à ce niveau. Emmanuelle Devos et Vincent Lindon sont parfaits, leur histoire d'amour est totalement crédible et le fait qu'elle se produise dans les couloirs d'un hôpital pendant que leurs conjoints respectifs sont en train de mourir a probablement contribué à bien achever la vidange.
C'est simple, quand je suis sortie, on aurait bien pu m'annoncer la disparition de tout mon entourage dans d'atroces souffrances, je serais restée de marbre.
Edit: Ce post m'a été inspiré par le post d'Anne-So sur ses hormones qui la font pleurer. Du coup, depuis, je me demande si tout ça ce ne serait pas aussi un coup de mes oestrogènes. Comme si ça leur suffisait pas de me filer de l'acné.