Donc depuis une semaine, je zermate, tu zermates, il zermate.
Et je dois dire que tout n'est pas encore totalement au point.
Bon, pour ce qui est d'identifier ma faim, ça va. Il faut dire qu'en ce moment la faim elle me prend un peu par surprise, violemment et sans sommation. Genre je suis un peu comme un nourrisson qui n'aurait pas encore assimilé la notion de patience. A 12h j'ai l'estomac qui se tord. A 12h01 il me faut absolument quelque chose sous la dent au risque tout bonnement de mourir. Voire pire. Bref, la faim, je la cerne assez bien. Et c'est donc un premier bon point.
En revanche là où ça se gâte c'est lorsqu'il s'agit de s'arrêter de manger lorsqu'on arrive à satiété. Non parce que je ne sais pas toi mais personnellement au bout de trois bouchées les symptômes physiques de la faim disparaissent. N'empêche que désolée mais à ce moment là si tu m'enlèves mon assiette c'est un peu comme arrêter un rapport sexuel juste avant la fin. Bref, franchement, la satiété pour l'instant, c'est un peu mon graal à moi. Je sens parfois que je n'en suis pas loin et pof, c'est trop tard, je suis gavée. J'ai loupé la satiété.
J'en conclus que niveau satiété, je suis un peu au milieu du gué, tu vois ? En gros, je reconnais ma faim mais pas la fin de la faim.
Concernant l'autre grand dossier du Zermati, à savoir comprendre pourquoi on mange parfois sans faim, c'est un peu le même problème. Au départ, tout va bien. Je sais parfaitement identifier une envie de sucré n'ayant rien à voir avec la faim. Genre il est 15h et j'ai une grosse envie de kinder. Je fais un rapide check-up de mon estomac: pas de gargouillis, pas de crampes, pas de salivage excessif. Pas de migraine ou de vertiges. Nada. Verdict: on est face à un cas typique de compulsion alimentaire injustifiée.
Dans un tel cas de figure, je vais te dire qu'il faut zermater sévère. A savoir, trouver la raison de cette compulsion. Là aussi, franchement, je m'épate, on pourrait penser que je pratique depuis que je suis dans le ventre de ma mère. En deux secondes j'introspecte - du verbe introspecter, nom dérivé, introspection - et je te trouve: a) un gros besoin de calin, b) un gros stress à calmer, c) un gros dossier sur lequel je n'ai pas du tout envie de me mettre, d) un gros "je me fais chier donc je mange" e) un grosse diminution de la confiance que mes parents ils ont mis en moi, f) une grosse dévalorisation de mon égo. Je sais j'ai répété dix fois le mot "gros". Et bien figures-toi que ce n'est pas un hasard. En littérature ça s'appelle filer la métaphore. Alors la prochaine fois tu ne te dis pas que mon style s'est appauvri. D'abord, tu te demandes si des fois j'aurais pas décidé de filer une métaphore.
Bref. Autant te dire qu'au niveau de l'introspection de mes envies de sucré, je suis au top level.
Ouais.
Sauf que là où ça coince c'est qu'à 15h15, après avoir bien tout compris du fonctionnement de ma déviance alimentaire et de comment mon cerveau il m'envoie des messages tronqués du style que si je me tape un kinder je serai moins malheureuse et bien... Je bouffe mon kinder.
Et là, quelque chose me dit que je suis grave même pas au milieu du gué. Voire que ma barque elle serait percée.