J'ai déjà évoqué récemment mon addiction pour un ouvrage que dévorent les 3/4 des parisiens en ce moment - le reste des Français aussi probablement, mais au risque de me répéter c'est dans le métro parisien que je peux constater ce phénomène et je m'en voudrais de supputer qu'il est généralisé à la France entière si ça n'est pas le cas -, je veux parler de la trilogie suédoise, Millenium.
J'y reviens aujourd'hui plus longuement parce que premièrement j'ai fini la bête et deuxièmement... y'a pas besoin de deuxièmement.
J'y reviens disais-je, pour vous dire que depuis l'instant où, hier, j'ai lu le dernier mot de cette histoire, je me sens comme orpheline. C'est à peu près comme quand une saison de 24h se termine et que tu te dis que tu en as pour un an avant de revoir Jack Bauer. Sauf que là en plus, il n'y aura pas de quatrième saison, rapport que l'auteur, il est mort.
Il est mort juste après avoir mis le point final à son ouvrage. 1 million de signes. Je sais, les signes, ça ne parle pas à tout le monde, mais croyez-moi, c'est beaucoup. Trois gros pavés. Lus en un temp record, dans des conditions extrèmes parce que chaque volume pèse son poids et que dans les transports en commun il est parfois compliqué de sortir genre le Quid pour bouquiner entre deux stations.
Petit apparté: figurez-vous que le Quid s'arrête. Et comment qu'on trouvera la date de naissance d'Annie Cordy maintenant, le dimanche, quand on s'emmerde chez papy et mamie ? Pff, tout fout le camp. Comme si wikipedia pouvait remplacer le Quid. N'importe quoi.
Donc disais-je, malgré le volume des livres - extrèmement difficile à tenir d'une seule main le soir dans ton lit et que donc tu dois sortir la menotte que tu tiens au chaud sous la couette pour tourner les pages - je me suis enfilée la trilogie en trois semaines. Alors que mes hormones sonnent le glas vers 20h30 environ.
Plus fort que la progestérone, Millenium.
Non, sérieusement, je ne sais pas trop par où le prendre pour vous en parler, ce polar qui n'en est pas un. Franchement, j'ignore ce qui fait qu'à la troisième page environ, l'auteur te choppe par le col et ne te lache plus jusqu'au point final.
Il y a les personnages, bizarroïdes, rebelles, exentriques comme peuvent l'être ceux de Vargas.
Il y a le milieu dans lequel ils évoluent, ce journal qui pourrait être... heu en fait je n'en trouve pas d'équivalent en France en ce moment. Genre un magazine qui cherche à dénoncer les conspirations du grand capital, qui ne lésine pas sur le travail d'enquête, qui s'autofinance pour ne subir aucune pression, etc. Bref, donc, un journal idéal dans lequel tout journaleux rêverait de bosser.
Il y a ce pays, la Suède, dont on ne connait pas toujours les pages sombres de l'histoire, révélées avec habileté et sans tabou par l'auteur. La Suède, avec ses noms propres imprononçables même quand on ne fait que les lire en silence, ses femmes immenses et musclées, ses hivers terribles et ses îles mystérieuses.
Il y a le sexe, omniprésent dans la vie du héros, le beau Mickael Blomkwist, qui ne semble pas réaliser que les femmes tombent comme des mouches sur son passage et qui a un faible pour celles qui sont plus âgées que lui. Ce qui en fait évidemment un homme hors du commun.
Il y a enfin les méchants, les vrais de vrais, les atroces, qu'on aime détester, qui commettent des actes odieux et qui parfois viennent te hanter la nuit.
Il y a surtout Lisbeth, femme-enfant écorchée qui révèle petit à petit des talents insoupçonnables. Lisbeth la surdouée, tatouée et piercée, insaisissable et fascinante.
Voilà, il y a tout ça et bien plus, il y a une oeuvre qui te laisse sur le carreau une fois terminée, une atmosphère dont tu as du mal à te débarrasser.
Alors si tu n'as plus rien à lire, n'hésite pas. Pour l'instant il n'existe pas encore en poche et la trilogie n'est pas donnée, mais franchement, tu ne regretteras pas.
Edit: Je suis la seule idiote à tenter de lire le soir d'une seule main histoire de garder l'autre au chaud, ou bien ?