Attention, billet 100% hormonal.
Non parce que ça va bien la Nouvelle star et compagnie, mais c'est quand qu'on parle de mon état, hein ? Parce que figures-toi que ça change un peu mon quotidien tout de même.
Genre, hier.
Il n'y avait plus rien dans les placards, il fallait que je fasse des courses de toute urgence sous peine de voir l'homme dépérir - les enfants sont chez leurs grands-parents ce qui nous permet d'échapper aux émeutes de la faim, merci papa, merci maman. J'ai réuni tout mon courage et je suis partie à Monoprix...
Et voilà en tout et pour tout ce que j'ai rapporté après avoir erré près d'une heure dans les rayons de mon supermarché préféré:
A part ça je ne suis pas du tout enceinte, tout va bien. J'ai lu récemment cette phrase édifiante: "On est ce que notre mère a mangé en nous attendant". Il y a donc des chances que j'accouche d'un smoothie. Ou d'une énorme fraise.
L'homme quand à lui s'est résigné. Et mange du Mac Do. Ou des kebabs. Histoire d'avoir son quota de protéines et lipides sans être contraint de cuisiner parce qu'il ne faut pas déconner.
Sinon, mes jambes ne sont pas du tout gorgées d'eau pas plus que mes chaussures ne sont en train de devenir trop petites, non non non. Quand à mes seins, ils semblent engagés dans une sorte de compétition insensée, manifestement quelqu'un - suivez mon regard du côté de qui vous savez - leur a lancé un défi ou quelque chose dans le genre et cons comme ils sont ils foncent direct dans le panneau. Je ne vois que ça, parce que là, franchement, on atteint des sommets.
Ne parlons pas de mon ventre qui prend des formes de plus en plus étranges en fonction de la position de la princesse, à mon avis c'est une championne de Pilates, miss strawberry.
Enfin, niveau santé, on peut dire qu'ils ont bien fait - "ils" c'est le corps médical - de me torturer avec leur glucose en perfusion vu que je n'ai pas l'once d'une poussière de diabète. Ce qui n'a pas empêché le service de diabétologie de l'hôpital de m'envoyer ce courrier:
"Madame, vos résultats de glycémie sont rassurants - ah parce qu'il y avait motif d'inquiétude ? - et une prise en charge en diabétologie n'est pas nécessaire - vous m'en voyez ravie - toutefois, un contrôle glycémique devra être effectué à 32 semaines d'aménhorée: une prise de sang à jeun, une autre deux heures après le début du petit déjeuner puis une troisième deux heures après le déjeuner".
Putain, heureusement que mes résultats sont rassurants parce que m'est avis que sinon, on me collait en quarantaine avec transfusion sanguine après chaque repas.
Enfin, la bonne nouvelle c'est que je n'ai pas d'albumine dans mes urines, ce qui m'a valu les félicitations de la sage-femme lors de mon dernier rendez-vous à l'hôpital. J'étais pas peu fière, je vais te dire. Gentil mon pipi, gentil.
En revanche, pour la tension ça n'était pas tip top et là, la sage-femme m'a fait les gros yeux. C'est bien connu que je le fais exprès d'être hyper tendue, que je lui ai balancé.
Bon, en fait, ça je l'ai dit dans ma tête parce qu'en vrai j'ai pas moufté, elle me fait trop peur. Limite j'ai demandé pardon pour ce dérapage et prié qu'au second test je sois dans les clous. Je ne te parle pas de la pesée pendant laquelle j'ai invoqué toutes les âmes du purgatoire pour que le chiffre s'arrête avant la dizaine fatidique.
Non, vraiment, y'en a qui se plaignent de la surmédicalisation de la grossesse, moi je trouve que ça va, tout ceci est très humain et jamais au grand jamais je n'ai l'impression d'être du bétail.
Juste, pour le prochain rendez-vous j'envisage un suivi psychologique.
Bon, en même temps, pour mes premiers lardons, j'étais suivie dans l'établissement le plus bobo de la capitale, celui où tu vas quand tu es apolitique de gauche et résidente des quartiers de l'est parisien. Et bien là, certes, j'ai pu faire du chant prénatal avant l'accouchement - une expérience aux confins du ridicule soit dit en passant - mais j'ai aussi été à deux doigts de perdre mes enfants rapport que les pédiatres, ils étaient aux abonnés absents pile au moment où mon fils était en détresse respiratoire. Donc tant pis pour le côté légèrement inhumain des grands centres hospitaliers, cette fois-ci je choisis la sécurité. En espérant qu'un 2 août ce mot ait un sens.
En fait, je fais un rêve, le rêve d'un monde où les hôpitaux seraient mieux lotis, auraient plus de moyens, où les sages-femmes auraient le temps de parler aux patientes au lieu de leur aboyer dessus parce qu'elles ont de la tension et où on ne serait pas obligées de se trimbaler avec son pipi dans les couloirs gris de la maternité en se faisant engueuler parce qu'il fallait le déposer porte 10 au deuxième étage et pas sur le guichet d'accueil. Je fais aussi un rêve d'un système hospitalier où les césariennes ne seraient pas plus rentables que les accouchements par voie basse, où on ne sauterait pas sur le ventre des parturiantes pour faire sortir le bébé plus vite, histoire de libérer la place pour la patiente suivante.
Ok, mon rêve il est complètement con vu que d'après ce que j'ai compris, on va surtout fermer des hôpitaux et que bientôt on aura tout intérêt à s'inscrire à la maternité AVANT d'avoir un rapport sexuel non protégé. Ou d'opter pour un accouchement à la roots chez toi et surtout toute seule.
Edit: Le dessin qui illustre ce billet est un nouveau cadeau, d'Emelie. Ce ventre est magnifique, les mains qui s'y posent aussi. Merci mille fois encore et promis j'essaie ce week-end de créer cette rubrique.