Alors aujourd'hui, foin de top five. Pas que ma vie ne soit remplie de rencontres incroyables, d'événements hors du commun qui vaillent le coup d'être immédiatement racontés, ou de péripéties hallucinantes, non non non, point de ça.
En même temps, quand tu es vissée sur ton canapé, va trouver des perles modesques à relater. Pas facile, je te le confirme ma mie. De pain.
Ok, mes neurones fondent au rythme de la dilatation de mon utérus.
Bref, puisque je suis donc comme qui dirait réduite à l'état de poule couveuse, je m'en vais te parler de mon pamplemousse qui forcément n'en est plus un ou alors sérieusement génétiquement modifié.
Oui, j'ai cette envie de te narrer de façon somme toute très spontanée ces petits bonheurs et tracas de la vie quotidienne d'une femme enceinte certes mais néanmoins femme.
Donc, voici au débotté, voire au pied levé, quelques éléments de ce voyage merveilleux vers l'inconnu qu'est la grossesse...
- Je passerai rapidement sur mon transit qui ne mérite même pas qu'on y fasse allusion puisqu'il est réduit au néant. Qu'on me rende des intestins, pitié.
- J'aimerais par ailleurs qu'on me remplace ce qui me sert soit disant d'estomac et qui met actuellement environ cinq heures à digérer un morceau de vieille mimolette - ma dernière folie. S'il pouvait par ailleurs cesser de fabriquer en quantités industrielles de l'acide chlorydrique ce serait merveilleux merci. J'ajouterai que la jeune donzelle qui semble avoir confondu cet organe vital avec un canapé est priée de dégager fissa sous peine de représailles imminentes.
- Je suis pour l'instant arrêtée et à priori jusqu'à délivrance du colis. En un sens c'est assez merveilleux, d'autant que je ne suis absolument pas angoissée à l'idée que ma remplaçante au demeurant charmante se révèle en mon absence une dangereuse voleuse de travail, un peu comme Mélanie Griffith réussit en deux coup de cuiller à pot à chiper la place ET le Harrison de Sigourney dans Working Girl. Ok, Sigourney s'était pété la cheville à Gstaadt. Ce qui n'a rien à voir avec le fait d'être enceinte. N'empêche que je n'y pense pas du tout donc aucun problème.
- Je n'ai plus de nausées. En revanche je ne tiens pas plus de deux minutes en position debout, sans avoir un malaise vagal. Je précise que vagal n'a rien à voir avec vaginal. Je sais c'est évident mais lorsque j'ai fait part de ce petit problème à Stéphane il a fallu le réanimer, il y a des mots qu'il ne faut pas employer devant les grandes actrices.
- Je découvre tout un tas de nouveaux examens que de mon temps - quand j'étais enceinte ET jeune - on ne pratiquait pas. Du genre le test du glucose, inventé probablement par un maniaque phobique de tout ce qui a un lien avec la grossesse: tu dois te trainer au labo à jeun, donc tôt - deux gros challenges en ce qui me concerne -, te faire prendre ton sang, puis t'enfiler un verre de deux litres environ de glucose et attendre ensuite deux heures sur une chaise que ton organisme assimile le shoot de sucre que tu viens de lui imposer pour finalement te refaire piquer, histoire de vérifier que ton sang n'a pas la même constitution que le sirop d'érable. Je n'ai pas encore les résultats mais en tous cas merci, mon organisme s'est bien exprimé, je suis tombée dans les pommes près de 10 minutes après l'épreuve du seau de glucose.
- J'observe avec ravissement l'aiguille de ma balance - qui certes me sous-pèse de CINQ kilos par rapport à celle de la clinique mais prend toutefois en compte mes variations de poids - qui persiste à stagner jour après jour. A peine cinq kilos depuis le début. Un record historique. En même temps, manger quand on n'a plus ni estomac, ni intestins, ça relève de l'inconscience urinaire.
- Malgré les apparences, je nage malgré tout dans le bonheur: je n'ai presque plus de poils. Mon dernier bouton remonte à cinq mois. Mes cheveux se lavent probablement tous seuls dans la nuit rapport que je peux tenir à l'aise quatre jours sans shampoing. Je n'ai plus à rentrer le ventre. En même temps ça vaut mieux, c'est sûr. Je ne fais plus la queue au supermarché. J'ai des orgasmes multidirectionnels.
Surtout, j'ai en moi une micro-fille qui se met à s'agiter dès que son père ce héros met la main sur mon ventre. Et qui s'arrête dès qu'il la retire. Ce qui forcément fait se gonfler d'orgueil - et se ratatiner d'amour - celui qui, il y a quelques jours encore prenait un air consterné pour annoncer que oui, malheureusement, encore une gonzesse. Moi je dis que cette petite nana en a déjà pas mal dans le ciboulot.