Hier, beaucoup d'entre vous ont écrit cette phrase: "de toutes façons on ne vient pas ici pour le contenant mais pour le contenu".
Et ces mots ont eu une résonnance très particulière. Ils m'ont renvoyé des années en arrière, lorsque je me haïssais tant et que je tentais de me persuader qu'une tête bien faite dans un corps loin de l'être c'était déjà pas si mal. Oui, des années durant, j'ai été convaincue que ce qui importait était ce qu'on avait à l'intérieur de soi. Que si les mecs n'étaient pas capables de voir plus loin que ma cellulite c'était qu'ils ne me méritaient pas.
Que si les profs n'avaient pas assez de profondeur pour tenter de passer outre ratures et écriture de cochon, c'est que j'étais trop bien pour eux.
Que certes mon bureau était en bordel mais ça ne signifiait pas que le travail était mal fait.
Bref, personnellement j'ai longtemps été un contenu sans contenant. Ou plus précisemment un contenu maltraitant son contenant détesté.
Et puis, constatant que ma théorie sur l'intérieur qui prime sur l'extérieur ne me valait que des gadins et pas beaucoup de patins, petit à petit, j'ai tenté de cirer un peu les meubles, de lustrer les murs, de rafraichir la tapisserie. Et là, oh miracle, il m'a semblé que mon contenu pouvait, éventuellement, sur un malentendu, attirer un peu plus l'attention.
Surtout, le fait de m'accorder le droit d'être AUSSI un simple contenant rendait mon contenu plus agréable, moins sûr de son fait, plus ouvert.
Et au fil des années, j'ai compris que je m'étais trompée. Que le corps ne peut pas être qu'une enveloppe sans importance censée abriter un esprit alerte. Que tout communique, que ce qui se passe à l'intérieur se voit réellement à l'extérieur.
Attention, ça ne veut pas dire que pour être quelqu'un de bien et d'attirant il faille nécessairement avoir la taille mannequin, les ongles impeccables et le chignon bien tiré. Mais en revanche je suis désormais convaincue que prendre soin de son contenant aide au bien être de son contenu.
Et c'est une femme qui ne voit plus ses pieds, qui constate jour après jour qu'en réalité elle pouvait tout à fait avoir plus de vergétures qu'elle n'en avait déjà, et qui - et c'est le pompon - commence, à deux mois d'accoucher, à avoir des fuites de lait qui vous dit cela. Une femme donc dont le contenu aurait un peu tendance actuellement à déborder sur le contenant...
Voilà, ce billet est un peu confus, mais je crois que ce que voulais exprimer c'est que l'idée que mes écrits vous importent plus que le design du blog me touche énormément. Toutefois, je suis convaincue que toutes ces petites choses apportées par BubbleCannelle dans ses bannières dessinées, par SouslesMots aujourd'hui, par Vincent avec ces innovations, etc etc rendent la lecture plus aisée et m'inspirent également.
Je voulais aussi vous dire que s'accorder un regard bienveillant et attentionné même s'il s'agit de nos ongles de pied peut éventuellement nous aider à mieux penser.
Non ?
Edit: Souslesmots s'appelle Solange Bellet et elle sculpte. Quelques unes de ses oeuvres sont désormais exposées dans une galerie virtuelle ici (allez dans la case artiste et cliquez sur son nom de famille). En ce qui me concerne j'aime beaucoup sa sculpture nommée "Âme". Et je crois que ce mot clotûre bien le billet. D'ailleurs c'est la belle image qui illustre ce post.