Comme promis je reviens cinq minutes sur cette histoire de baby blues.
Je sais, faudrait peut-être penser à parler d'autres choses que de bébé, hormones, allaitement ou grossesse. En même temps, que veux-tu, tout ça c'est ma vie en ce moment, je te mentirais si je te racontais que j'écume les endroits trendy parisiens tous les soirs. Même pas je me rends aux invitations envoyées aux filles de l'internana histoire de me faire rincer à l'oeil tout en étant manucurée gratis.
Bref, à part une escapade chez le coiffeur que je te narrerai c'est promis - tu notes comme c'est moche le verbe narrer au futur ? - je n'ai pas moult sujets de conversation.
Du coup, j'exploite à fond le filon de la période post-gestation.
Et je te parle du baby blues.
Donc dans les films, le baby blues, c'est trois minutes de larmes à la maternité sur un visage évidemment maquillé, un gros calin du chéri, un zoom sur le nouveau-né qui a donc en vrai six mois et une tête de top-model et on n'en parle plus.
Bon alors tu te doutes qu'en réalité, c'est légèrement plus gore.
Oui, dans la vraie vie qu'on a, le baby blues, c'est trois jours MINIMUM de chouineries morveuses sur sur fond de teint brouillé. Au premier sanglot, le chéri qui a vu les fameux films te fait le gros calin et te trouve même attendrissante. Au second, il recommence mais un peu moins convaincu rapport que dans les films justement ça ne dure que trois minutes donc bon, faudrait voir à ce que ça s'arrête. Le troisième jour il tente enfin un trèèèèèès malvenu "enfin je ne comprends pas, ce bébé tu le voulais, non ? Alors pourquoi tu pleures ?". Ou dans un tout autre genre mais malvenu également: "Tu sais ce qui te ferait du bien ? Une bonne fellation".
En général, un regard suffit pour qu'il comprenne que la gâterie n'est pas pour demain. En revanche, pour ce qui est de savoir POURQUOI tu pleures, ben justement, tu ne sais pas. Enfin, si, là, tout de suite, tu pleures parce que le ficus perd ses feuilles. Et que tu ne t'en étais pas rendu compte jusqu'à maintenant mais en fait tu l'adorais, ce ficus. Il y a cinq minutes, c'était parce que ton mec est parti acheter le pain. Et que si ça se trouve il en profite pour téléphoner à sa maitresse. Voire il ne reviendra pas. Vu que tu es tout de même repoussante à souhait. Et tout à l'heure, c'était à cause du coca qui ne piquait plus. En plus, poupette a de l'acné et à tous les coups c'est incurable.
Et pour répondre à la question, oui ce bébé tu le voulais. Enfin, tu crois. Ou tu croyais. Mais finalement, tu te demande s'il ne serait pas plus sage de le rendre. Parce que tu ne va pas y arriver. Ah et ta cicatrice qui ne te faisait pas si mal à l'hôpital, elle te tire que c'en est inhumain. Sans compter que tu es défigurée du ventre. Et que tu as oublié d'acheter du sopalin, bouuuuuuuh... Et pas la peine de dire que ça n'a aucun rapport, il se trouve que tu le sais.
Bref, voilà, le baby blues, ça te choppe, ça te serre, ça te rend complètement incohérente et à part attendre que ça passe - et éloigner tous les indésirables, (au choix: belle mère, expert(e) en lait maternisé qui t'explique que l'allaitement c'est une vaste connerie, cousine qui a accouché après toi et qui met déjà son slim, etc etc etc ), il n'y a rien à faire.
Hormonal. Oui, c'est hormonal.
Qouiqu'à mon avis, pas que.
Je pense en effet que le baby blues, c'est un mal nécessaire, une sorte de deuil de ces neuf mois qui même s'ils n'ont pas toujours été merveilleux sont une parenthèse enchantée qu'il faut refermer. Il n'empêche que si tu n'es pas prévenue, tu peux rapidement paniquer. Non parce que pleurer toutes les larmes de son corps parce qu'on a fait tomber sa terracota - qu'en plus y'en avait plus - ou parce que bébé a le hoquet, c'est VRAIMENT paniquant.