Alors voilà, c'est la rentrée. Enfin, celle de l'homme et des
enfants, parce que moi j'ai encore quelques semaines de sursis, vive le
troisième enfant qui te donne droit non seulement à un rab de congé mat
mais aussi à DEUX demi-parts aux impôts, une rallonge aux allocs, la
carte famille nombreuse - dans ta face la SNCF - ET la carte Paris
Famille qu'avec tu payes plus à la pistoche.
Sérieux, qu'est-ce que vous attendez pour procréer, hein ?
Bon, en même temps, faut pas se voiler la face, y'a quelques inconvénients. Genre que prendre un taxi te coûte la bagatelle de 25 euros même pour faire douze mètres, rapport au déménagement qu'occasionne le moindre déplacement et au supplément 5ème personne à l'avant. Ou encore, au resto on te colle systématiquement au fond vers les chiottes, là où tu peux loger ta poussette et où tu ne risqueras pas d'incommoder l'aimable clientèle (dont tu faisais partie y'a peu, faut le reconnaitre).
Oui, je veux dire par là qu'avec trois marmots dans un lieu public, t'es plus aimable. En tous cas pas pour les autres, sorry.
Je passe sur les matinées qui te semblent durer deux jours, vu qu'à 8h t'es habillée, ton nouveau-né lavé et nourri et que tu réalises qu'il va falloir trouver des activités pendant les quatre heures qui viennent avant qu'il soit midi. Sachant qu'à trois semaines un bébé voit à peine les silhouettes et encore et parvient une fois sur cent à mettre son pouce dans sa bouche. Après il dort, vu la dépense énergétique qu'un tel effort a demandé. Visualise donc un peu la nature des activités. Le délire.
Enfin au moins, quand tu donnes la vie, tu découvres que les week-end aussi y'a un matin et ça c'est un truc de fou.
Je t'entends, toi, là bas. Tu te dis que tout de même, j'en avais déjà deux et que donc je ne suis pas née du dernier crachin parisien. Et qu'en gros je devais bien m'y attendre à être debout dès potron minou. Ben non. Et en même temps, si.
D'abord ça fait huit ans, alors permets-moi de te dire que ça date. Ensuite, j'ai engendré deux graines de patachons qui depuis l'âge de trois ans font la grasse. Et comme je te rappelle que je suis une sacrée mère indigne, j'ai pris l'habitude assez rapidement de roupiller les samedi et dimanche pendant que mes rejetons vivent leur vie. Même que parfois je fais des tas d'autres choses dans mon plumard.
Alors t'imagines pas comme ça me fait bizarre de devoir mettre à nouveau un pied par terre avant dix heures.
Voilà, à part ça les vacances se sont bien passées, miss Pink a trouvé sa place dans la famille, place qui se situe soit sur l'avant-bras droit de son père, soit sur mon sein gauche - tu vois pas qu'elle va finir par voter Bayrou en plus de me niquer mes matinées ? - et s'est tenue comme une femme du monde dans le TGV (= a beaucoup fait caca mais n'a pas pleuré, bruit ou odeur, faut choisir, au moins l'odeur tu peux toujours faire comme si ça ne venait pas de ton couffin).
Sinon, je me trouve hyper zen, je vis ma nouvelle maternité finger in the noze, avec une maitrise de moi même et de mes angoisses qui te ferait palir. Genre en dix jours, j'ai seulement téléphoné deux fois au Samu. En plus la deuxième c'était juste pour connaitre les coordonnées du médecin de garde au cas où, rapport que tout de même je trouvais que mon bébé dormait beaucoup. La première, excuse moi mais elle avait régurgité. Alors bon.
Ah, il est loin le temps où je dérangeais paniquée la pédiatre sur son portable un premier mai après avoir découvert dans la couche de mon fils une crotte bicolore...
Verte et jaune. C'est pas effrayant ça quand même ?
Mieux, j'ai eu un début d'engorgement du sein gauche - oui, celui là même - et même si bien évidemment je suis allée voir un médecin un dimanche soir à 40 bornes de mon lieu de villégiature, j'ai finalement décidé de ne pas prendre la batterie d'antibiotiques qu'il m'avait prescrit, préférant avoir recours aux bonnes vieilles méthodes de grand-mère pour remédier à un tel problème.
Je sens que t'es curieuse, là, hein ? Mais de quelles méthodes de grand-mère parle-t-elle donc, que tu te demandasses, n'est-ce passe ?
Ben un engorgement, c'est comme un bouchon, tu vois ?
En l'occurence, merci la mer à 18° dans le golfe du Lion. La froideur, ça a comme qui dirait congelé un des canaux lactifères de mon nichon dis-donc.
Bref, je vais pas te faire un dessin, pour que ton sein il ne se mette pas à être aussi congestionné que Jean-Pierre Castaldi, faut le vider. Et comment que tu fais quand t'as pas de tire-lait et qu'on est dimanche soir en août dans un endroit plein de boites de nuits mais fort dépourvu en pharmacies ?
Et bien je te le donne en mille: tu utilises les forces vives en remerciant le ciel qu'elles n'aient pas encore été envoyées se battre à Islamabad.
Et ensuite tu supportes tant bien que mal l'air victorieux et fier de lui de la force vive en question qui se vante un peu partout d'avoir vaincu l'engorgement tout seul comme un grand.