Un mois. Un mois et quatre jours plus exactement.
L'heure d'un premier bilan.
Je te rassure de suite, la nullipare de passage allergique aux histoires de couches, je ne ferai pas non plus tous les mois des billets pour te parler du fruit de mes entrailles. Ou peut-être que si, va savoir...
Allez, pour ceusses que ça intéresse, voici quelques enseignements de ces 35 jours dans la peau d'une mère de famille nombreuse (spécial dédicace à ClaireMM)...
- Les cheveux, loin de tomber, poussent toujours à la verticale sur le dessus de la tête. Sur les tempes en revanche ça se dégarnit très nettement. Dans le cou, non. Desireless n'est pas morte, Jeanne Mas non plus. Encore quelques mois et elle mettra des pantalons carotte.
- On recense deux A-Heu prononcés à son papa. Un honneur qui compense selon lui les cacas systématiquement largués sur la table à langer à l'instant même où la douce enfant se retrouve cul-nu. Sachant qu'un caca de bébé allaité a la consistance - et la couleur - de la moutarde à l'ancienne. Et que compte-tenu de l'exceptionnelle tonicité des sphincters de poupette, l'homme doit en général non seulement changer intégralement son petit trésor mais aussi son tee-shirt.
- En même temps, moi elle m'a fait le coup sur la balance du médecin avec pipi en prime histoire de diluer le tout. Très sympa, de nettoyer les tiroirs du meuble sur lequel tout cela a gentiment dégouliné sous l'oeil atterré de la jeune remplaçante de mon médecin de famille. Alors bon. Egalité. Et même pas un putain de A-Heu pour faire passer la pilule.
- Les deux grands, qui semblent avoir pris dix ans en un mois et dont les mains et les pieds sont à proprement parler gigantesques - je m'attends à voir de la barbe pousser sur le menton de mon fils d'un jour à l'autre - sont littéralement sous le charme et passent un temps considérable à bercer leur petite soeur tout en chantant - faux - tout un tas de chansons douces. Parfois c'est aussi "Parle à ma main". Et ça marche très bien.
- Ma fille ainée ne montre aucun signe de jalousie. En revanche elle explique à qui veut l'entendre - à son frère, mais aussi à ses copines qui le répètent ensuite à leur mère qui elles même le disent à leur copines, etc etc etc - que "sa maman ne l'aime plus comme avant mais que c'est normal". Elle claque aussi fréquemment la porte et lève les yeux au ciel dès que je parle. Bref, elle prend très bien la chose.
- On déplore la disparition de notre vie sexuelle. On pense publier un avis de recherche mais sans grand espoir de la retrouver. Elle s'est probablement réfugiée dans une maison sans coussinets d'allaitement, régurgitations, coliques du nourrisson, tétées nocturnes, sacs à couches et autres crèmes pour les fesses qui puent la morue.
- Je mets toujours mes culottes de grossesse. Ceci pouvant également expliquer cela. Ou l'inverse.
- La maison est sens dessus dessous, sauf le jour du passage de la femme de ménage. Ou plutôt sauf les deux heures qui suivent son passage. Picard est en train de voir son chiffre d'affaires exploser en même temps que celui du thai d'à côté. Les enfants se lavent quand ça leur chante et n'ont subi aucune inspection du cuir chevelu depuis cinq semaines ce qui signifie donc qu'ils sont probablement en train d'infester tout le quartier chinois.
- Je n'enfile à ce jour au prix d'efforts titanesques qu'un seul jean acheté par erreur chez Gap l'année dernière deux tailles au dessus de la mienne. Un coup de génie qui m'a probablement permis d'éviter la dépression post-natale.
- Le reste du temps, quand le jean est sale, je remercie l'inventeur du legging.
- Quand elle se réveille le matin, Rose porte extrèmement mal son prénom. Pourtant, il suffit qu'elle ouvre ses yeux en amandes et pose sur nous son regard d'une douceur infinie pour qu'au fond de mon ventre je les retrouve. Les vagues. Alors il ne subsiste qu'une sensation de plénitude et tout le reste n'a plus d'importance...