Oui, parfaitement, I'm an old routarde de la maternité. Non seulement parce que tout de même j'ai presque tuit'ans mais aussi parce que j'ai pondu il y a huit ans de ça deux jumeaux dizygotes prématurés. Et ça je peux te dire, ça te pose là comme vieille routarde de la maternité.
Et comment te dire...
Pour number three, je suis détendue du périnée - que j'ai drôlement musclé je te rappelle - comme t'as pas idée.
Non mais sans rire.
Genre. Pour les premiers, j'étais capable de me mettre la cervelle en ébullition pour tenter de trouver LA réponse à LA question de toute primipare légèrement flippée: On change la couche AVANT ou APRES la tétée ? Non parce qu'avant, en général, y'a rien dedans vu que choupinou lache ses sphincters une fois son biberon avalé. Alors après ? Ah ben non, après, y'a moyen de faire repartir le repas direct dans l'autre sens. En plus, une fois sur deux, il DORT choupinou, après. Et ça serait dommage quand même, non, de le réveiller ? SI.
Aujourd'hui, je te rassure, je n'ai à l'heure actuelle toujours pas de réponse. En fait j'ai deux principes. Quand elle dort, je suis prête à tuer à main nue toute personne qui aurait des vélléités de la réveiller sous prétexte qu'une odeur pas catholique sort de sa couche.
Le deuxième principe ?
Heu... Si ça pue et qu'elle n'est pas endormie, je change.
Je sais, ça semble couler de source.
N'empêche que va demander à une jeune mère de moins de tuit' ans qui vient de mettre au monde son premier choupinou. Tu verras si elle n'a pas une théorie fumeuse sur the right time pour changer la couche.
Autre exemple, les quantités ingérées par choupinou.
Pour les premiers, c'était la question obsessionnelle, le toc absolu. On se croisait la nuit avec l'homme, hagards, ne sachant même plus qui de l'un ou de l'une était dans nos bras et les seuls mots qui franchissaient nos lèvres c'était: "Combien il/elle a pris ?".
Autant te dire que si le chiffre annoncé était de 20 ml en deça de la quantité normalement ingérée, y'avait panique en la demeure. Alors au moment de poser la question, on était en suspense tu n'imagines pas.
Aujourd'hui, bon, j'allaite encore. Oui, je sais, je prévois d'aller aux AA (allaitantes anonymes). Mais comme malgré tout, et en dépit d'un enthousiasme dont tu as pu être témoin sur ce blog, je reprends le boulot le 5 janvier, je donne quelques biberons.
Et elle boit... Ce qu'elle boit.
Même pas je regarde.
Bon faut dire que la demoiselle a comme qui dirait quelques réserves.
Il n'empêche que j'ai aussi le karma de la vieille routarde de la maternité. Et que je SAIS. Je SAIS qu'un enfant ne se laisse JAMAIS mourir de faim. Et que ce qu'elle ne prend pas à 16 heures, elle le prend plus tard. Ou demain.
Autre exemple ?
Le bain.
T'as déjà été en visite chez un couple de primipares à l'heure du bain de choupinou ?
Bon.
Les préparatifs du défilé du 14 juillet c'est peanuts à côté.
Et vas-y que l'un regarde l'heure - très important l'heure, d'ailleurs, matin ou soir le bain ? Rahhhhh - et vas-y que l'autre prépare tout comme il faut, et vas-y qu'on déshabille l'enfant jésus, et vas-y qu'on vérifie que le termomètre indique bien un 37° clair et net, et vas-y qu'on re-check la température avec le coude parce que la main tu comprends, ce n'est pas fiable, et vas-y qu'on savonne l'enfant AVANT de le mettre dans l'eau sinon on ne lave pas comme il faut - bon ça moi j'ai vite arrêté même pour les premiers, personnellement tenir correctement une savonnette vivante j'ai jamais pu - et vas-y que l'un chante une chanson pendant que l'autre rince amoureusement l'enfant... Je continue ?
Bon.
La vieille routarde de la maternité a trouvé THE solution pour que le bain ne soit... qu'un bain.
Elle utilise le capital humain à sa disposition.
Ses aînés.
Elle les fait entrer en premier dans l'eau et leur demande si c'est trop ou pas assez chaud. Ensuite, elle leur colle helmut dans les bras, savonne comme elle peut ce qui dépasse de l'eau, vacque à ses occupations dans la salle de bain (= triture ses boutons ou épile un sourcil) puis ressort le bébé quand l'aîné(e) commence à se plaindre d'avoir froid.
Les jours où elle a la flemme, la routarde de la maternité applique son principe n°3: l'enfant ne meurt pas s'il n'est pas lavé tous les jours.
Et tout est à l'avenant. Le premier, s'il ne dort pas, tu te poses douze mille questions. A-t-il faim, a-t-il mal aux dents, a-t-il du reflux, est-il angoissé ? Faut-il le prendre dans ton lit, vas-tu le transformer en monstre dépendant si justement tu le prends dans ton lit ? Ta vie de couple va-t-elle être sacrifiée dans ce cas ?
La vieille routarde ne cherche plus les réponses. Parce qu'elle sait que neuf fois sur dix, un enfant ne dort pas parce que...
Parce que.
Et c'est tout.
Alors quand elle a la vague impression que ça pourrait être les dents, elle colle un suppo de doliprane, parce que si ça ne lui fait pas du bien, ça ne lui fera pas du mal. Et elle le prend dans son lit si ça le fait dormir. Parce qu'elle sait que le manque de sommeil la transforme en harpie. Et que ça, oui, c'est l'aller simple vers la crise conjugale.
Bref, la vieille routarde de la maternité c'est le dalaï lama sous lexomil, en gros.
Ce qui ne l'empêche pas d'être rincée, épuisée, dynamitée.
Mais néanmoins zen. Parce que résignée. Elle SAIT. Elle sait que les trois premières années, de toutes façons, c'est un jour avec, un jour sans. Et qu'à un moment ou à un autre, choupinou devient grand, mange seul, fait pipi sur le pot, jette sa tétine et surtout, surtout... parle.
Ce jour là, la vieille routarde de la maternité pourra enfin comprendre pourquoi l'enfant ne dort pas.
Et elle sera bien avancée, tiens.
Edit: Ce post est un peu décousu parce qu'en tapant, à un moment, je ne sais pas quand, j'ai réussi l'exploit de transformer mon clavier azerty en qwerty. J'aurais voulu le faire que ça m'aurait pris un mois. Autant te dire que ça m'a pris à peu près ça de réparer ma connerie.Pour info, c'est Altgr/shift en même temps.
Edit2: La photo a été prise par Anne-so qui a immortalisé l'iroquoise de bien belle façon. On peut remarquer que la routarde de la maternité ne sait toujours pas couper les ongles de sa fille. Ni les rendre impeccable. Et elle s'en fout.