Pendant des années, de mes 17 ans environ à mes 30 ans à peu près, dès que le mois de décembre approchait, l'angoisse montait en moi.
Qu'est-ce que j'allais faire au 31 décembre.
Où c'est que la fête serait la mieux. A qui dire oui tout en étant sûre qu'une autre proposition plus alléchante ne se ferait pas connaître juste après.
Comment être certaine de ne pas être sur la touche ce soir là.
L'obsession était totale. Il fallait que cette soirée soit d'enfer, il fallait pouvoir ensuite la raconter aux moins chanceux en ne lésinant pas sur les "qu'est-ce qu'on a picolé", "on a dansé jusqu'à pas d'heure c'était dément", "plus d'une bouteille de champ' par personne, t'imagines ?" etc, etc, etc.
Ben ouais, jusqu'à mes 30 ans environ, j'ai été une pétasse du nouvel an.
Totalement sous pression sociale saint-sylvestresque.
Et encore, ça s'est tout de même calmé après que j'ai rencontré l'homme, vers mes 25 ans, parce qu'en plus, avant, j'attendais pathétiquement les douze coups de minuit pour embrasser un max de garçons, la tradition chez mes amis d'alors étant de se smacker pour la nouvelle année.
Genre la fille qui avait l'occase une fois par an d'éventuellement rouler un patin.
J'exagère mais pas tant que ça.
Et puis depuis quelques années, je suis trop détendue du réveillon que c'en est suspect.
Et je me dis que ça doit être ça la sagesse. Ne plus se stresser pour cette soirée. Voire même envisager sans trembler de honte de la passer devant un film en lovers, ou toute seule, en total freestyle de la fille qui dit merde au conformisme du réveillon.
Oui, ça doit être la sagesse. Ou alors cette zénitude est juste due à la chance merveilleuse et incroyable d'avoir une petite dizaine d'amis inébranlables et infaillibles avec lesquels, chaque année, on fait le décompte à minuit, on danse sur des musiques démodées ou pas et on s'embrasse avec fougue quand l'heure est venue. En se couchant parfois juste après parce qu'on se fait vieux, merde.
Il n'empêche que voilà, moi je l'aime ce moment où on fait la bascule, cette page blanche qu'on nous tend, cette impression sans doute illusoire qu'il y a des tonnes de possibles.
Alors je vous souhaite une soirée douce ou agitée, des baisers langoureux, des films champagne, des cigarettes qu'on allume pour la dernière fois c'est promis, des 4, 3, 2, 1, zéro et Bonne année qui pètent et claquent comme ces portes qu'on referme pour toujours, laissant derrière nous ce qui ne sera plus.
Et en ce nouvel an, j'en profite pour vous redire merci. De me suivre, de cette présence virtuelle depuis trois années déjà. Merci pour cette communauté qui s'est créée, pour ces mots pleins de poésie que vous laissez ici quotidiennement. Merci pour ces conversations de balcons à balcons, pour ces empoignades et ces altercations, merci du fond du coeur.
Pour l'instant, on continue.
Si vous le voulez bien, évidement.