Bref, mon body et moi on a jamais été en bluetooth (special tribute too Gad Elmaleh) mais là, y'a carrément plus de réseau, les ondes sont brouillées à jamais, pour continuer dans la méthaphore.
Pourquoi je te dis ça ? Parce que cette semaine, après m'être pour la énième fois réveillée avec la ferme intention de ne pas ingurgiter quoi que ce soit qui ne fasse pas partie de la famille des légumes pendant les dix années à venir et avoir finalement craqué deux minutes plus tard sur le pain beurré, ayant ainsi la confirmation de mon absence totale de volonté (partie à la Barbade avec cette garce d'estime de soi et cette salope de mademoiselle harmonie), j'ai eu l'agréable surprise de me voir complimentée à mon arrivée au bureau par une collègue.
Tu sais, ce genre de petit compliment qui ne mange pas de pain, qui ne coûte rien à celle qui le fait et qui rend celle qui le reçoit aussi heureuse que le jour où Samuel, 1ère B, est venu lui taxer une clope avec le sourire. Ce qui, toutes les looseuses de l'amour le savent, était immédiatement interprété comme les prémices d'une grande histoire.
Qu'est-ce qu'elle m'a dit ma collègue adorée que j'aime ?
"Quelle bonne mine ! Et puis ce rouge à lèvres, ouah, c'est fou comme ça te va bien"
Ouais, d'accord, on s'emballe pour pas grand chose. Faute de grives on mange des merles, tu sais. Mais quand même, trois minutes après, même genre de réflexion de la part de ma deuxième copine du travail. Puis regard appuyé de grand chef.
Tout ça pour une bouche plus rouge que d'habitude.
Un geste de trois secondes effectué dans le tram après avoir remis la main par hasard sur ce vieux tube de gloss lancôme au fond de mon sac.
Un rien du tout. Un non événement.
Qui m'a donné l'impression d'être Scarlett Johansson toute la journée.
Ah mais tu peux te marrer si tu veux ma chérie. Il n'empêche que c'est la pure vérité. Il m'a semblé que le wifi était reconnecté entre mon esprit et mon body, tout ça par la grace d'un peu de couleur sur mes lèvres. Et je t'assure que ce n'était même pas le fruit de mon imagination.
Conclusion: être belle n'est pas donné à tout le monde. Mais s'autoriser à jouer à la belle, si. Et certains détails permettent parfois de cacher l'énormité de nos complexes. Je pense à des ongles peints, à un soutien-gorge neuf et outrageusement sexy, à des talons de plus de 5 centimètres ou même à un string dont personne ne peut savoir qu'on le porte mais qui nous fait marcher autrement et qui pourtant fait grimper notre température intérieure. Et extérieure par le même coup.
C'était ma leçon de vie. Qui peut se résumer ainsi: ce n'est pas parce que tu n'as pas tout les atouts en main qu'il faut baisser les bras.
Bonsoir.