Bon. Cet article de Femme actuelle sur la vraie vie de notre première dame qu'on a. Et la vidéo qui va avec. Juré, je ne voulais pas en parler. Parce qu'en parler, finalement, c'est diffuser. Propager le bruit. Beaucoup de bruit pour rien, d'ailleurs, comme dirait William. Mais voilà, pas ma faute, ma mère a laissé l'objet du crime dans mes toualettes, parce que ma mère elle lit Femme actuelle dans le train quand elle vient à Paris.
Et forcément, tout en posant ma pêche, bien moulée, merci, Alli ne passera pas par moi, j'ai jeté un oeil.
Mazette.
Ouah. Un sacerdoce, quoi.
A part ça, elle n'oublie pas d'être une artiste. Et quand elle a besoin de s'isoler, elle se met par terre dans la salle de bain de l'Elysée, pour composer. On connaissait la musique de chambre, Carla invente la chanson de douche.
Sinon, l'article nous permet d'en apprendre de bonnes, comme par exemple que dans les mini sacs que notre Emily Dickinson nationale se trimballe à l'occasion des raouts présidentiels, y'a rien de rien. Pas même un tampax. En même temps, c'est sûr, Carlita n'a sûrement pas besoin d'avoir dans son cabas, au choix, un vieux paquet de lingettes au cas où, un flacon de désinfectant qui s'est renversé dans le fond et laissant une grosse tache bien décolorée sur la doublure, des cartes de visites qu'on ne trouve jamais au moment où il convient d'en refiler - par contre, la carte de fidélité body-minute que pour douze maillots brésiliens t'en a un gratos, elle répond toujours présent elle, et la dernière fois, le mec supra-important à qui tu l'as donnée à la place de ta business card a vraiment apprécié, merci - une tuut dégueu pour les moments de crise dans les endroits publics que tu nettoies en général en la collant dans ta bouche à toi, un tampax parce que toi t'es pas une fée et que tu as donc tes règles, un passeport en général périmé, un calepin pour noter tes idées dont une seule page est noircie... par pupuce un jour d'attente chez le dentiste, un quignon de pain prémaché que t'as pas jeté au cas où la tuut se ferait la malle avec le tampax, merci les aukazou, grâce à eux ton sac s'est choppé un staphylocoque doré, au prix du Marc Jacob, génial.
Bref, le jour où je me baladerai avec un sac vide juste pour la déco, c'est que j'aurai épousé Nicolas Sarkozy.
Tu me diras, le jour où j'écrirai mes billets à même le carrelage de ma douche pendant que loulou rencontrera le premier ministre irakien - "génial !" - je risque de sacrément regretter mon sac contaminé.
Bah, moi je dis, merci Femme actuelle en tous cas, on s'ennuyait sec avec toutes ces mauvaises nouvelles venues du vrai monde, celui dans lequel entre le moment où l'enfant entre dans son école et celui où il en sort, les femmes courent dans le métro, bossent en priant pour que le doliprane enfoncé à 7h50 dans la lune de chouchou fasse son boulot jusqu'à 16h30, mangent un sandwich au plastique qui leur fera prendre un kilo, se font moisir par grand chef parce qu'elles ont oublié de traiter le dossier xx67 comme prévu, repartent en courant, appellent la baby-sitter pour lui demander de mettre de l'eau à bouillir, jettent 500 g de coquillettes dans la casserole en arrivant, checkent les devoirs, pansent les plaies, écoutent les histoires interminables de la cour de récré tout en avalant compulsivement les pâtes au gruyères trop cuite because drame dans le bain pendant la cuisson, départagent les deux aînés qui en sont venus aux mains pour une histoire de chargeur de DS perdu, couchent tout le monde, trouvent le temps d'avoir envie de faire l'amour et s'endorment en priant pour que cette nuit la dernière fasse l'impasse sur son repas de 4h du mat.
Tout ça sur fond, donc, de crise économique, d'angoisse de perdre son job si pupuce trouve le moyen de nous faire une douzième otite en trois semaines.
C'est dire si on avait besoin d'un peu de rose, d'amour, de pelotage de fesses présidentielles, de "be brave my little chouchou", de"attends, t'as un loulou dans l'oeil, je te l'enlève, c'est mieux pour voir ton pote irakien".
Oui, merci Femme actuelle, de nous endormir avec la vie d'une femme qui est tout sauf actuelle. Le pire, c'est que personnellement, je ne l'envie pas une seconde, madame aux sacs à mains décoratifs. Je ne sais pas, je nous sens, nous les femmes aux cabas contagieux plus... vivantes.
Je termine sans résister à l'envie de vous soumettre ce dialogue bergmanien tiré du dernier épisode de "Carla et le garçon", la nouvelle série produite par AB Elysée:
"- Allez, je te laisse ma chérie, je vais rencontrer le premier ministre irakien.
- Génial !"
Génial, en effet.