Bon, donc c'est Cannes. Qui dit Cannes, dit cinéma. Je ne vais pas vous raconter de craques, le cinoche en ce moment c'est un peu comme l'épilation, la manucure ou faire du sexe.
Du luxe, quoi.
Mais comme tout arrive, la semaine dernière, les éléments étaient avec nous, la baby-sitter surtout, à vrai dire. Et nous avons bravé l'impossible, à savoir la fatigue, le risque de voir une merde qui nous coûtera au bas mot 4000 dollars et le chantage affectif d'enfants qui ne semblent absolument pas profiter de notre présence lorsqu'elle leur est offerte mais qui font mine de pouvoir mourir de chagrin quand leurs parents entrevoient quelques heures de plaisir.
Après s'être plantés dans l'heure de la séance - "tain, je te jure, sur internet c'était marqué 20h50", "ouais ben là c'est 20h05, pas photo mon gars", "font chier, internet", "ouais, fais chier ta dislexie des chiffres surtout, hein", "ah ouais, je vois, c'est ma faute" - on a finalement posé nos fondements sur les confortables sièges pour amoureux du MK2 Bibliothèque.
Et on a vu un petit film du genre sans prétention qui nous a drôlement plu. "Romaine par moins 30". Avec Sandrine Kiberlain qui signe un de ses rôles les plus drôles. C'est frais - moins 30, je ne sais pas ce qu'il te faut -, c'est poétique, c'est loufoque, c'est même émouvant.
Le pitch ? Un fiancé fait une surprise à sa chérie qui déteste ça. Les surprises. Il l'emmène à Montréal pour passer Noël. Alors qu'elle ne supporte pas le froid. Dans l'avion - qu'elle n'aime pas des masses non plus - elle entend l'hôtesse prier dans les toilettes pour que l'atterrissage se passe bien malgré le blocage des roues. Terrifiée, elle se lache grave auprès de son fiancé en le suppliant de lui faire l'amour pour qu'elle puisse au moins une fois jouir avec lui, rapport que depuis cinq ans, nada.
Vous vous en doutez, l'avion ne se crashera pas, l'hôtesse est en réalité totalement phobique des atterrissages, ce qui pose un léger problème. Par contre, le gentil fiancé a du mal à avaler la pilule de la confession near from the death et plaque Romaine à l'aéroport.
Voilà, la suite je vous laisse la découvrir, sans rire c'est vraiment bien, pas le chef d'oeuvre du siècle mais derrière une apparente légereté, il y a toute une réflexion sur le désir, le plaisir, l'indépendance et plus encore. Et puis Montréal sous la neige, ça fait rêver, beaucoup.