Il y a quelques jours je suis allée chez le coiffeur. Avec la ferme intention de demander un carré plongeant. Deux mois que je disais à tout le monde d'ailleurs, "la prochaine fois que je vais chez coiffirst, j'exige un carré plongeant histoire que ça se voie que j'y suis allée. C'est bien le moins vu ce qu'ils me prennent pour la coupe + le vernissage (attends, si tu demandes un balayage chez coiffirst t'as l'air aussi con que quand tu dis que tu portes des bottines ou un caleçon. En vrai je te rassure c'est la même chose, même odeur, même texture éclaircissante, mêmes produits responsables du changement de sexe des poissons. Sauf que c'est un vernissage. Pareil, là bas on ne te donne pas des conseils pour ta coupe mais on te fait un diagnostic cheveux. Il va enfin de soi que ce n'est pas une coiffeuse qui s'occupe de toi mais une hair stylist, ou une colour technician.)
Bref, j'avais une idée assez précise de ce que je voulais. Et elle n'était pas née celle qui allait me fourguer son dégradé. D'autant que si par le passé j'ai pu être assez malléable, là, je ne sais pas, peut-être est-ce grâce à ma thérapie mais je sens un changement en profondeur de mon moi profond. Et ce dernier sait ce qui veut, et, plus important encore, sait le dire.
Que je pensais.
Parce qu'une fois arrivée, ça a donné ça.
La coiffeuse: Bonjour madame, je suis Nora, bienvenue, je suis votre hair stylist manager c'est moi qui vais m'occuper de vous, pour la coupe et le vernissage étant donné que je suis également colour technician. Avant de commencer, vous avez une petite idée de ce que vous voulez ?
Moi, main dans la main avec mon moi profond : oui, je voudrais un carré plong...
La coiffeuse: mmm... (le genre de "mmm" qui fait se carapater direct mon moi profond qui sait ce qu'il veut et surtout qui sait le dire)
Moi : Je... heu... vous ne... non c'est parce que la dernière fois votre collègue m'en a fait un et je... enfin, vous trouvez que... non ?
La coiffeuse, assise confortablement sur mon moi profond : Ecoutez, il va de soi que je suis là pour satisfaire les désirs de ma cliente, mais si vous me permettez, je suis visagiste professionnelle et j'ai pour habitude de travailler le cheveu (= couper en langage coiffirst) en fonction de la morphologie. Le carré plongeant va tirer votre visage vers le bas, je peux vous le garantir. Et puis vous en avez trop eu des carrés plongeants, ça suffit. (première fois que je voyais cette personne, ndla). Non, on va être plus créatifs, aujourd'hui. Je vois une coupe plus allégée, qui va redynamiser tout ça, du volume sur les racines, de la souplesse sur les pointes grâce à un dégradé que je vais sculpter sur cheveux secs.
Moi (en train de visualiser mon menton trainant par terre à cause du carré plongeant): D...d'accord.
Le moins qu'on puisse dire c'est que Nora a tenu sa promesse.
Elle a été très créative.
Pas un seul de mes cheveux n'a la même longueur que l'autre. Inutile de préciser que je suis repartie en me confondant en remerciements et félicitations. Ensuite je suis allée chez Sthorer, en face du salon Coiffirst, m'acheter un éclair au chocolat et six mini-canelés. Que j'ai mangés en pleurant la mort de mon carré plongeant ET de mon moi profond.
Après ma thérapie chez Zermati, je suis preneuse d'un spécialiste du Non.
Edit: Une fois rentrée, mon cher et doux à qui je n'avais - pour une fois - absolument pas confié mon désarroi, m'a spontanément rassurée: "Non, mais attends, tu es très bien, je t'assure."
Puis, emporté dans son élan: "ça ne fait pas du tout pétasse".
Ah, ça va alors.