La plupart du temps, on se dit qu'on n'a pas le choix, que c'est comme ça. On se persuade que la quantité, ça ne vaut rien par rapport à la qualité. On se répète que ce qui compte pour un enfant c'est d'avoir une mère épanouie. Et que nous, on n'est pas épanouie 24h/24 à la maison.
La plupart du temps, on est d'accord avec ceux qui nous rappellent qu'elle ne sera pas un bébé toute la vie, que laisser tomber le boulot est bien trop dangereux par les temps qui courent, qu'il faut penser à l'avenir et que trois bouches à nourrir, à Paris en plus, ce n'est pas rien.
Qu'être une bonne mère, ça ne veut rien dire, qu'elle est épanouie, ça crève les yeux, et regarde les grands, ils ne sont pas malheureux, alors, c'est bien la preuve, hein, en plus à l'adolescence, si tu as le malheur d'être au foyer, ils te balancent que tu n'es qu'un boulet, qu'ils auraient eu besoin d'un modèle et que toi, derrière tes fourneaux, tu es tout sauf un modèle.
Oui, la plupart du temps, on n'a même pas besoin d'être convaincue.
Et puis un matin, bêtement, on se livre à un calcul idiot.
Et on réalise qu'Helmut voit sa nounou 9h par jour et sa mère... une heure.
Et encore, les bonnes semaines.
Et même en comptant les week-ends, on n'est pas sûre de sortir gagnante.
Alors on se dit que ce n'est pas très étonnant qu'elle tourne la tête de l'autre côté le soir quand on voudrait la manger de baisers avec l'illusion de rattraper le temps perdu. Ni qu'elle pleure finalement beaucoup plus quand il s'agit de quitter ladite nounou que nous même.
Oui, ces derniers temps, j'ai beau savoir que je n'ai pas vraiment le choix, je me dis que le prix à payer est parfois sacrément élevé.