J'ai toujours admiré les filles qui avaient du style.
Celles qui savent mixer leurs fringues, qui ont une perception aigüe de ce qui va avec quoi, qui associent les couleurs comme d'autres les saveurs. En ce qui me concerne, j''ai beau tenter d'intégrer les règles de base énoncées ça et là sur les blogs ou les féminins, apprendre par coeur les looks des Punky, Betty ou autres BBeauty, une fois devant ma penderie, c'est toujours le même trou noir. Et ce n'est pas façon de parler. Ayant compris au fil des ans que je ne serais jamais de celles dont on s'inspire, j'ai en effet fini par n'acheter que des robes/tuniques/blouses... noires. Avec des hauts colorés que je mets dessous. En gros j'ai trouvé mon uniforme.
Ce qui ne m'empêche pas cela dit de faire des fautes élémentaires de goût, du style combiner t-shirt bleu canard avec collant marron et chaussure casse-mollet avec robe sous le genou, pour ne citer que ces deux exemples récents.
Bref, sans être totalement inculte en mode, je suis une élève relativement besogneuse qui à un moment où à un autre lâche l'affaire et souvent, malheureusement, avant d'avoir totalement fini de m'habiller. En gros, ça part généralement pas trop mal mais le résultat final est systématiquement... approximatif. En écrivant ça, je me dis que j'aurais pu d'ailleurs dire exactement la même chose de mes talents culinaires. Bonnes intentions mais ne tient pas sur la longueur.
Je pense que ce que j'appellerais ma dyslexie vestimentaire n'a rien à voir avec les kilos. Ok, ne nous voilons pas la face, plus on est fine plus la palette de choix s'élargit et plus on pardonne les quelques écarts de conduite que la fluidité de la ligne permet d'estomper. Mais je ne crois pas qu'il y ait que ça, c'est toujours cette histoire de chignons parfaits, d'ongles qui ne strient pas et poussent joliment arrondis et non en COROLLE, de rouge à lèvre qui ne file pas plus que les bas, de blush qui donne VRAIMENT l'impression qu'on sort d'une promenade au grand air dans une prairie bavaroise et pas de l'école Bouglionne ou d'ombre à paupières qui ne se décalque pas systématiquement sur l'arcade sourcilière. En gros, c'est toujours cette histoire de classe naturelle, qu'on a ou pas, parfois modérément, dans mon cas, pas loin de pas du tout.
"Rend des travaux beaucoup trop brouillons", pouvais-je lire à la fin de chaque trimestre sur mes bulletins scolaires. Peut-être fallait-il y voir les prémices de ce qui me poursuivrait toute ma vie. Je suis et resterai un brouillon de fille et mes efforts n'y changeront pas grand chose.
Cela dit, parfois, j'ai l'impression de sortir de ma chrysalide et d'approcher cette perfection tant convoitée. Au hasard d'un vernis pas trop mal posé, du brillant de ma bague adorée, d'une marinière qui tombe bien ou d'un jean qui loose presque comme je voudrais, je me surprends à apprécier mon reflet. Pas de miracle, pas de quoi donner des vapeurs à Garance Doré, pas de quoi se pavaner.
Tout juste de quoi se sentir presque raccord, presque... chic.
Edit: Ce billet est volontairement futile, superficiel et sans autre prétention que de commencer la semaine en exhibant mes ongles peints. Je me souviendrai toujours de mon amie la danish girl, qui le jour de l'enterrement de notre cher ami m'avait montré ses ongles magnifiquement rouges, me confiant y avoir passé un temps fou le matin, pour lui, comme ça. Peut-être est-ce pour cette raison que samedi j'ai manucuré les miens, pour chasser les idées sombres. Je reviendrai très vite avec des infos concernant l'orphelinat de Port aux Princes, en attendant, et sans les oublier, choisissons la vie...