"Il faut distinguer dans notre vie collective ceux qui sont 100% victimes d'un handicap et ceux qui peuvent avoir une part de responsabilité. Il y a des obèses qui le sont à leur corps défendant. C'est génétique, c'est une maladie. Ils ne peuvent pas faire autrement.
Et puis il y a ceux qui payent le prix de comportements dérégulés. D'un manque de volonté. D'un manque de violence qu'on se fait à soi-même pour son personnage, son corps ne crée pas des problèmes à la collectivité, notamment dans les transports en commun. "
L'auteur de ces énormités ? Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l'Express, ami s'il en faut de madame Monmari et accessoirement fétichiste au niveau de l'écharpe rouge.
Dites moi, monsieur Barbier, comment qu'on fait, pour les distinguer, les bonnes et les mauvaises graines de l'obésité ? On leur demande de remplir un questionnaire à l'entrée de l'avion ? On leur fait une prise de sang pour mesurer leur taux de hamburger ? Ah, vous, ça va, vous avez mangé des haricots verts, on vous fait pas payer pour deux. Mais vous, la grosse faignasse, vous avez bouffé un twix, ça fera donc 300 euros de plus pour monter dans l'airbus.
Moi je propose d'aller plus loin, même.
Parce qu'après tout, les gens qui ont un cancer, c'est pareil non, monsieur l'éditorialiste ? Y'a ceux qui n'ont pas péché, qui n'ont jamais fumé une pauvre cigarette ou bu un verre d'alcool, ceux là ok, on veut bien payer pour eux, mais par contre, les autres, les mécréants, les FAIBLES, qui se sont collés dans le caca tous seuls avec leur addiction, z'ont qu'à raquer pour leur chimio ?
Et si on parlait des handicapés ? Pourquoi ne pas proposer qu'on ne rembourse les chaises roulantes que des "vrais", ceux qui sont nés comme ça, mais pas de ceux qui l'ont bien cherché après tout, en roulant trop vite sur le périph ou en traversant en dehors des clous ?
Monsieur Barbier, vous qui semblez plein de cette si formidable volonté, jamais un lexomil, jamais un petit whisky, jamais un cigare, pour faire baisser la tension ?
Peut-être que les obèses prennent deux places dans le métro, peut-être qu'ils incommodent Air France, peut-être surtout qu'ils renvoient aux autres tout ce qu'ils essaient désespérément de planquer au fond d'eux, l'angoisse, le rejet, le malaise, la solitude, toutes ces émotions qui poussent certains à vider leur placard, d'autres à se fumer un pétard, ou d'autres encore à se ronger tellement les sangs qu'un jour leur coeur lâchera. Sauf qu'eux, ils passeront un peu plus inaperçus dans le long cortège des victimes "du manque de violence envers eux-même".
Vous n'avez rien compris, monsieur Barbier, soit dit en passant. Parce qu'il n'y a rien de plus violent que de s'infliger ce que s'infligent les personnes au comportement alimentaire déviant.
Je ne dis pas qu'on est tous des drogués et que seule la came change. Ou peut-être que si, je le dis. Et je le pense. Je pense aussi que je n'aime pas cette société où il faut trouver des coupables sans arrêt, ceux qui ne se lèvent pas assez tôt, ceux qui profitent des allocs chômage, ceux qui sont trop fonctionnaires, trop syndiqués, trop ceci ou trop cela, ceux qui mangent trop de chocolat et qui sont, sans mauvais jeu de mot un poids pour la société.
Monsieur Barbier, à mes heures je n'ai pas été loin d'être obèse et je crois pourtant être une femme de volonté. Vraiment. Mais parfois, justement, trop de volonté, tue la volonté.
Je me comprends.
Edit: A part ça, je me suis acheté un head band. Naaaan, pas un serre tête, les copains. Un head band. Rien à voir. 2 euros chez Promod. Bon, en fait ça a tendance à glisser, j'ai pas une tête à head band. Surtout quand je suis en colère.
Edit2: Ah et aussi, je parfais ma pose de blogueuse modasse, j'ai remarqué qu'elles ne sourient jamais sur leurs photos. Alors moi non plus, y'a pas de raison.