Lundi, en me levant, j'ai, une fois n'est pas coutume, été prise d'une crise existentielle récurrente: qu'est-ce que je peux bien me mettre ? Putain ? (désolée pour l'écart de langage mais dans ces cas là je jure et pas qu'en pensée)
Robe ? Plus de collants. Jean ? Trop jean, pas possible, rendez-vous dans la journée. Legging ? Sales. Mon sarrouel de la mort qui tue en satin de la réya ? Trop satin = électrique et colle au cul.
Bref, le trou noir vestimentaire qui t'arrive en plus un lundi, bad, bad signe.
Et puis par une sorte de miracle, j'ai vu dépasser de l'armoire blindée de tout un tas de fringues inutiles/démodées/pas à la bonne taille/pas de saison, un pantalon parfait. Tellement parfait que je ne me souvenais même pas l'avoir acheté un jour. Noir, un peu près du corps, large en bas mais ce qui faut, cassant sur la cheville, style costume de mec.
Attends, pas "mec". Non...
Boyish.
Quoi ?
Ben oui, Boyish, ou tomboy (garçon manqué pour les non-fluently), la tendance du moment, les enfants.
Pan, le style Boyish, c'était pour moi là, tout de suite. Ni une ni deux, je t'ai dédramatisé tout ça d'un coup de tisheurt un peu loose et de mes clarcks à talons. Un noeud à mon mini foulard Kate zebré et l'affaire était dans le sac.
Je suis donc partie comme une conquérante, avec la sensation enivrante d'avoir enfin brisé le sort du style loupé à tous les coups. Cette fois-ci, rien n'était laissé au hasard, j'étais casual mais chic, edgy mais pas trop, dans mon époque, masculine sans pour autant avoir sacrifié une once de ma féminité, call me Agyness, d'ailleurs à midi je me me paie une coupe à la garçonne, c'est le jour ou jamais pour changer de tête.
Tout en parcourant l'interminable trajet jusqu'au boulot, je devisais gaiement avec moi même: comment avais-je pu oublier cette perle nom de nom, quelle journée ça allait être, parce que tout de même, ok, pas besoin de se plaire pour s'aimer, mais là, je pourrais me faire l'amour comme à une autre si j'avais le temps. Et patati et patata, moi et moi on est assez bavardes.
Sur le trajet, j'ai essuyé deux demandes en mariage et du consoler deux blogueuses en tutus complètement désorientées à l'idée d'être passées à côté de l'élégance boyish.
Une fois à mon bureau et enfin assise, j'ai constaté avec un début d'orgasme qu'en plus, ce pantalon providentiel ne me serrait même pas au ventre. A deux doigts d'aller demander une augmentation, convaincue que tous ces signes avaient été placés sur mon chemin pour qu'enfin je m'affirme, j'ai été saisie d'un pressentiment. Plus exactement, une légère angoisse. Un truc était tout de même bizarre. Une sensation connue, une réminiscence, un souvenir lointain d'humiliation ont commencé à remonter à la surface.
"Tu n'oublies JAMAIS un pantalon qui va bien. Morue. En général, quand l'un d'entre eux finit au purgatoire de ta penderie, il y a une raison, rapport à la façon dont tu as usé jusqu'à la corde les rares futals qui ne te donnent pas l'allure d'une commode", m'a murmuré ma conscience enfin réveillée (cette conne aurait pu m'alerter une heure plus tôt mais c'eut été moins drôle).
Bien qu'agacée et encore toute auréolée de la confiance que le pantalon avait mis en moi, j'ai procédé à une rapide inspection.
Pas d'ourlet défait, non... pas de tache de javel, non... pas d'accroc aux fesses, non, fermeture éclair impeccable, pas de...
Ah... si. ça oui.
Je préfère ne pas m'étendre sur la journée de merde qui s'en est suivie, passée à serrer les jambes dans les couloirs et à pleurer de résider désormais dans le 7e arrondissement où les monoprix n'existent pas et sont remplacés par des Comptoirs des cotonniers chez qui rien ne me va.
Boyish mes fesses, oui.
Edit: La morale de l'histoire c'est qu'un pantalon génial qui tombe parfaitement et qui te donne l'allure d'un top ne moisit JAMAIS au fond d'une armoire. Par conséquent la soit-disant bonne surprise a souvent un vice caché, comme le collant miraculeusement déniché au fond d'un tiroir est immanquablement filé...
Edit2: Visiblement, la photo n'est pas explicite, j'en ajoute une autre. Ces clichés ont été pris assise par terre sur la moquette de ma chambre, je précise qu'il s'agit d'une reconstitution (d'où le haut qui diffère), je sais, je donne beaucoup pour ce blog, énormément, même. Trop, sûrement.