Samedi, aux aurores, Grande chérie est partie en Bretagne avec sa meilleure amie et la famille de celle-ci. Hier, elle m'a appelée, pour me raconter. Elle m'a dit les ballades en vélo, les fins d'après-midi allongées sur des pierres encore chaudes, le ciel qui se couche sur la mer et les vagues qui viennent frapper les rochers.
Il y avait un tel bonheur dans sa voix, je pouvais sentir le plaisir qu'elle prend là bas, dans cet ailleurs que je ne connais pas, un plaisir de déjà presque grande fille. Je pouvais toucher du doigt les espoirs de la vie qui ne fait que commencer et l'ivresse de ces instants de quasi liberté dans ce lieu de vacances, où parait-il on mange les meilleures glaces du monde.
Je ne saurais dire ce qui m'a plu le plus, sa joie évidente ou la façon si jolie de me raconter ses journées. Probablement les deux. Je crois que j'ai aimé qu'elle aime ces choses là.
Quand les enfants sont petits, on se dit qu'on ne supportera jamais de les voir s'arracher à nous. Et là, hier, c'était tout le contraire, je crois que rien n'aurait pu me combler plus que d'entendre qu'elle était heureuse sans moi. Bien sûr, il y a cet endroit au creux du ventre, qui te rappelle sans cesse qu'on ne pourra jamais s'arrêter de s'inquiéter. Bien sûr, on voudrait parfois faire le chemin en arrière, pour sentir une dernière fois l'odeur du sommeil, là, dans son cou gracile. Mais au delà de ça, il y a cette fierté incroyable de voir grandir et s'ouvrir à la vie celle dont je devine qu'elle sera quelqu'un de bien. Ma grande fille.