La semaine dernière, donc, j'étais au Qatar, à Doha. Vous dire que je suis partie le coeur lourd c'est un euphémisme. Je ne saurais pas bien expliquer pourquoi (mis à part mon léger problème d'avion qui me fait penser que lorsque les portes de l'avion sont verrouillées, mon cercueil est scellé) mais ce départ a été douloureux. Je vais vous épargner la description du spectacle pénible que j'ai donné à tous ceux qui m'ont croisée ce matin là. Même ma boulangère, j'ai eu du mal à la quitter sans sangloter. En même temps elle fait les meilleurs croissants du monde. Mais ça ne justifie pas le calin quand elle m'a rendu la monnaie, j'en suis consciente.
Après m'être mouchée dans le pull du churros une bonne douzaine de fois, je me suis quand même décidée à partir en priant pour que le temps passe très vite parce qu'une semaine loin de mon étalon, de mes deux machins et de ma boulette pleine de cheveux, c'était trop difficile.
Est-ce parce que j'avais tant angoissé ? Est-ce parce que je n'attendais rien de ce séjour ? Est-ce parce que j'ai regardé "Eat, pray, love" dans l'avion ? Est-ce parce qu'il faut en chier un peu pour jouir quand on est impregnée comme moi d'une éducation judéo-chrétienne certifiée ISO 9001 ?
Sais pas.
Mais le fait est que ces cinq jours ont finalement été... trop cool.
Je n'ai pas d'anecdotes particulièrement savoureuses à vous retranscrire, au risque de vous décevoir, je me suis pour une fois comportée d'une manière quasiment adéquate, je n'ai rien oublié au check-in de l'aéroport et j'avais tellement chouiné avant de prendre l'avion que j'étais comme sous tranxène au décollage. Finger in the bottom, as could say loop, que j'ai désormais décidé de plagier sans vergogne.
Ah et non, le fait de m'être promenée une bonne partie de la première journée avec une chemise déboutonnée jusqu'à mon triangle d'or ne mérite pas qu'on s'y attarde. Ni d'avoir perdu puis retrouvé en l'espace de quelques heures mon portable et mes lunettes de soleil (et après y'en a qui disent que les arabes sont tous des voleurs, franchement j'ai la preuve que non) (second degré).
Ces légers dérapages relèvent de l'anecdotique. Je ne veux pas balancer mais ma copine que je me suis faite pendant ce voyage m'a battue à plates coutures. Son reflex à 12 000 dollars, elle l'a vraiment oublié dans sa chambre d'hôtel et s'en est rendu compte quelque part au-dessus de Bagdad lors du retour à Paris. Pour l'épargner je n'évoquerai pas plus en détail non plus le léger souci d'ouverture de sa jupe balinaise choisie pour sa longueur réglementaire mais en oubliant qu'elle se fendait jusqu'aux aisselles. Du coup elle est restée debout pendant une semaine, son immense foulard noué autour de la taille.
Vous l'aurez deviné, j'avais trouvé mon maitre, en réalité. Du coup, pof, toute ma créativité de gaffeuse s'en est trouvée chamboulée.
Je n'ai donc pas grand chose à vous mettre sous la dent pour tout ce qui est piétinage de mon estime de soi et humiliations en tout genre. En revanche, j'ai bien évidemment quelques fulgurances à partager avec vous à propos de ce bien étrange pays qu'est le Qatar. Allez, c'est parti pour le 1/4 d'heure national géographique.
Alors, Qatar, terre de contraste et carrefour des cultures, qu'en ai-je retenu ?
- En décembre, au Qatar, il fait 25°. A n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit. Je ne veux pas dire mais moi je vote pour le premier candidat qui me promet une révolution climatique comme celle là. D'ailleurs j'ai moi même commencé à y contribuer en prenant trois bains par jour et en faisant tourner mon lave-vaisselle all along the day.
- Les hôtesses de Qatar Airways sont de celles qui colleraient une clitoridite aigue à Loop of Kurland. En plus elles sont aimables et les repas qu'elles servent relèguent ceux d'Air France au rayon de la bouffe pour chiens.
- La première chose que j'ai vue en survolant Doha de nuit, c'est cette skyline (c'est bien comme ça qu'on dit quand on est un peu bilingue ?) fascinante. Des buildings délirants et multicolores en plein désert qui semblent avoir poussé comme des champignons hallucinogènes.
- Entre les gratte-ciel, il n'y a pas de rues ou de routes. Et à l'intérieur, il ne semble y'avoir personne.
- Les Qataris ne marchent pas, ils conduisent. Spectacle étonnant que cette ville fantôme sans passants, sans échoppes ou presque, sans centre ville.
- Doha c'est un peu comme un Disneyland dont les animations auraient des noms de grandes chaines d'hôtel. Hyatt, Sheraton, W, Mövepick, Four Seasons, ils sont tous là.
- Les femmes sont majoritairement voilées et pour la plupart en niqab. Quand on regarde de plus près, elles superposent des voiles dentelés, pailletés, plus ou moins transparents. Si l'idée est de ne pas attirer les regards, c'est loupé, les hommes qui m'accompagnaient ont grave fantasmé. D'autant que pour beaucoup, elles sont canons les Qataris.
- Faute de pouvoir montrer leur visage ou leurs cheveux, les femmes se parfument... généreusement. Thierry Mugler doit faire 90% de son chiffre d'affaires aux émirats, bonjour les effluves d'Angel à tous les coins de lobbys d'hôtel.
- Les émirs sont incroyablement sexy quand ils remontent leur keffieh sur la tête. De profil, on dirait des cobras.
- J'assume moyennement d'avoir fantasmé sur des hommes voilés qui se promènent avec des torchons sur la tête.
- La phrase précédente n'est pas vouée à déclencher un débat sur pour ou contre la nape à carreaux en guise de couvre chef. D'autant qu'une grande partie des hommes portent des keffiehs immaculés. Ce sont mes préférés, il faut bien le dire.
- Quand on se promène à Doha (ok on ne se promène pas, on roule), on sent l'odeur de l'argent partout, dans les tours en construction, les centres commerciaux immenses, les vitrines d'Armani, Dior ou Ferrari. Pour un peu on oublierait que seulement 25% des habitants sont des natifs et qu'une grande partie de la population est composée de migrants payés au lance pierre pour servir les notables. Ces migrants, ils sont partout et en même temps nulle part, invisibles fourmis travailleuses et à coup sûr exploitées. C'est en repartant que la réalité nous est apparue. A l'aéroport, dès 5h du matin, c'est un ballet incessant de philipins, indonésiens, indiens, qui partent ou arrivent, chargés comme des mules de cartons, valises énormes ou autres bagages encombrants. On peut lire la fatigue et la solitude sur ces visages anonymes. Au Qatar, plus qu'ailleurs, il y a ceux qui sont nés du bon côté, et les autres. De quoi donner un goût amer aux fastes dont j'avais bien profité magré tout, call me PPDA.
- Au Qatar, donc, je me suis fait une copine. C'est peut-être ce que j'en retiendrai au final. C'est toujours magique, ce truc de se "reconnaître". C'est extrèmement précieux de prendre un fou rire idiot, de partager le même plaisir en buvant un cocktail le soir après le boulot, planquées sur la terrasse du bar de l'hôtel (parce que les jus d'orange pressée c'est cool, mais à la longue ça fait chier (au sens propre du terme d'ailleurs)), de se laisser aller à des confidences qui viennent plus vite parce qu'on est loin et qu'il n'y a pas la pudeur qu'on éprouve face aux intimes. C'est chouette de ne pas savoir ce qu'il adviendra de cet embryon d'amitié mais de considérer que ce qui est pris n'est pas à prendre.
- Au Qatar, à la faveur d'une pause clope devant le centre de conférences, ma cop's et moi, on est tombées sur Cecilia Atias Sarkozy. Accompagnée de son sexy Richie (si si). N'écoutant que notre instinct de chasseuses de scoop, on lui a demandé ce qu'elle faisait là (pas grand chose), ce qu'elle pensait des débats (au moins tout ça), comment allait Nicolas et petit Louis (non, en fait on s'en foutait). Mon impression ? Très belle femme, impressionnante à vrai dire, si c'est refait c'est l'oeuvre d'un orfèvre en la matière. Très mince, très très très. Des yeux aussi verts que les émeraudes du musée des arts islamiques visité en fin de séjour. Des yeux dans lesquels en revanche j'ai trouvé qu'il ne se passait... pas grand chose. Mais ma copine m'a dit que j'étais un peu dure. Probable.
Voilà, je vous laisse avec quelques photos de ce pénible séjour. Un condom géant s'est caché sur quelques unes d'entre elles, saurez-vous le retrouver ?
J'allais oublier, je vous ai concocté un city guide au cas où: A goûter absolument, le purple mojito de l'hôtel Hyatt.
C'est tout. Pour le city guide. Je débute, c'est pour ça. Sinon, au réveil, je bois des zestes de citron bouillis. (ça c'est au cas où un féminin s'interrogerait sur mes beauty gestes).
Les grains c'est de la grenade.
(le musée des arts islamiques de Doha, la seule chose qui se visite là bas à vrai dire. A part le bar de l'Hyatt)
(une ou deux idées cadeaux, c'est de saison)
(on me croit on me croit pas mais ce sont des émeraudes et des diamants) (si).
(ça c'est pour que vous réalisiez le choc traumatique au niveau du contraste climatique quand on revient des émirats)
Edit: Ce billet est non seulement le plus long de l'histoire du blog mais aussi celui doté du titre le plus pourri. Désolée.