Me voici revenue de Stockholm. Je vais vous raconter cette folle journée de lundi, mais il se trouve que le retour fut assez laborieux - pour cause de billets directs très très très chers, on a fait un léger détour par Francfort, bonjour les 8 heures pour rentrer - et que par conséquent, le temps m'a manqué hier pour écrire mon billet.
Je vais donc improviser pour celui-ci en divaguant ça et là.
Je voulais tout d'abord répondre à l'un des commentaires qui me disait en substance à propos de mon post de lundi, "pourquoi tu n'attends pas de pouvoir lâcher le morceau plutôt que de nous faire languir, c'est agaçant ?".
N'étant pas convaincue que c'était écrit sur le ton de la plaisanterie, je me dis que je me dois de m'expliquer. Loin de moi l'envie de vous faire bisquer en évoquant ce déplacement de cette façon là. Il se trouve que je ne voulais pas griller la politesse à Will, qui organisait tout ça. Mais que je ne pouvais pas m'empêcher de vous communiquer un peu de mon enthousiasme à ce sujet. Et puis je savais aussi que je serais absente du blog le lendemain, et je ne sais pas, j'ai l'impression que c'est plus correct de vous avertir, peut-être que c'est con. Ok, j'avoue, j'aime bien aussi vous laisser sur votre faim. Mais je peux comprendre que ça énerve.
Alicia et Will n'ont toujours pas niqué après une saison et demi et je suis sur les dents, donc je concède que c'est chiant, le teasing, à force. Je ne le ferai plus.
Par ailleurs, vous avez été quelques unes aussi à me faire part de votre peur de me voir ne plus... avoir peur. De prendre l'avion, de parler en public ou de tout un tas d'autres choses.
Premièrement, laisser moi vous rassurer: ça ne risque pas d'arriver. Je ne suis que peur. Tout le temps, en permanence. Pour un oui ou un merde. Un battement de coeur irrégulier, je crains la trombose cardiaque. Une toux persistante d'Helmut, c'est la pneumopathie. Ma grande qui refuse son dessert, je suis à deux doigts d'appeler SOS Anorexie. Le machin fait des cauchemards, je crains la psychose. Le churros rentre stressé du boulot, je l'imagine dans la salle d'attente de notre agence Pôle emploi dans les jours qui suivent. Mon père se coince le dos ? Je pense cancer des os. Ma mère a la voix rauque ? Je la supplie de passer un IRM. Une remarque d'une rédac-chef sur un de mes papiers ? Je suis fichue, perdue pour la cause, jamais on ne me rappellera, de toutes façons j'écris comme un pied. Plat, le pied.
Bref on m'aura comprise, il n'y a pas un seul objet d'angoisse, il y en a des milliers.
Et en même temps, j'avoue que cette décision il y a un mois de plonger dans ce qui me terrifiait le plus, à savoir l'insécurité professionnelle, m'a en quelque sorte libérée. Enfin, je ne sais pas trop si c'est le mot qui convient. Disons que je n'ai plus trop le choix. Parmi les raisons qui m'ont fait sauter le pas, il y avait celles-ci: pouvoir enfin profiter des opportunités que m'offre ce blog, aller au fond de certaines envies, me donner les moyens de réaliser ce qui n'est peut-être que pur fantasme.
Du coup, si je persiste à écouter mes mille et une inquiétudes, j'ai la sensation de perdre sur toute la ligne. Non seulement j'hérite de cette foutue précarité, mais en plus je passe à côté de ce à quoi j'aspirais.
Alors en effet, quand il m'a été proposé par surprise ce voyage à haut risque (QUATRE décollages en deux jours, putain), étrangement, je suis arrivée à clouer le bec à cette satanée petite voix intérieure qui me poussait à refuser parce que non, je n'allais quand même pas VOLONTAIREMENT m'exposer à QUATRE crashs potentiels, si ?
Ce qui ne m'a pas empêchée de faire l'oeuf ou presque à tous les atterrisages, ni de freiner avec mes bras sur la piste ou de supplier mentalement l'avion d'être clément encore une fois avec moi.
Par ailleurs, Bridget je suis dans l'âme, Bridget je resterai. Mais au risque de vous décevoir, je ne suis pas prête à oublier une deuxième fois mon ordinateur au check point histoire de vous écrire un brillant minute par minute. Je veux dire, oui le blog c'est un peu ma vie, mais très honnêtement ce jour là j'ai cru mourir. De honte, de colère contre moi et aussi - voire surtout - d'insuffisance respiratoire après ma course dans les couloirs de l'aéroport. Mon abnégation au service de la cause bloguesque a ses limites, je peux vous assurer qu'à chaque passage au scanner de bagages, je ne vérifie pas UNE fois, pas DEUX mais au moins TROIS fois le moindre de mes effets. Ensuite je compte mes sacs pour être sûre. Après je raconte à qui veut l'entendre qu'il m'est arrivé d'oublier mon ordi comme ça. Et rien que de l'évoquer, je commence à suffoquer. Du coup je recompte mes bagages. Et je cherche mon passeport. Puis mon téléphone. Puis ma carte d'embarquement.
En somme je suis bonne à enfermer.
Le mieux dans tout ça ? Je crains que ça ne me protège pas d'une tuile éventuelle. Il devrait y'avoir moyen de rigoler à mes dépens encore quelques fois avant que je ne tire ma révérence bloguesque.
Attention, je ne suis pas en train de déplorer que certaines d'entre vous viennent ici dans l'espoir de lire une de mes mésaventures. J'adore l'idée de vous faire marrer en vous racontant que j'ai mangé du caca, retrouvé ma petite culotte dans mon jean en pleine réunion ou sorti un tampax à la place d'un briquet. Mais tout ça n'est drôle que parce que c'est VRAIMENT arrivé. Et dieu merci, je ne suis pas non plus Benny Hill tous les jours.
Je sais que derrière ces commentaires, il n'y a pas de malveillance. Je sais aussi qu'il y a peut-être la crainte que je me perde en route, que je finisse réellement par me prendre pour une connasse de blogueuse influente. Franchement, il y a de la marge. Même si je voulais, je veux dire. Pour ne citer que ça, je me suis promenée dans Stockholm avec un mouton de trois kilos sur moi - un manteau en peau retournée ayant appartenu à ma mère qui ne l'a jamais vraiment mis et je comprends désormais pourquoi - qui me faisait ressembler à une réincarnation de Nikita Kroutchev (je viens de le découvrir en visionnant les photos) et j'ai fini par me retrouver les quatre fers en l'air en plein tournage (à ce moment là j'ai béni le mouton qui a considérablement amorti ma chute).
Bref, je vous raconte très vite le reste et j'arrête cette improvisation sans queue ni tête.
Ah si, dernière chose. Ouf que j'ai refusé d'être égérie de Galliano. Comment ce serait compliqué aujourd'hui de retourner ma veste.
Remarque, Nathalie Portman ne s'en sort pas si mal.
Edit: John Galliano est manifestement un porc imbibé encore un peu plus cintré qu'il ne semblait l'être. En même temps, je m'étonne un peu de l'étonnement général. Je ne peux pas croire que son adoration du Führer lui soit venue comme une envie de faire popo. Je doute également qu'il n'ait pas tenu ce genre de propos nauséabonds avant et devant d'autres personnes que de pauvres clampins venus boire un verre dans son fief de La Perle (j'ai des amis qui fréquentent ce bar et il en est un des pilliers depuis des années). Bref, je ne suis pas dans le secret et fondamentalement je m'en tape, mais je ne serais pas surprise que tout le monde dans le milieu connaisse depuis belle lurette les penchants du monsieur, qu'il s'agisse de celui pour l'alcool ou de celui pour les chambres à gaz. Mais j'imagine que jusque là, il rapportait plus qu'il ne gênait. Or là, ce n'est plus le cas et pof, une vidéo accablante sort sur le net, pof, deux personnes portent plainte. L'aubaine pour Dior qui voulait s'en débarrasser. Moi je dis, mieux vaut tard que jamais, il est plutôt rassurant qu'on ne laisse pas à ce poste quelqu'un ayant de telles idées. Mais l'effroi du microcosme fashion me fait doucement rigoler. Non, en fait, pas doucement. Bruyamment.
Edit2: A stockholm, il y a manifestement deux incontournables. Victoria et Daniel, en photo ci-dessus (Kate et William peuvent aller se rhabiller) et... ABBA. Les premiers, je ne peux pas dire s'ils sont sympas. Mais lundi, donc, j'ai interviewé Björn, pas Borg, mais Bjorn Ulvaeus. L'un des quatre larrons du groupe mythique. Et guess what ? J'ai un peu de mal à m'en remettre. Promis, j'y reviens...