Vendredi, je suis allée chez Louboutin.
Pas pour moi, ne vous affolez pas, je rappelle au tout venant que je suis désormais pigiste et par conséquent définitivement et irrémédiablement... fauchée.
Sans compter que me payer une paire de Louboutin serait aussi judicieux que d'acheter du caviar à un cochon. Mes chaussures ont une durée de vie à peine supérieure à celle des papillons de nuit et ça, que je les paye un bras ou 20 euros.
Mais je m'égare, ce n'est pas le sujet.
Vendredi, je suis allée chez Louboutin et pour la meilleure des raisons. J'accompagnais mon amie Mimi, que j'ai évoquée ça et là ces derniers temps. Sans entrer dans les détails, parce qu'elle n'aimerait pas ça, cette douce amie, qui fait partie comme qui dirait de ma garde rapprochée, vient de passer trois mois... de merde.
Un pépin de santé lui est tombé dessus quelques jours avant Noël et l'a tenue éloignée de ses enfants et amoureux pendant de longues semaines. Quand je dis éloignée, je pèse le mot, Mimi vit habituellement à Kuala Lumpur, il y avait par conséquent entre elle et les siens près de 13h d'avion.
Trois mois, donc, à encaisser les mauvaises nouvelles, sans les bras réconfortants de ceux qu'on aime. Trois mois à tenir debout vaillamment, parce que Mimi, c'est une guerrière.
Je lui ai dit, je crois, à quel point elle a forcé mon admiration, par sa dignité et son courage. Mais deux fois valent mieux qu'une. Je sais aussi qu'on peut être une guerrière et tremper son oreiller le soir quand il n'y a personne pour vous regarder. Quoi qu'il en soit, parfois vos amis vous donnent des leçons de vie et croyez moi, avec elle j'en ai reçu une vraie. Ceci étant dit, elle aurait geint et chouiné tout le temps, ça n'aurait absolument rien changé à mon affection et mon estime, qu'on ne se méprenne pas, je crains qu'il n'y ait pas de "bonne" façon de faire face dans ces moments là. Il n'empêche que le jour où j'ai donné ma démission, elle était sur le billard et qu'en prenant ma respiration avant de prononcer les mots du "grand saut", mes pensées allaient droit vers elle. Si elle pouvait, alors moi aussi, non ?
Bref, si je vous la raconte cette histoire, c'est parce qu'elle finit bien. Vendredi, avant de prendre son avion qui la ramenait vers son home sweet home, Mimi a commencé le premier jour du reste de sa vie chez Louboutin, parce qu'un de ses rêves était de posséder une de ces paires d'escarpins à la semelle rouge. Il faut dire qu'elle est un peu toquée des pompes, Carrie bradshaw à côté, c'est une gueuse en pantoufles.
En la regardant essayer ses talons de douze, je la regardais, émue, reprendre des couleurs. Cette paire de chaussures, c'était bien tout sauf un caprice de petite fille. C'était d'abord un cadeau d'amour de son chéri, pour célébrer la fin des hostilités médicales. Cette paire de chaussures, c'était surtout le triomphe de la féminité, le pied de nez à la fatalité, le point final d'un épisode qu'on ne peut pas oublier mais qu'on va surmonter, assurément.
Pour toutes ces raisons, je ne regarderai plus jamais ces semelles vermillon de la même façon. Pour toujours désormais, elles rimeront pour moi avec guérison.
Lorsqu'on est sorties, le ciel était resplendissant et le soleil brillait dans le froid glacial de cette fin d'hiver. Il y avait comme un parfum d'espoir qui m'a semblé de très bon augure.
Longue et belle vie ma chère amie...
Edit: les photos ne sont pas extras mais j'ai volé quelques clichés dans la boutique avant de me faire alpaguer par un videur qui a failli exiger que je les efface de ce pas. On ne photographie pas la boutique louboutin, sachez-le...
Edit2: Je n'ai bien sûr pas résisté à les essayer, mais chez moi, j'ai réalisé en effet une fois dans le magasin que j'avais une chaussette à carreaux et l'autre à rayures. Ça plus l'éventualité de puer des pieds, j'ai préféré m'abstenir...