Hier pour fêter mes vacances et la rédaction d'un papier qui me donnait un peu de fil à retordre, j'ai décidé d'aller chez Sephora acheter le bain magique pour les ongles. En entrant dans le magasin, je me faisais la réflexion que je n'y avais pas mis les pieds depuis des lustres et que j'étais conne tout de même, c'est chouette parfois d'acheter des produits qui ne servent à rien mais qui font du bien.
Et puis quand le vendeur m'est tombé dessus comme la misère sur le bas clergé, je me suis rappelée pourquoi je n'entre JAMAIS dans ce temple de perdition.
Chez Sephora comme chez le coiffeur ou le marchand de chaussures, je suis en effet le profil type de la victime du vendeur ultra-serviable. Le genre de fille que les gars repèrent à peine elle a franchi le portique. Limite si ça ne se met pas à clignoter partout sur les écrans de contrôle. "Pigeon de première catégorie en vue, PNC aux portes. On se tient prêt... GO, GO, GO !".
Non mais franchement. En plus, j'ai fait super attention, ne restant jamais plus de dix secondes devant un présentoir (au bout de 11 s tu es sûre d'être grillée), allant et venant avec l'air de celle qui SAIT ce qu'elle est venue chercher et affichant l'air le plus désagréable qu'il m'est possible de prendre.
Bilan: je venais pour le bain magique à 7,90 euros.
Je suis repartie avec une note de...
148 euros.
Je vais aller me suicider au dissolvant. Je veux dire, ce n'est pas comme si j'étais pour ainsi dire sans revenu fixe, désormais.
148 euros, donc, dont un recourbe cils (que je sois pendue si je m'en sers un jour, ça me fiche une trouille bleue cette affaire) (ça ressemble à un speculum), un TAILLE CRAYON (j'ai perdu tous mes khôls mais on ne sait jamais, des fois que), un truc touche éclat Dior qui parait-il réveille tout (selon mon nouveau meilleur copain du séphora italie) et un fond de teint minéral (que je ne sais pas m'en servir sans tapisser la salle de bain et accessoirement flinguer mes fringues) (c'est vicieux, le fond de teint en poudre. Plus tu frottes tes fringues, plus ça se transforme en crème qui adhère) (c'est le principe en même temps).
Sans compter une bonne petite séance d'humiliation publique, mon poto vendeur ayant décrêté que je ne pouvais pas sortir du magasin avec une gueule pareille (il l'a formulé plus délicatement mais en gros il aurait hurlé que j'avais une tronche à chier contre, ça n'aurait pas été pire). Et qui a donc entrepris de me démaquiller, puis de "travailler mon teint". Et vas-y que je te colle de la touche éclat sur mes imperfections et mes rougeurs (bien fort "les rougeurs") et vas-y que je hurle que la dame n'a pas de poches, sous ses yeux, non non non ! En revanche, "qu'est-ce que c'est fatigué tout ça ! Pas de cernes, mais tout est... fatigué, quoi" ! "Allez, encore un peu de touche éclat, hop, DIX ANS EN MOINS !".
Solitude.
Et hop, la touche éclat dans ton panier. J'ai bien tenté de tout reposer dès qu'il a eu le dos tourné mais on n'apprend pas aux vieux singes à faire la grimace. Il a senti le coup de jarnac et il m'a escortée jusqu'à la caissière. Impossible de m'enfuir, j'étais cernée (enfin, non, "fatiguée", plutôt).
Quand je suis rentrée chez moi, je suis tombée sur ma copine Zaz. Elle m'a regardée bizarrement et m'a demandé ce qui m'était arrivé, si j'avais chialé toute l'après-midi ou si j'avais une mononucléose.
Par contre je suis super fière, j'ai réussi à refuser le pinceau Kabuki ("Ah, non, merci, j'ai déjà"). C'est toujours ça de pris. Sauf qu'en vrai j'en ai pas. J'ai l'air encore un peu plus con avec ma boite de poudre.
Si quelqu'un a besoin d'un fond de teint ou d'un recourbe cil, hein, n'hésitez pas à m'envoyer un mail. J'ai un taille crayon aussi.
Allez, je vous laisse, je prends un train et il faut que je trouve une valise assez grande pour caser mes nouvelles acquisitions. Bien sûr que je les emporte. Ce n'est pas parce que ça sert à rien que je n'en ai pas besoin, enfin !
A la semaine prochaine, pour celles qui s'en inquiètent, sachez que je prévois de piquer l'appareil de ma mère afin d'immortaliser les 129 cadrans solaires du village. Et aussi mon jean vert.
Ah oui, chez Zara j'ai acheté un jean vert. Color block me voilà.