Hier soir, j'écoutais l'émission de Kathleen Evin sur Inter en faisant mes crêpes (45 au final et pas une de plus) (d'autant que je ne saurais expliquer pourquoi mais à chaque fois que je fais des crêpes je suis au bord du malaise vagal) (littéralement, je veux dire). C'était une rediffusion. Ce dont on se fout, d'ailleurs, mais j'aime bien être précise.
Il y avait cet écrivaine,Christine Montalbetti, dont je n'ai jamais rien lu mais qui a une voix incroyablement douce. Elle parlait de son dernier livre, "Une journée américaine", une sorte de road trip entre l'Oklahoma et le Colorado, d'un homme allant visiter un ami. Le bouquin a l'air bien, mais ce n'est pas de ça non plus que je voulais vous parler. C'est de ce qu'elle disait de l'amitié. Plus précisément du rapport au temps qu'entretient l'amitié. Le fait que qu'elle se nourrisse du temps qui passe, se solidifie, se stratifie (stratéfie ?) à l'usage.
Rien de bien révolutionnaire, mais ses mots ont résonné. D'autant plus que le week-end dernier fut fort en amitié et que les propos de Christine Montalbetti sont venus confirmer à postériori ce que j'ai ressenti alors. J'aime passionnément l'idée de l'amitié, j'aime aussi viscéralement cette magie que représente la possibilité d'une nouvelle amitié, quelque âge on ait.
Je me souviens d'une rentrée scolaire en CM2, où on m'avait séparée de toutes mes amies. J'en avais souffert du plus profond de mon être, parce que déjà, tout sauf une âme solitaire, j'étais heureuse en meute, avec un besoin presque pathologique d'être entourée. Je me souviens aussi de ma mère me consolant, m'expliquant que je me referais des copines, que j'étais encore petite, que la vie était longue et pleine de surprises. A l'époque je trouvais ça insupportable, l'idée même que l'on puisse remplacer des amies par d'autres. Et je n'y croyais pas, non plus, à vrai dire.
Aujourd'hui, je ne peux que constater à quel point elle avait raison, comptant parmi mes proches des copains vieux de vingt ou trente ans et d'autres tous neufs. Si je pouvais aller parler au creux de l'oreille de cette petite fille en larmes que j'étais alors, je lui dirais d'écouter sa maman. Je lui dirais aussi qu'en effet, la vie est pleine de surprises, des mauvaises, bien sûr, parfois, et puis des bonnes. Je lui dirais aussi que dans plus de trente ans, la belle Hélène, chérie puis passée directement en sixième et par le même coup perdue de vue, lui écrirait un mot par un drôle de canal qu'on appellerait mail, l'ayant retrouvée par le truchement d'un média encore plus étrange que le mail, un "blog".
"Te souviens tu de moi, ta première meilleure copine ? Ok, nous étions en maternelle, mais justement, ça compte double, non ?".
Je lui dirais aussi qu'on ne se choisit jamais par hasard, même à 4 ans. Parce que dans ce mail, elle décèlerait tant de points communs trente ans plus tard, qu'elle comprendrait qu'on ne fait jamais que devenir ce qu'on a toujours été.
Bonne journée.