Ces dernières semaines, j'ai reçu plusieurs mails dans lesquels certaines d'entre vous me posaient des questions relatives à mon expérience avec le docteur Zermati.
Je confesse ne pas avoir répondu à tout le monde, je passe beaucoup, beaucoup de temps sur mon ordinateur et gère pour le boulot un nombre conséquent de mails. Du coup, j'accumule du retard.
Je me suis donc dit qu'au lieu de répondre dix fois la même chose - vous vous interrogez en général sur des trucs identiques - j'allais faire une sorte de FAQ ici. J'en avais d'ailleurs déjà posté une il y a quelque temps, que vous pouvez lire ici. Mais forcément j'évolue, mon ressenti et mes impressions aussi, donc ce billet n'est probablement pas inutile.
Voici donc une compilation des messages que j'ai reçus et les réponses que je peux y apporter.
- Tu ne dis jamais combien tu as perdu, combien tu pèses aujourd'hui, quelle taille exacte de vêtements tu fais, bref, donne nous des chiffres s'il te plait !
En effet, je n'ai jamais donné ici de données chiffrées. Pourquoi ? Parce que le docteur Zermati me l'a déconseillé, dès les premières séances. Vous pouvez en lire l'explication ici. Je souhaite m'en tenir à cette position, parce que je suis déjà bien assez obsédée par mon poids et que si je commence à le révéler ici, ainsi que ma perte exacte de kilos, ça ne fera que s'intensifier. Si je regrossis et que vous vous en rendez compte, il y aura forcément des gens pour me demander de combien je me suis relestée. Or c'est cette pression qui en général fait reprendre ce qu'on a perdu. Et puis de toutes façons, la méthode Zermati est justement très éloignée des sempiternels "- 3 kilos en trois mois" et ne promet aucune perte chiffrée. Vous donner le montant des kilos envolés chez moi risquerait de vous induire en erreur, de vous faire penser que ce qui a été possible pour moi l'est pour tout le monde, ou au contraire vous faire redouter de ne pas perdre plus. Chaque organisme réagit à sa manière. Certains maigriront bien plus que moi, d'autres beaucoup moins. Bref, j'ai perdu, c'est incontestable, plus que je ne l'espérais, moins que je ne l'aurais rêvé à une époque. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le poids que je fais aujourd'hui me convient parfaitement, que je ne souhaite pas continuer à maigrir et que je ne cherche d'ailleurs pas à continuer. Et le fait est d'ailleurs que ma balance oscille désormais à plus ou moins deux kilos depuis des mois.
- Est-ce que ça été facile dès le début de maigrir ? Parce que moi ça ne marche pas comme pour toi et je me demande si tu ne nous as pas caché des trucs.
Non, je n'ai rien "caché", ni prise de médocs, ni sport intensif, ni privations en tous genre. Non, ça n'a pas été facile, dans la mesure où toute remise en question totale de votre système alimentaire et de votre façon d'appréhender le fait même de se nourrir est tout de même compliquée. Mais c'est vrai en revanche que par rapport à mes expériences diverses et variées de régimes en tous genre et spécifiquement le régime protéiné sa mère, mon parcours Zermati a été une véritable partie de plaisir. Pas de pesée des aliments, pas de comptage de calories, pas d'interdits... le paradis pour un bec sucré de mon acabit ! C'est vrai que j'ai perdu très rapidement. Peut-être parce que j'ai dès le départ été dans un état d'esprit de confiance totale vis à vis de ce médecin. J'avais décidé de ne pas écouter mes doutes et de baisser ma garde. J'ai suivi les consignes d'exercices à la lettre, mangeant durant quatre jours une tablette de chocolat en guise de déjeuner, puis des noix de cajou en lieu et place du repas du soir ou m'efforçant de respecter certaines règles comme celle de ne rien faire d'autre lorsque je mangeais. Peut-être que j'ai maigri vite parce que cette thérapie est arrivée à point nommé, à un moment où j'étais particulièrement réceptive, je ne sais pas, je ne saurais l'expliquer mieux que ça, mais je n'ai rien caché, promis.
- Est-ce que tu continue à pratiquer les exercices de pleine conscience, est-ce que tu y arrives mieux qu'au début ?
C'est clairement un des aspects les plus difficiles pour moi de cette thérapie. Parce qu'il faut prendre le temps de le faire, il faut trouver les moments où c'est possible. D'autant que j'avoue éprouver une certaine difficulté à ressentir cette pleine conscience de la même manière que lorsque je pratiquais les exercices dans le cabinet de Zermati, avec ce dernier en face de moi me guidant patiemment. Mais ces derniers temps, je m'efforce de recourir à ces moments de pleine conscience, parce que le stress de la rentrée, les longs moments de solitude de ma vie de free lance menacent parfois de me faire retomber dans certaines affres de la compulsion. Et c'est vrai que lorsque j'y arrive, lorsqu'avant de manger ou au moment des premières bouchées, je me concentre sur ce que je suis exactement en train de faire, la tentation d'engloutir à 200 à l'heure mon repas a tendance à reculer. J'ajoute avoir également eu recours à la pleine conscience avant une animation de colloque au mois de juin, avec la satisfaction de sentir ma panique se calmer.
- Est-ce que tu arrives à ne pas te peser, est-ce que tu te sens libérée de tes angoisses vis à vis de la nourriture et du poids ?
Non, je n'arrive pas à ne pas me peser. Je me pèse tous les jours et je sais que c'est contraire aux recommandations de Zermati, pour la bonne raison que cette obsession du poids génère une telle peur de regrossir que souvent on mange pour calmer cette peur. Cercle vicieux, quoi. Mais c'est comme ça, pour l'instant en tous cas, je suis incapable de me débarrasser de cette vilaine habitude. Peut-être parce que dans les périodes de ma vie où j'ai beaucoup grossi, je ne me pesais plus, refusant d'affronter la réalité. Alors imaginer que je puisse baisser ma garde et ne pas reprendre mes kilos, pour l'instant, je n'y parviens pas. Vous vous doutez donc bien que la réponse est également "non" à la seconde partie de la question.
Non, je ne suis pas libérée de mes angoisses. Comment se débarrasser d'une anxiété qui fait intégralement partie de moi depuis que je suis en âge de me regarder dans une glace ? Petite, je m'endormais tous les soirs en pétrissant mon ventre et en me répétant cette prière: "faites que je maigrisse". Aujourd'hui, j'implore mère nature et tous ses sbires de ne pas me faire regrossir. Je ne suis pas parvenue encore à cette sagesse qui consiste à se dire que même si on reprend du poids, on n'est pas une looseuse et la vie vaut malgré tout le coup.
Ceci étant dit, je suis néanmoins beaucoup plus zen que je ne l'ai été. Je ne me surveille pas en permanence, je suis capable de faire bombance sans me culpabiliser, en me disant que j'attendrai d'avoir à nouveau faim pour remanger et que ça ne devrait pas être dramatique. Lorsque je prends un ou deux kilos, je ne me sens pas malade d'inquiétude toute la journée à l'idée d'être à nouveau sur la mauvaise pente (celle qui monte). Surtout, j'ai très rarement des envies de descendre mon placard à gâteaux comme c'était le cas avant. Et lorsque ça me prend, je m'assieds avec le truc convoité et le déguste, lentement. En général, cela suffit pour me calmer.
- Est-ce que ça prend du temps pour que cette méthode soit compatible avec la vie de famille ?
Non, pas tellement. J'ai très vite repris un rythme compatible avec celui de la famille. Mais en revanche, je quitte en général la table avant mes enfants et le churros. Parce que je n'ai plus faim. Je me mets un peu plus loin sur un fauteuil et poursuit ma conversation avec eux ou vaque à mes occupations. J'avoue avoir trouvé le moment où j'ai atteint la satiété mais avoir encore du mal à ne pas manger machinalement, sans faim. D'où l'éloignement lorsque j'estime avoir eu mon compte. Du coup, chacun fait comme cela, lorsqu'il estime avoir fini, il demande à sortir de table. J'ai vraiment l'impression que tout le monde a pris conscience du coup qu'il était idiot de se forcer à manger ou à finir son assiette sous prétexte de gaspillage. Et il n'y a plus jamais de crise sur le mode "tu ne manges rien" ou au contraire "arrête de de gaver". Je ne dis pas que c'est la sérénité tout le temps, mais plus qu'avant, c'est certain.
Voilà, je crois que j'ai fait le tour. J'ai essayé d'être la plus honnête dans ces réponses. Non, tout n'est pas réglé pour moi et je crois que ça ne sera jamais le cas. Ces derniers jours, dans les commentaires, il m'a été reproché à demi-mots de présenter ma vie sous ses aspects les plus positifs. Certaines d'entre vous auraient du coup l'impression que je réussis tout ce que je touche et que mon existence est lisse et parfaite. Si c'est le cas, j'en suis désolée, parce que c'est bien évidemment complètement faux (je rappelle que j'ai par exemple les doigts de pied en chou fleur depuis dix jours, tout de même). Je m'efforce ici de vous épargner mes angoisses existentielles nombreuses et variées (perdre mon pied gauche, pour n'en citer qu'une). Je ne souhaite pas non plus prendre ce blog pour mon psy. Mais il me semblait évident que ce que je tais existe malgré tout. Et s'il est un sujet d'inquiétude qui ne me lâche pas, c'est bien évidemment la perspective de regrossir un jour. Parmi d'autres. Après, on peut appeler ça de la pudeur, de la fierté, de l'arrogance ou que sais-je, mais non, en effet, je ne tiens pas à TOUT écrire ici et ça ne changera pas. (même si je crève d'envie de vous montrer mes orteils, je ne serais pas contre un brainstorming collectif sur ce truc étrange) (on dirait que mes doigts de pied ont été passés au micro-ondes) (ils font des bulles).
Edit: Et oui, je me regarde beaucoup dans la glace. Probalement pour vérifier que je n'ai pas rêvé et que oui, mon corps a changé (y compris mes doigts de pied).