J'ai autour de moi quelques amies enceintes. Je passe sur l'envie parfois qui me prend de planquer un coussin sous mon ventre pour rejoindre leur club, je crois qu'on a tous compris qu'à 75 ans je me poserai encore la question du 4ème.
Mais là n'est pas le propos pour aujourd'hui, je ne voudrais pas qu'on puisse penser que je ramène toujours tout à moi.
Non, ce qui me met hors de moi et me donne envie de bouffer du gynéco, c'est la terreur que leurs médecins ou sage-femme semblent exercer sur mes amies et beaucoup d'autres quant au quotas de kilos autorisés.
Attention, je parle là de femmes ayant débuté leur grossesse avec un IMC à faire pâlir Kate Moss. Et qui, à 6 ou 7 mois affichent une prise de poids d'une bonne dizaine de kilos, ce qui ne les rend pas vraiment obèses. (je pense peser plus lourd qu'elles trois, même aujourd'hui).
L'une d'entre elles, brindille au ventre joliment rond et qui lorsqu'elle est de dos ressemble à une lycéenne, s'est entendu dire hier par son médecin - un gentleman - qu'il allait falloir sérieusement se calmer, si elle voulait "qu'on la reconnaisse à la fin".
Résultat: alors qu'elle aurait du ressortir avec la banane parce que son petit mec présente toutes les caractéristiques du bébé en pleine forme, je l'ai croisée les yeux qui piquaient et méga stressée à la perspective de la prochaine visite. Elle avait peur de se faire engueuler.
J'avoue, ça me rend hystérique. Ah c'est sûr, terroriser et culpabiliser les femmes pour une tablette de chocolat ou deux trois religieuses en trop, c'est hyper facile. Prendre du temps pour leur parler de leur moral, de leurs angoisses, de la façon dont elles appréhendent l'arrivée de leur enfant, c'est déjà un peu plus compliqué. Sans compter que l'anxiété, ça ne se pèse pas, c'est emmerdant.
Je ne nie pas que pour certaines, une prise inconsidérée de kilos peut représenter un danger, pour elles ou le bébé. Je n'ignore pas - ô combien pas - que retrouver sa ligne ensuite c'est difficile et déprimant. Je suis d'accord pour qu'on rappelle doucement aux femmes que l'adage de manger pour deux est un poil surestimé.
Mais je trouve d'une tristesse absolue que ces neuf mois soient dominés pour une grande majorité par la peur de grossir. Ce qui est tout de même un combat perdu d'avance parce qu'à moins d'être une ancienne Spice Girl maquée à un footeux tatoué, pondre un mastard de trois kilos implique nécessairement de s'enrober un peu.
Mais non, désormais, les femmes sont donc priées de procréer light. Je serais curieuse de connaitre les chiffres réels qui prouveraient qu'une prise de 20 kilos pendant la grossesse nuit à la santé, de la mère ou du nourrisson. Je voudrais bien qu'on compare ces risques à ceux du stress induit par les incantations diététiques des gynécos.
Dans ces moments là, je réalise que mon obstétricienne était réellement merveilleuse. Non seulement elle ne m'a jamais fait le début d'un sermon mais surtout, la seule fois où la question fut abordée - aux alentours du 28e kilos pris pour mes jumeaux - elle le fut sous cette forme: "Vous avez une idée de ce qui vous a fait grossir ces dernières semaines ? Est-ce que vous avez plus mangé parce que vous êtes tendue ?".
Ce qui avait déclenché des torrents de larmes salvatrices. Et qui avait réduit le nombre de casseroles de riz au lait ingérées quotidiennement.
J'avais du passer de 4 à 2. Grosse fierté.
C'est amusant, en y pensant, je crois que ma gynéco est la madame Jourdain du zermatage.
Voilà, c'était mon coup de gueule du vendredi. Leave les femmes enceintes alone, merde. Quoi.