Samedi, nous avons sacrifié à ce qui pourrait devenir un rituel: le vide-grenier d'en bas de chez Zaz et donc à deux pas de chez nous. Attention, fashionistas en quête de fringues griffées à bas prix s'abstenir. Cette braderie là n'en a pas que le nom et ne convient probablement pas aux habitants du quart nord-est de Paris, plus habitués à chiner dans des brocantes branchées.
L'occasion de prendre en pleine face une réalité martelée dans les journaux mais pas forcément évidente à appréhender depuis nos petits intérieurs cossus et bourgeois: les gens en chient. Ils en chient au point d'arpenter ces vides-grenier de quartier non par amusement ou désir de dénicher qui un chouette meuble à retaper ou qui d'autre une édition collector d'un vieux 33 tours d'Adamo. Non, ils en chient au point de refaire la garde-robe de leurs gamins en piochant dans les vieilles fringues pour la plupart ultra-usées des vendeurs du dimanche. Ils en chient au point de ne pouvoir dépenser que trois euros pour le superflu. Le superflu étant les bouquins d'enfants ou une dizaine de petites voitures dont les roues ne tournent d'ailleurs pas toujours rond.
Ce n'est pas un scoop, je ne suis pas tombée de ma chaise, hein. Mais difficile de ne pas avoir le coeur serré devant cette fillette qui comptait ses centimes pour arriver à l'euro nécessaire qui lui permettrait de repartir avec cinq J'aime Lire. Impossible de ne pas du coup lui en rajouter deux ou trois dans le sachet, à l'insu de son papa qui mettait un point d'honneur à payer son dû.
Et puis ce petit bonhomme tout rond, qui rodait autour des trois power rangers pour un euro ou cette maman qui a rempli un sac entier de vêtements pour bébés sans même les regarder, parce que 50 centimes pour un body c'est moins cher que chez Tati.
Et puis le thé à la menthe offert par la voisine de stand, intraitable et dure en affaire quand il s'agissait de vendre ses CD mais pas le thé madame, le thé il s'offre, vous n'y pensez pas.
Et puis ce superman soit disant collector que le churros a planqué dans mon sac dès que j'ai eu le dos tourné parce que bon, d'accord pour se débarrasser de cette trainée de Dora mais même pas en rêve qu'on va se séparer de Clark Kent.
Et puis la surprise de croiser une lectrice, Carson de son pseudo, à qui la chérie a réussi à fourguer trois bouquins, luttant contre sa timidité pour les lui raconter. Et non contente d'avoir acheté les dits livres, Carson est revenue quelques heures plus tard, munie de merveilles au nom de Merveilleux, tueries intergalactiques fameuses à Lille et très nouvellement disponibles à Paris dans une boutique éponyme. Gros coup de coeur pour ceux au chocolat blanc mais je pourrais également manger les autres à longueur de journée. Difficile à décrire, une sorte de meringue mi-cuite à la consistance chamallow, fourrée de crème au beurre et au spéculos et recouverte de copeaux de chocolat. Orgasme à tous les étages et gros gros fight le lendemain pour manger les survivants. Rose a gagné, what a surprise.
Et puis ce constat: rien de ce qui dépasse les deux euros ne se vend. Peu importe le prix d'origine, peu importe l'état. Résultat: un butin de 67,50 euros pour une cinquantaine de bouquins, autant de voitures/figurines/cartes pokemon/merdes en tous genre et deux ou trois fringues. A peu près le même bilan pour le stand de Zaz essentiellement vestimentaire. Tout ça pour dire qu'on ne fait pas un vide-grenier pour l'argent, en tous cas pas dans ce coin là (mieux vaut faire des billets sponsorisés). Pourtant, en repartant, délestés de ces objets auxquels - sauf cette catin de Dora - nous étions malgré tout attachés, j'avais l'impression d'être beaucoup plus riche que le matin en partant. Peut-être était-ce le fait de penser à ces petites mains en train de feuilleter nos Tom Tom et Nana ou d'imaginer Spiderman livrant d'autres combats sur d'autres moquettes que la nôtre.
Par contre Dora, bien sûr, on se l'est ramenée.
Bref, on a fait un vide grenier.
Edit: les photos ont été prises pour la plupart par la chérie à qui j'avais confié mon Iphone.