Il y a deux jours, à la boulangerie, la dame devant moi, âgée d'une soixantaine d'années, discutait avec la boulangère.
Et vous avez vu cette pauvre gosse ? Six ans.
C'est affreux, ne m'en parlez pas.
Ce vieux pervers qu'ils ont arrêté. Vous allez voir qu'il restera six mois en prison. Tout le monde le sait. En France, on tue une gamine, on prend 20 ans et on sort six mois après pour bonne conduite.
Mais c'est vrai, vous avez raison.
J'en dors plus la nuit.
Moi s'il fait ça à ma fille de toutes façons, je le tue. Direct. Là le vieux qu'ils ont arrêté on devrait déjà l'avoir tué. Parce qui paie, là, hein ? Et qui paiera après ? Qui va se saigner ?
Mais oui ! Son RSA ! C'est nous. C'est tout le temps nous.
J'en dors plus.
C'est affreux. Pas de procès, je vous dis. La chaise électrique d'office.
C'est complètement dingue. C'est même pas un immigré en plus, de ce que j'ai compris.
J'en dors plus.
Et vous avez vu aussi la semaine dernière, cette adolescente qui s'est pendue ?
Ah mais ça c'est pas la même chose. Ça c'est la télévision. Les jeux vidéos. Elle aura vu un téléfilm et elle aura voulu faire pareil. Par contre lui, là. On lui PAIE SON RSA, je vous dis.
J'en dors plus.
Moi je vous le dis en tous cas. Je suis pour la peine de mort. Direct. Pas de procès. Direct."
J'aurais bien aimé les revoir aujourd'hui, leur demander ce qu'elles se seraient dit si dans leur monde idéal on avait en effet exécuté ce suspect qui à priori était complètement innocent. De ce crime là en tous cas.
Mais j'imagine qu'elles auraient répondu que quoi qu'il arrive, on lui payait son RSA. Il est également probable qu'elles sont désormais concentrées sur le coupable avéré. Avec un peu de chance il est arabe. Parce que ça les gênait un peu, ça, quand même, que "lui, là", soit bien de chez nous.
Il n'empêche que ce qui est arrivé à cette enfant est évidemment abominable. Pour le reste, je suis toujours contre.