Hier j'étais donc invitée à une séance de relooking par Cristina Cordula. L'objectif: immortaliser le travail de miss magnifaïque qui soublimait la fameuse petite robe noire sur chaque participante.
Ce que je n'avais pas compris en réalité c'était que moi aussi je venais pour être soublimée grâce au regard affuté de Cristina. Vous pensez bien que si j'avais capté le truc, j'aurais à minima fait quelque chose concernant les poils d'un centimètre ou deux qui s'épanouissent depuis près d'un mois sur mes mollets. A minima.
Quand on a commencé à me suggérer de passer au maquillage et coiffage, j'ai dans un premier temps poliment décliné: "non, c'est très gentil, je préfère observer, vous voyez ? Je suis journaliste, vous savez". Nadia, qui était là aussi, elle a dit pareil, en plus ferme: "pas question, merci, je suis malade, aucune envie de faire des photos". Aimable, classe, mais sans appel.
Ce qui est étrange c'est que Nadia, personne n'est venu la relancer. Ça doit être ça qu'on appelle l'autorité naturelle.
Qualité dont je suis très manifestement dépourvue.
Mais qui a été généreusement distribuée à bébé cristina il y a quelques années (22 ? 34 ? 42 ? on ne sait pas).
C'est du moins ce que j'en ai déduit lorsqu'elle m'a haranguée alors que je faisais quelques clichés des filles relookées: "C'est ton tour !".
- Nnnnoui, d'accord.
Grande démonstration de fermeté.
Par contre, pas question qu'on touche à mes cheveux, ni qu'on me maquille. Et le photo call, là, c'est niet. (serment solennel prononcé à voix basse) (très basse) (en silence) (après je me suis excusée).
Cristina m'a donc entrainée dans le dressing où une quarantaine de petites robes noires n'attendaient que moi.
Plus exactement, où 39 petites robes noires en taille 32 attendaient les autres filles, pendant que le seul modèle en 38 - 40 se faisait grave chier, rapport que dans la presse féminine, ça se confirme, on ne mange pas. Ou alors on a trouvé le secret de la minceur éternelle.
Cristina, elle m'a demandé ma taille, j'ai murmuré 40 en pensant 42 et je me suis retrouvée à peu près dans le même état que 30 ans en arrière dans les cabines d'essayage des Nouvelles Galeries, avec ma mère suant sang et eau pour me faire enfiler un kilt qui sur moi ne faisait pas vraiment kilt.
"Elle a une belle poitrine", a dit Cristina, sans que je ne comprenne vraiment à qui elle s'adressait, alors j'ai dit "hin hin hin".
Après avoir bien regardé toutes les robes, elle m'a donc tendu celle qui se tournait les pouces depuis le début de la séance, à savoir la plus grande. Je pourrais être relookeuse, j'ai pensé. (j'ai rien dit par contre parce que Cristina est très grande).
Ensuite, donc, j'ai été gentiment invitée (= METS CES COLLANTS, LES TIENS NE SONT PAS CHICS !) à changer mes bas trop opaques et trop... pas chics, pour d'autres en effet bien plus distingués (= avec des fleurs partout). Mais de deux tailles en dessous de la mienne. "REMONTE LES, ÇA MARQUE LÀ (elle a pointé son long doigt tout fin exactement à l'endroit où non seulement mon collant mais aussi ma culotte avaient trouvé une place pépère)", a incanté Cristina. J'ai obtempéré et miracle, à croire que les collants aussi étaient terrorisés, ils ont accepté de se loger un peu plus haut. Ainsi que ma culotte. Y'en a qui n'ont vraiment pas de couilles.
Une fois juchée sur des escarpins noirs de 14 kilomètres de haut (j'avais auparavant essayé des stilettos panthèses - PAS CHICS), j'ai regardé Cristina. Elle m'a regardée. Je l'ai regardée. Et elle a dit:
- Tu es CHIC.
Je crois que le jour où j'ai enfin obtenu mon permis après quatre tentatives infructueuses, je ne me suis pas sentie autant soulagée.
Un peu déçue néanmoins de ne pas avoir reçu le label SEXYYYYYYY qu'elle avait distribué à droite et à gauche avant moi, mais finalement, chic, ça va. C'est mieux que PAS chic.
Je me réjouissais trop vite.
- Maintenant tou vas te coiffer et te maquiller chérrrrrrrrie.
- Mmmm... Mais je suis coiffée et j'ai aussi un peu de fond de t...
- NON. TOU N'ES PAS COIFFEE. PAS CHIC ! ALLEZ VIENS AVEC MOI. STEEEEEVE, CHERRRRI, TU ME LISSES TOUT ÇA LÀ, JE VEUX DU CHICCCC. C'EST OKAYY POUR TOI CHERRRIIEEE ?
- (en pensée: je hais les cheveux lissés, Michel, viens à mon secours, emmène moi au pays de la frange et du soleil). En vrai: Nnnoui ?
Pendant ce temps, Nadia fusillait des yeux toute personne qui éventuellement aurait l'idée saugrenue de lui proposer un coup de blush. Et ça marchait, putain.
C'est donc comme ça que je me suis retrouvée brushée, maquillée, moulée dans une robe trop petite qui - je ne l'ai vu qu'après coup - boudinait tellement mes épaules que mes bras étaient cyanosés et perchée sur des talons de 14 me rendant incapable de m'enfuir. Et par conséquent obligée d'accepter le photo-call ET de porter pour l'occase un énorme sac à pouffe en fausse fourrure, qui a manqué je crois de faire mourir Nadia de rire.
Le summum du ridicule ayant été atteint lorsque le photographe, adorable mais manifestement sous acide, m'a visualisée en femme FATALE, bombant le torse, menton en avant, regard assassin et marchant droit vers son destin de croqueuse d'hommes et de diamants.
FATALE. C'est mon deuxième prénom, ça tombe bien. Si vous êtes sages, je vous mettrai la photo en question plus tard. Mais c'est pas sûr, tant que je n'ai pas trouvé comment photoshopper mes bras.
Voilà, ce fut donc mon expérience pretty woman. En vrai c'était très drôle de se retrouver dans cette ruche pleine de filles surexcitées à l'idée de se déguiser le temps d'une photo. La maquilleuse était une magicienne qui m'a fait perdre quelques années en deux ou trois secondes et qui en plus était hyper gentille. Quand au hair stylist, il a été chou, il a fait un brushing pas trooop lisse (alors que ça se voyait qu'il avait peur lui aussi). Et Cristina ? Ben c'est Cristina, quoi !
Les photos ont été prises avec le dernier téléphone Blackberry torch 9860 que l'on m'avait prêté pour l'occase et les petites robes noires étaient mises à disposition par Ebay qui fête actuellement les 85 ans de la LBD ( little black dress). Merci Anaïs, c'était un chouette moment !
Edit: à la demande générale, voici la photo. C'est une photo de photo en réalité, elle m'a été donnée sur papier. Je crois que l'attitude de winneuse ne me réussit pas du tout, c'est quoi cette grimace, hein ? Et peut-être qu'en réalité, je m'apprécie plus avec des lunettes. Je précise d'ailleurs que j'ai décidé comme une grande de les enlever, non, je ne suis pas un pantin !
Ah et en fait le collant et la culotte en ont profité pour se remettre au creux d'un bourrelet...
Edit2: en fait je l'ai enlevée, je ne l'aime vraiment pas :-)