Je suis donc retournée voir Michel vendredi - sur son injonction express, dois-je le rappeler ? - et comme par enchantement, j'ai retrouvé un semblant d'amour de moi.
J'exagère mais à peine. J'avais un peu passé la nuit à jouer à cache-vomi avec ma fille et comment vous dire ? Ça ruine l'estime de soi, de se servir de ses mains comme d'une bassine en attendant que le churros reconnecte ses neurones et ait l'idée brillante d'aller me chercher une serviette (son premier réflexe ayant été de me lancer mon pantalon de pyjama). (je préfèrerais qu'on ne s'aventure pas sur le terrain glissant du pourquoi il avait mon pantalon de pyjama à portée de main).
Toujours est-il que dans mon indignité de mère - et aussi parce que j'avais peur que Michel mette (littéralement) un contrat sur ma tête en cas d'annulation - j'ai laissé Rose à ses frère et soeur quelques heures pour me ravaler sinon la façade, au moins la chevelure.
Quand je suis arrivée, y'avait de l'influente partout. Quand on pense que certains vont à la conférence de Le Web porte de Versailles alors que ce qui se fait de mieux en e-réputation était tranquillement en train de se faire brusher chez Privé, ça montre un peu le niveau de la netosphère française.
Bon, étant donné que je suis une vraie blonde sauf que mes cheveux l'ont un peu oublié avec les années, je suis restée beaucoup plus longtemps que mes comparses 100% naturelles (mouahahahha). Le temps, donc, de demander timidement à Karine la magicienne si moi aussi un jour je pourrais avoir un ombré hair (c'est ce qui vient de remplacer le headband au palmares des must have des modeuses). Et de m'entendre répondre - avec une grande délicatesse néanmoins - que comment vous dire... "on peut toujours. Mais comme vous avez quelques cheveux blancs il vaut mieux oublier".
Ok, je suis donc une bassine à vomi, mais vieille, me suis-je dit en ravalant mes larmes. Mais comme en vrai je n'avais pas réellement envie d'être bicolore de la crinière - sur Marie c'est rock, sur moi ç'aurait fait tie and die - j'ai lâché l'affaire. D'autant que Karine est une magicienne de la blonditude et qu'une fois de plus, elle m'a bluffée. Bien malin qui pourra dénicher un de ces salopards de cheveux blancs depuis que je suis passée entre ses mains expertes.
Ensuite, Michel, que j'avais du caresser - au sens figuré - dans le sens du poil tout ce temps là pour regagner sa confiance suite à mon infidélité capillaire ("mais qu'est-ce qui vous a pris Caroline, qu'est-ce-qui-vous-a-pris ? Ne me refaites plus jamais ça. Ne-me-re-fai-tes-plus-jamais-ÇA"), m'a demandé ce qu'on faisait.
Plus jamais ça, j'ai répondu. Il n'a pas ri. Certaines douleurs sont tenaces.
Comme je n'étais pas en odeur de sainteté, j'ai au final préféré m'en remettre complètement à lui. Il fallait un geste fort pour lui montrer qu'on était toujours ce couple flamboyant quoi qu'improbable et que ça n'était pas un petit amant d'un soir ne sachant en plus pas se servir de son fer à lisser qui briserait ce que nous avions mis tant de temps à construire.
Alors il a coupé, effilé, frangé. Puis séché. En les froissant de telle manière que mes baguettes deviennent chiaramastroianiennes comme par magie. Procédé que je m'avère systématiquement incapable de reproduire chez moi. "Je m'avère systématiquement incapable de reproduire ça chez moi", lui ai-je d'ailleurs dit à peu près en ces termes.
Là, Michel m'a toisée avec un léger dédain (il est rancunier je crois): "vous ne savez pas leur parler, que voulez-vous que je vous dise".
Haaaaan, c'était petit.
Mais j'ai encaissé avec dignité.
Je crois que la route est longue avant qu'entre lui et moi ce soit à nouveau comme avant. Mais en amour comme en cheveux, il faut des défis pour maintenir la flamme.
Je vais essayer de ne plus jamais vous décevoir Michel. J'en fais serment.
En attendant, je ne dois en effet pas savoir leur parler à ces satanés tifs parce que de Chiara Mastroiani je suis passée à Jean-Pierre François le temps d'un shampoing. Mais je me suis kiffée grave jusqu'à dimanche ce qui n'est pas si mal compte-tenu du nombre de vomis rattrapés à la volée durant ces trois jours.