Il faut tout de même que je vous raconte qu'on a été à deux doigts ou plutôt en l’occurrence à une lettre de ne pas partir à Maurice. A savoir que vendredi soir vers 22h, je me suis piquée de nous enregistrer en ligne pour avoir un hublot (oui, je suis terrorisée en avion mais jamais avare d'un paradoxe j'ai besoin de VOIR. De même qu'il est hors de question d'avaler le moindre somnifère, pour la bonne raison que a) s'il y a un problème je veux être au courant b) je n'arrive pas à m'enlever de l'idée que pour nager au cas où, c'est mieux d'être en pleine possession de ses moyens). Vendredi soir, donc, je me suis connectée sur Air Mauritius pour le checking online.
« Hin hin hin », que je dis alors au churros. « Ils se sont trompés dans ton nom ». Bizarrement, le churros n'a pas tellement rigolé, alors que c'était drôle, sans vous livrer le peu qui lui reste d'intimité, la lettre transformait son patronyme de manière assez cocasse. Pour vous donner une idée, disons qu'il s'appellerait Labote, et bien là bim, c'était Churros Labite.
Il n'a pas rigolé, donc, d'autant que, m'a-t-il fait remarqué, ce n'était probablement pas « ils » qui s'étaient trompés mais « tu ». Moi, en quelque sorte. Je me suis insurgée avec énormément d'emphase en lui brandissant la confirmation d'Opodo reçue deux jours auparavant. Sur laquelle s'étalait en lettres capitale le numéro de billet électronique de... Churros Labite.
Bah, j'ai admis, j'ai ripé, en même temps le O et le I sont à côté. Et puis (toujours attaquer pour se défendre, règle d'or number one), il est évident qu'en ne faisant rien, on ne se trompe pas. Or qui s'est démené comme un diable pour dénicher les deux places qui restaient dans l'avion du samedi, hein ? Et qui reste garder les enfants quand ils sont malades, hein ? ET QUI SE TAPE LES DEVOIRS LE SOIR ? (rien à voir mais tout le monde sait bien que ça n'est pas la question).
Je ne vous surprendrai pas en vous apprenant qu'à la fin le churros s'est excusé pour son erreur. En revanche, là où on a commencé à être salement flippés, c'est quand le monsieur d'Air Mauritius nous a informés qu'il n'était pas du tout certain qu'on nous laisse monter dans l'avion. A l'instar, le lendemain, de la dame – pas très gentille – de chez Opodo qui parait-il ne pouvait pas du tout changer de bite en botte au débotté.
Bref, jusqu'au dernier moment, à savoir au guichet d'embarquement à Roissy, nous n'avons pas su si nos valises pleines à craquer de crème solaire (Maurice doit se trouver pile poil sous le trou de la couche d'ozone) nous serviraient à quelque chose. Et puis nos mines dépitées ont joué en notre faveur et le monsieur a consenti à mettre un o à la place du i, redonnant à la fois le sourire et sa dignité à mon époux. Par contre, il a prévenu, deux lettres et on était marrons. Sachez-le mesdames et messieurs. Le pire c'est que lorsque j'avais rempli le formulaire, j'avais vérifié dix fois sa date de naissance tellement j'avais peur de me tromper. J'en déduis que mon cerveau tentait alors de m'envoyer un message, sauf qu'il était crypté. Crétin d'inconscient, va.
A part ça, mes cheveux font une réaction étrange au taux d'humidité ambiante. Michel ne les reconnaitrait pas.