Coucou, c'est le Churros qui vous écrit. Je me suis dit que ma blogueuse de femme avait bien le droit à un jour de billet free en vacances. Alors, exceptionnellement, je la remplace (ne vous inquiétez pas, vous la retrouverez lundi) pour vous parler d'un bouquin.
Et pas n'importe lequel puisqu'il m'a été offert par ma douce et tendre (vous voyez, elle est pas loin) pour notre... si pitoyable Saint-Valentin. J'ai donc trouvé assez logique (désolé, je suis un mec) de lire cet ouvrage durant notre-voyage-de-noce-avec-cinq-ans-de-retard-où-on-a-failli-pas-partir-parce-que-madame-s'est-gouré-dans-l'orthographe-du-nom-de-son-époux-et-accessoirement-père-de-ses-TROIS-enfants-mais-comme-c'est-un-chic-type-il-lui-en-veux-pas-du-tout-du-tout. Il s'appelle "Super triste histoire d'amour". Il a été écrit par Gary Shteyngart. Je n'avais rien lu de cet auteur auparavant (faut dire que je lis pas des masses).
Toujours est-il que je me suis retrouvé à fond dans le personnage du roman. Comme lui, j'ai 39 ans (+ bientôt 3 ans pour moi). Comme lui, j'ai des origines juives (bon, ok, c'était les parents de ma grand-mère... paternelle qui, un pressentiment ? - se sont convertis au catholicisme - et leur fille avec - en 1938). Comme lui, ma mère n'a toujours pas compris en quoi consiste réellement mon travail (elle me croit assureur alors que j'écris dans un canard sur l'assurance). En revanche, je ne suis pas obnubilé par la mort (mais rassurez-vous, j'ai plein d'autres TOC et autres phobies) comme le héros, Lenny Abramov.
Il est vrai qu'à l'époque où il vit (le futur, mais on ne sait pas en quelle année), à 39 ans, on est considéré au mieux comme un fossile. D'ailleurs, on arrête pas de lui dire à ce pauvre Lenny, à la calvitie plus que naissante (je tiens à souligner que MOI, je ne perds pas mes cheveux) et aux poignées d'amour (no comment), qu'il est vieux : son patron, ses collègues, ses amis et même ses parents immigrés russes (non, les miens sont originaires de Tarbes). Difficile dans ces conditions de ne pas se sentir avec un pied dans la tombe.
Mais, c'est surtout sa copine, Eunice, la vingtaine à tout casser et dont il est follement amoureux, qui lui fait sans cesse remarquer à quel point il est un croulant. Alors qu'en définitive, c'est tout son monde (et le futur tel que nous commençons à l'entrevoir), avec une Amérique percluse de dettes à la solde d'une Chine toute puissante, un dollar indexé sur le yuan, le repli sur soi généralisé, la montée des fanatismes, les données personnelles rendues publiques, la dépendance aux outils de pseudo communication, qui est en train de s'écrouler.
Bref, vous l'aurez compris, plus que du banal sentiment de déclin d'un presque quadra mâle blanc, le roman traite du déclin de l'empire américain, voire de la société occidentale dans son ensemble. Il y a des trouvailles dans ce bouquin. Comme ces poteaux de crédit dans la rue qui indiquent aux passants, quand vous passez devant, l'état de votre compte bancaire. On en est pas si loin. Il y a déjà quelques années, un copain, installé à New York, m'expliquait que la deuxième question que lui posait irrévocablement une fille avec qui il avait un "rendez-vous" (en français, dans le texte), était le nom de sa banque. Vue qu'il était chez Citygroup (l'équivalent de la Banque Postale), il a fini par comprendre qu'il n'aurait jamais aucune chance...
Bon, je vous laisse, je ne sais pas si je vous ai donné envie de lire "Super triste histoire d'amour", mais taper un texte sur un iPad (Caro a accaparé l'ordi), c'est trop galère. Bisous mes cailles
Édit : en vérité, j'ai pas trouvé qu'elle était si pourrie que ça notre soirée de la St-Valentin. Et puis, disons que l'aquarium, c'était une sorte d'avant-goût de l'île Maurice, non ?