Hier, je descendais la rue Jean-Pierre Timbaud, dans le 11ème arrondissement de Paris. Je suis passée devant ce premier appartement que nous avons habité le churros et moi, celui où les twins furent conçus. J'ai eu un pincement au coeur, comme à chaque fois. Les années filent à la vitesse de la lumière alors qu'il me semble que c'était hier que nous appelions mes parents pour leur annoncer qu'il y en avait deux.
Nous sortions du cabinet de ma gynécologue, rue Jean-Pierre Timbaud, justement.
Hier, juste avant moi, elle recevait une jeune femme qui ne cessait de caresser un ventre encore inexistant, avec une fierté non dissimulée. Et juste après moi, c'était au tour d'un couple fébrile, autant que nous l'étions dans cette salle d'attente il y a si peu de temps et pourtant un siècle.
Hier, elle m'a demandé si on gardait ce stérilet, si j'avais d'autres projets. J'ai aimé qu'elle me pose la question, comme une confirmation de cet encore possible. Pourtant, j'ai répondu sans l'ombre d'une hésitation qu'on ne changeait rien, non. Il me semble avoir tant encore à prouver, tant à vivre, tant à découvrir, que cette porte se referme sereinement. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai enfin la certitude qu'un bébé ne fait plus partie du tableau. De la nostalgie, il y aura toujours. De la tristesse aussi parce que ces douze dernières années furent si belles et si douces que leur dire au revoir ne se fait pas sans un pincement au coeur. Mais hier, en descendant la rue Jean-Pierre Timbaud, je me suis sentie légère et prête à entamer un autre épisode de cette drôle de chose qu'est la vie.