Samedi je suis allée pour la première fois de ma vie au Stade de France ET voir un match de rugby. Heureusement, j'avais à mes côtés un connaisseur hors pair de toutes les règles (et il n'y en a pas qu'une, franchement que je n'entende jamais personne me dire que les rugbymens sont un peu limités, je mets au défi quiconque de maitriser les subtilités de ce jeu tout de même hyper retord qui exige notamment que tu AVANCES pour marquer un essai SANS JAMAIS PASSER LE BALLON PAR DEVANT TOI). Sans rire, quand je vois que faire attention à la fois au feu rouge, à l'embrayage et à la pédale de frein relève pour moi de l'impossible, je reste sans voix devant le nombre d'informations que les mecs venus d'Ovalie ont à gérer. Tout ça en n'étant jamais à l'abri de se retrouver la tronche coincée entre la pelouse et la chaussure d'un ailier. Ce qui a l'air en général de leur en toucher une sans faire bouger l'autre d'un milimètre (faut dire qu'à priori elles sont en titanes).
Toujours est-il que j'ai tenté d'assimiler toutes les précisions que me transmettait avec une certaine patience mon voisin, voisin qui j'en ai peur a pu à un moment se demander ce qu'il avait fait pour mériter ça. Ce qui ne l'a pas empêché de m'expliquer avec une grande gentillesse que NON L'OBJECTIF DE LA MÊLÉE N'ETAIT PAS FAIRE LA RONDE. (Et encore, s'il savait le nombre de fois où je me suis retenue de crier "corner" quand la balle sortait) (ce qui arrive assez souvent au rugby, c'est même d'après ce que j'ai compris un peu LA BASE DU JEU de mettre en touche) (je me disais bien aussi au bout d'un moment qu'ils étaient soit très maladroits, soit qu'ils le faisaient exprès) (ils le faisaient exprès) .
Au delà de ça, je dois confesser avoir pris un plaisir assez coupable à contempler les assauts de ces bêtes de scènes, attendant avec une certaine gourmandise les plaquages ou plongeons sur le ballon. Plongeons ne laissant aucun doute quant à la musculature de ces fessiers qu'on aurait pu juger un peu gros de loin. J'ai aussi eu plus d'une fois les larmes aux yeux quand les 70 000 personnes acclamaient une pénalité, un drop ou un essai. Ça m'a rappelé quand petite mon père m'avait emmenée à Gerland, le stade lyonnais, applaudir l'OL qui n'était à l'époque qu'en deuxième division. "Ly-onnais , Ly-onnais, Ly-ON-Nais, si cette équipe vous emmerde, on va, on va, on va la faire gagner".
Je me demande si mon ultra-émotivité dès que je suis au milieu d'une foule un poil enthousiaste ne vient pas de là. Une sensibilité qui m'a plus d'une fois légèrement handicapée lorsque, agencière, je devais couvrir une manif. A première vue, rien de très galvanisant à suivre un petit millier de chercheurs énervés et gueulant contre un décrêt aux conséquences obscures sur leur statut (obscures pour moi, hein, je ne nie pas la légitimité de leur combat, que les chercheurs me lisant ne me jettent pas immédiatement des thèses sur la tête, je crois avoir fait partie des journalistes ayant le plus couvert leurs mouvements des dix dernières années). Et bien à tous les coups ça marchait, alors que j'étais censée interviewer les gars du carré de tête, il fallait que j'écarquille grand mes yeux pour empêcher les larmes de s'y accumuler.
Avec tout ça je crois que j'ai un peu perdu le fil de ce billet qui n'en avait peut-être pas vraiment. Si, je crois que je voulais m'exprimer sur cette bizarrerie qui fait que j'adore regarder le sport en vrai ou à la télé alors même que je suis, je pense, la personne la plus inapte qui soit dès qu'il s'agit de brûler plus de dix calories.
Je dois être sujette au voyeurisme, si ça se trouve.
Et aussi je voulais en profiter pour passer un message personnel de remerciements à ma copine S. qui m'avait invitée samedi, ainsi qu'à G., à l'origine de cette belle idée et enfin à M. qui m'a donc un peu déniaisée du rugby.
Bonne journée, demain on parlera bijoux (annonceurs potentiels, ne fuyez pas, ce blog peut, à ses heures être glamour).
Edit: Ah et aussi, vous en connaissez beaucoup vous des gars qui parviennent à rester plus virils qu'une armée de légionnaires alors qu'ils sont moulés dans des combishorts roses ? Non ? Et bien ça se voit que vous n'avez jamais vus des joueurs du Stade Français. (ceci étant dit, comme j'étais coincée entre deux Toulousains, j'avais décidé que mon coeur battait rouge et noir pour cette fois-ci).