(avant la chute) (juste avant)
Difficile d'atterrir au sens propre comme au figuré, après trois jours aussi intenses. Je n'ai pas roulé ma bosse sur la terre entière mais mine de rien, j'ai eu la chance depuis que je suis en âge de voyager, de voir quelques beaux endroits.
Rien toutefois de semblable à ce qui m'a été donné de contempler en Islande. Est-ce parce que mon quotidien est à 100% urbain ? Parce que je suis partie à deux doigts du burn out, consciente que ce périple serait en outre un oasis au milieu d'un mois surchargé professionnellement ? Parce que l'alchimie s'est faite très naturellement entre les six protagonistes de cette aventure ? Probablement tout ça en même temps. Le fait est en tous cas que je me souviendrai longtemps de cet état d'étonnement permanent.
Comme j'ai déjà brûlé quelques cartouches, pressée que j'étais de vous raconter en direct mes émotions, difficile aujourd'hui de reprendre un récit linéaire.
Mais tout de même, laissez moi préciser le contexte: Nous sommes donc partis trois jours en Islande, invités par Icelandair, sur une initiative de Paingout. Outre ce dernier, photographe des courbes et des déliés, il y avait donc Violette, Walinette, Sebastien (garçon looké) et Korben (garçon connecté), qu'on ne présente plus aux geeks mais peut-être encore un peu aux filles qui comme moi ignoraient par exemple jusqu'hier ce qu'est un dropbox.
Je parlais d'alchimie, elle a été immédiate et c'était d'autant plus notable que ce mélange garçons/filles, blogueuses chiffons et garçons technos, c'était un peu improbable. Mais tout le monde sait bien en même temps que l'improbable est mère de toutes les joies. Non ?
Au départ, c'était amusant, chacun est resté sur son territoire, les geeks parlant geekeries, et les modeu(r)ses papotant moderie. Et puis à la fin, voilà pas que Korben se mettait à shooter des looks pendant que Walinette et moi on parlait hébergeur, SEO et autre désimlockage d'Iphone (pas évident évident).
Sans vouloir nous vanter, je crois qu'à notre contact, ces hommes bruts de décoffrage ont beaucoup appris de nous. Quant à moi, j'ai compris tout l'intérêt de partir avec une star de la techno, le soir où j'ai prêté mon mac à Korben, en omettant de le prévenir qu'ouvrir Firefox avait tendance à rendre mon ordinateur un poil buté (plantage assuré et systématique). Quand je le lui ai signifié, il m'a répondu avec autant de naturel que s'il m'avait montré la direction des toilettes: "Ah, ça, ? C'est bon, je te l'ai réparé".
Deux ans que je tente de trouver une solution, non sans avoir appelé la hotline de la Fnac, reformaté le disque dur et téléchargé douze détecteurs de virus.
C'est à dire que depuis, je sais que Dieu existe. Il a un compte twitter qu'il signe d'un K qui veut dire Korben.
Bref, les autres gars n'étaient pas en reste, qu'il s'agisse de Paingout et de son oeil avisé et bienveillant, nous photographiant pieds nus ou presque dans la neige et nous faisant croire l'espace d'un instant que nous étions des bombes atomiques, ou Sebastien, galant, prévenant et jamais le dernier pour se mettre à poil, avec là aussi une nonchalance faisant passer les strip-teaseuses du Pink Paradise pour des nonnes protestantes.
Ceci étant dit, quelques mots, donc, sur la façon dont s'est déroulé ce mini-séjour. Après avoir plongé dans le Blue Lagoon dès la sortie de l'avion - ce que je conseillerai désormais à tous ceux souhaitant venir en Islande, il s'avère qu'on laisse vraiment fondre ses soucis dans l'eau pleine de silice -, nous avons passé une excellente soirée au RUB23, un restaurant proposant notamment des sushis à la mode islandaise. Ce qui est moins incongru qu'on pourrait le penser, les saumons ici remontent les rivières à la pelle.
Le lendemain, nous sommes donc partis en hummer, accompagnés de Einer, guide et chauffeur, incollable sur son pays et accessoirement DJ de compétition doublé d'un don certain pour la photographie (c'était son premier métier). Première étape, le lac de Öllufsvatn dont les eaux viennent du glacier de Langjökull non sans avoir été filtrées par les roches volcaniques. Résultat, une visibilité impeccable à plus de vingt mètres de fond. Hallucinant.
Juste à côté, une grande facade de pierre qui pourrait évoquer Petra - bien que n'y étant jamais allée mais Violette si et je la crois - et qui fut en l'an 900, le Parlement d'Islande. Les gars se mettaient là et grâce à l'accoustique, pouvait parler sans micro à toute la vallée.
Moi j'y ai laissé un petit souvenir, un bout de mon coccyx, précisément (enveloppé dans ce qu'il me restait d'amour propre). La scène en elle même avait un certain cachet. Alors que nous empruntions une sorte de pont en bois longeant le fameux parlement, Florence, notre accompagnatrice, a lancé un strident: "attention ça glisse !". Sur le "s" de "glisse", mes pieds ont dans une parfaite synchronicité décollé du sol, pendant que mon postérieur, lui, s'y précipitait. J'ai compris tout le sens de l'expression "cul par dessus tête". Je me suis bien sûr relevée en assurant à tout le monde que ça allait, "pas de mal, pas de mal", malgré mon cul justement qui hurlait en silence que p#@@%%$ de sa race. C'est étrange comme après un gadin, la seule préoccupation qu'on a c'est de prendre l'air le plus détaché possible, histoire d'échapper aux regards mi-compatissants mi-hilares des témoins de la scène. Genre tu te remets debout comme si de RIEN n'était et ça même si ta cheville est cassée en trois (une fois que tout le monde est parti, tu pleures ta maman).
(Einar, à l'échelle de sa voiture)
J'ai malgré tout apprécié l'endroit à sa juste valeur et suis vaillamment repartie à la conquête des chutes d'eau de Gullfoss, les plus célèbres du pays. Un arc en ciel de malade nous y attendait. Un arc en ciel qui se méritait puisque là aussi la descente était quelque peu périlleuse en UGG. Mais par un miracle inexpliqué à ce jour, je n'ai pas vacillé. Pour finalement me ramasser comme une merde sur un pierrier boueux alors que j'étais A L'ARRÊT. Sous vos applaudissements. A ce moment là, mon coccyx m'a clairement dit d'aller me faire voir et a rendu son tablier.
(qui a oublié d'éteindre les chandeliers hier, hein, QUI ?)
Une soupe à l'agneau qui tue plus tard et des tas de "ahhh" et de "ohhh" devant ce champ de glace formé par les goutelettes de vapeur d'eau de la chute, nous sommes repartis, direction le glacier.
Mais comme mon billet est déjà d'une longueur indécente, je vous propose de m'arrêter là pour aujourd'hui.
Non sans vous avoir livré deux ou trois constatations supplémentaires sur l'Islande (les précédentes sont ici):
- Là bas le soleil met deux heures à se lever et autant à se coucher. Ce qui donne une lumière dorée et rasante toute la journée ou presque qui rend tout le monde beau, en plus de sublimer n'importe quelle pierre volcanique.
- Je ne suis jamais allée au grand canyon, encore moins sur Mars ou la Lune mais par moments, franchement, on s'y croirait.
- Les Islandais aiment leur pays. Ils en parlent avec passion, sans être revendicatifs ou quoi, mais on sent à quel point ils en sont imprégnés et nourris.
- J'en reparlerai mais la bouffe là bas est tout sauf mauvaise, c'est même tout le contraire. Sur les cinq repas, un seul fut décevant, le reste était absolument merveilleux.
- Les Islandais ont un sens de l'humour très particulier. Einer nous a raconté cette anecdote d'un débat télévisé entre deux candidats aux élections, dont celui qui était sûr de l'emporter a annoncé à l'autre que finalement, il avait décidé de se retirer. Le challenger, un peu sur le cul, cache alors sa joie, mais assez mal, n'en revenant pas d'être finalement dans la course alors que c'était bien mal barré. Au moment où il s'apprête à réagir à la déclaration pour le moins tonitruante de son concurrent, celui-ci l'arrête alors: "It was a joke" (en islandais). Vous imaginez ça chez nous ?
- Les Islandais parlent tous anglais, du coup on leur pardonne cette langue qui ressemble à un jeu de scrabble où il n'y aurait pas ou presque de voyelles.
- L'absence d'arbres est étonnante et déstabilisante, mais on s'y fait.
- Les chevaux et non pas les poneys - visiblement se faire traiter de poney, pour un cheval islandais est un peu la pire des insultes - appartiennent à une race totalement pure, les Islandais n'acceptant aucune importation d'un quelconque animal sur leur territoire. Résultat, ces adorables bestioles ne se contentent pas de trotter, marcher ou galoper, ils ont cinq pas différents, dont l'un, sorte d'"avant-trot", est "parfait pour boire sa bière sans en renverser". Je vous ai dit que je kiffe les Islandais ?
Allez, je vous laisse pour aujourd'hui. Demain y'aura du glacier, des fesses, des mitaines oranges et des stilettos dans la neige. Et peut être un peu d'Eva Joly. On a hâte.
To be continued...
Edit: aucune de mes photos ne rend hommage à ces paysages magnifiques. Je vous suggère d'aller regarder celles de Violette et de Cécile qui sont à mon goût meilleures que les miennes.
Edit2: je préfère prévenir, cette semaine sera en grande partie islandaise (à moins d'un événement vraiment important qui nécessiterait une prise de position immédiate de ma part, genre Valérie T. qui réactiverait son compte Twitter) et devrait aussi compter un billet sponso. Ceux et celles que les billets voyage gonflent ne pourront pas dire que je ne les ai pas prévenus.
Edit3: Je ferai un petit topo "info pratiques" à la fin, beaucoup d'entre vous me l'ont demandé, sachez en tous cas qu'il est possible de partir trois jours pour environ 359 euros par personne (ce qui revient à peu près au même qu'un we à Londres). En s'y prenant à l'avance par contre à mon avis.