Le premier billet que j'ai écrit sur ce blog parlait de la torture de la cabine d'essayage. Du plus loin que je me souvienne, cet exercice consistant à me déshabiller et enfiler des fringues dans des magasins est l'un des plus douloureux qui soient. Bien sûr, avoir minci a un peu arrangé les choses, mais pas tant que ça en réalité. De fait, je continue à faire du shopping seule, de préférence dans des enseignes où aucune vendeuse ne vient me conseiller ou inspecter la façon dont telle jupe me sied ou tel jean moule mes fesses. Ma copine Zaz vous en parlerait mieux que moi, je suis une teigne dans les magasins, je deviens assez rapidement passive/agressive, déprimée que je suis de constater que RIEN NE ME VA et rattrapée très vite par mes vieux démons: je suis encore cette enfant empêtrée dans ses complexes et terrée dans la cabine, attendant que sa mère revienne avec la même robe mais en plus grand. Sauf qu'au rayon enfant, le 42 ça ne court pas les rues.
Ce petit préambule posé, autant vous dire que la partie "rencontre des designers islandais et séances d'essayage pour shootings décalés" de ce séjour n'était pas nécessairement celle qui m'excitait le plus. D'autant que mes deux comparses, elles, sont de celles à qui tout va, même les trucs les plus improbables. Et de fait, je me suis un peu fait prier toute la matinée, renaclant à choisir une tenue, convaincue que de toutes façons ça ne m'irait pas. Et puis doubler l'essayage d'une photo immortalisant mon malaise rendait l'exercice encore plus problématique.
C'était sans compter Cécile et Violette qui ont été vraiment chouettes, faisant mine de ne pas vraiment remarquer ma gaucherie, suggérant qui une robe, qui un pull, me glissant que ça, non, laisse tomber, ça ne va à personne, mais ça, oui, essaie, je t'assure, ça pourrait le faire. Et puis Paingout a cette façon un peu autoritaire de prendre ses photos qui est paradoxalement assez rassurante: "ouvre un peu la bouche, ça fait con en vrai mais sur les photos ça rend bien (c'est vrai et je n'y croyais pas)", "oublie tes bras, on s'en fout que tu trouves que tu as des gros bras, n'y pense pas", "regarde moi, non, là, tourne un peu la tête, enlève tes lunettes, tiens toi droite". Et puis il a un regard pile à la bonne distance, ni complaisant ni jugeant, qui fait que je suis passée outre ce vertige de s'offrir justement à ce regard - pour une fille qui se planque derrière une frange et des énormes lunettes, ce n'est pas rien.
Bref, j'ai fait des photos de moderie. Faudrait voir en plus à ne pas oublier que je suis le deuxième blog fashion de l'hexagone.
Durant ce petit périple dans Reykjavik, nous avons donc rencontré les designers de "Farmers market", le lieu que j'ai d'ailleurs préféré, avec des habits me ressemblant le plus, même si c'était donc le début et que je n'ai donc osé que ce pull islandais en laine plus douce que les traditionnels, assorti de cette écharpe en je ne sais quelle vraie ou fausse fourrure.
Les deux stylistes de la marque
Ensuite, ça a été le tour de Steinuun. Ce jour là, je n'avais encore commis aucune gaffe ni n'étais tombée nulle part. Mais l'arrivée totalement incongrue d'Eva Joly dans ce showroom au beau milieu d'un enfilement de hangars à la périphérie de la capitale islandaise a mis fin à ce cycle de perfectitude. Eva Joly, donc, avec ses lunettes vertes et un manteau qui lui aussi était en quelque chose ressemblant tout de même vachement à du vison, excepté que je ne suis pas connaisseuse donc je ne vais pas faire courrir ce bruit selon lequel la candidate des Verts porterait de la fourrure. Non, je ne vais pas. Il n'empêche que moi Eva, je l'aime bien. Et que je suis aussi frappée du mal de l'adoreuse de people, qui me taraude dès que j'en croise un hors contexte. N'osant pas l'aborder, je me suis dirigée vers l'homme qui l'accompagnait et qui m'avait l'air gentil. Et je lui ai dit en ces termes à peu près: "je n'ose pas déranger votre femme mais dites-lui que cette rencontre fortuite est tout de même drôlement amusante et que j'ai admiré son combat de ces dernières années". Il m'a laissée faire mon speech pour me répondre, embarrassé: "I don't speak french". Qu'à cela ne tienne, j'ai reformulé dans mon anglais fluently: "Say hello for me to your wife, I admire her but I'm to shy to tell her".
Et là, la réponse, comme un couperet, devant mes acolytes hilares: "She's not my wife".
Hin hin hin.
Peut-on décéder de honte, me suis-je demandé ? A priori non, d'autant que magnanime, celui qui devait être son chauffeur ou son assistant m'a gentiment prise en pitié et emmenée la voir pour que je lui refasse mon petit discours. Dont elle n'a pas eu grand chose à faire je crois. J'ai compris les 2%, cette femme est sûrement très bien mais ce n'est pas une politique capable de sortir un sourire ultra-brite quand on l'accoste. Dommage.
Ensuite, j'ai donc essayé cette robe à froufrou sur laquelle je n'aurais pas parié un kopeck et qui finalement ne rend pas si mal.
Enfin, last but not least, Kron by Kronkron. Je sais, nous aussi ça nous a fait la journée. Je pense qu'on l'a répété comme un gimmick une bonne centaine de fois. J'imagine qu'en Islandais ça ne sonne pas comique cela dit. Dans ce magasin multimarque très "colette like", il y avait du Rykiel, Acné - "la marque des boutonneux ?" pour un Korben très au fait des tendances - , Marc Jacobs, etc et aussi la marque KronKron (en fait j'avoue ça me fait encore ricaner en l'écrivant, ça ne passera jamais). A mon avis, Bjork est une des clientes. Le genre de fringues que je n'imagine pas une seconde porter mais qui, il faut l'avouer, a du chien une fois essayée. Certes je ressemble un peu à Arlequin(e), mais franchement, dans cette robe/tunique vaporeuse et jouant subtilement avec les transparences, je me suis sentie super sexy. Sans parler des shoes improbables étonnamment très confortables. Je vous conseille d'aller voir Violette dans sa tenue, elle est vampissime.
Voilà, le reste de la journée s'est passée à déambuler dans Rekjavick, petite ville ultra zen dont les rues finissent toujours par déboucher sur la mer et les montagnes. Je ne dirais pas qu'elle est magnifique, mais il y a cette atmosphère très chaleureuse qui m'a rappelé Stockholm, Copenhague ou Bergen, trois villes du Nord que j'ai visitées et beaucoup aimées.
Le séjour s'est terminé sur un resto assez bof, le seul de ces trois jours, il faut dire qu'on aurait du se méfier du concept "tapas meets Iceland".
Je vous avais promis par ailleurs un encadré "pratique", le voici.
- Nous avons dormi à l'Icelandair Hotel Reykjavík Marina. Un endroit hyper bien placé, dont les chambres donnent sur le port et ses énormes bateaux. Un trois étoiles assez cher sans être inaccessible, très animé le soir, un peu le "place to be" visiblement de la ville. (ci-dessous des photos prises depuis mon petit balcon et des petits déjeuners absolument merveilleux ainsi que des clichés de l'hôtel pris par Seb)
- Il faut absolument aller manger les langoustine au Restaurant Fjöruborðið - www.fjorubordid.is qui se situe à une quarantaine de minutes de Reykjavik mais ça vaut le coup. J'en profite pour faire un apparté (une apparté ?). Le routard qui dit souvent des conneries cela dit, parle de la nourriture islandaise en des termes peu flatteurs, en gros on comprend qu'on y bouffe de la merde. Or rien n'est plus faux. Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'endroits où on mange mal, mais il existe une vraie gastronomie islandaise et c'est dommage de passer à côté. D'autant plus si on aime tout ce qui est à base de poisson ou d'agneau (le meilleur de toute ma vie, on pourrait le manger à la petite cuiller).
- Le blue Lagoon est incontournable et y aller en sortant de l'avion est une merveilleuse idée.
- Je pense qu'en trois jours, même si on ne voit qu'un dixième du pays, on peut vraiment repartir avec une idée très précise de ce qu'est l'Islande.
- Pour une si courte durée, je conseillerais en revanche de prendre un pack "organisé". Ce n'est pas mon truc à la base, mais ça permet de faire plus de choses je pense que tout seul. D'autant que le glacier par exemple n'est pas très facilement accessible si on ne sait pas conduire sur des chemins plus qu'accidentés.
- La compagnie Icelandair - mais ils ne sont peut-être pas les seuls - propose une formule à 349 euros par personne pour trois jours, dans un hôtel d'une moindre catégorie que le nôtre, mais visiblement pas mal. Il parait que le Natura notamment est parfait pour les familles. A ce prix les excursions ne sont pas comprises. Pour une journée dans le Cercle d'Or comme celle que nous avons passée, il faut compter 60 euros par personne (je ne sais pas si Einar est compris dans ce tarif).
www.icelandair.fr – Tel : 01 44 51 60 51
- Notre excursion s'est faite avec Iceland Travel
- Pour ce qui est de la saison la plus propice, je pense qu'octobre est vraiment bien, nous avons eu un temps de rêve mais enfin ça, ça varie. Juin aussi est parait-il super et à Noël et Nouvel an j'imagine que c'est magique, il y a en plus plein de feux d'artifice, ils en sont dingues.
Voilà, je vous laisse après ce billet tentaculaire, bye bye l'Islande, à très vite j'espère...