C'est une rentrée étrange. Déjà bien consommée d'ailleurs quand on y pense, mais c'est peut-être là le problème, j'éprouve cette année comme une difficulté à me sentir sur les rails. Comme si j'étais emportée malgré moi par le cours des choses, alors même que je rêverais d'avoir du temps pour me poser un peu, réfléchir à ce qui compte, à ce que je peux désormais refuser sans la peur au ventre de me retrouver sans boulot.
Il est long ce chemin vers la sagesse et la sérénité, je crains qu'il n'ait pas vraiment de fin. Et puis il y a l'intensité de la vie, ces amitiés qui ont toujours compté mais ont pris depuis quelques mois un sens plus urgent. Il y a ces changements qui s'opèrent sur mes enfants, que je sens à la fois si fragiles parfois et si pressés en même temps d'aller de l'autre côté de la rive, celle de l'émancipation mais aussi un peu des boutons... Il y a la petite dernière aussi, dont les mots trébuchent, souvent, comme un signal qu'elle nous enverrait sur la difficulté parfois de se faire entendre, au milieu des résultats de contrôles, des récits de la dernière bourde d'untel, du chagrin d'amour d'une autre, des misères de travail de ses parents ou du loyer à la bourre.
Il y a ce nous qu'il faut protéger, qu'il serait si facile de considérer comme préservé de tout, alors qu'il n'y a sans doute pas plus vulnérable que l'amour qui ploie sous le poids des impératifs du quotidien.
Il y a ces semaines qui filent, ces week-end à Lyon qui nous échappent à cause de ce fichu temps qui passe.
Une drôle de rentrée, avec cette écharde au coeur, rappel de notre insouciance perdue.
Hier, alors que cette équipe de télévision était dans mon salon pour immortaliser mon activité un brin étrange de blogueuse ("on veut vous filmer sur votre lieu de travail, dans votre bureau", m'a expliqué le réalisateur. "Alors venez sur mon canapé", leur ai-je répondu), je me remémorais le pourquoi de ce blog, de ce qui m'avait poussée un après-midi de janvier, il y a bientôt sept ans, à l'ouvrir.
Je me suis replongée dans ces premiers billets et j'ai été frappée par cette intimité que j'y dévoilais, inconsciente de jeter mes mots dans ce qui me semblait alors être le néant mais qui était en réalité bien habité.
Je crois que cette inconscience me manque un peu, ce temps où je bloguais en clandé, sans me soucier de qui me lirait. Et en même temps, ainsi que je le confiais au journaliste hier, ce blog est ni plus ni moins aujourd'hui un prolongement de moi même, un confessionnal virtuel, une catharsis, un catalyseur ou tout autre mot dont je n'ai jamais bien compris le sens mais qui doit plus ou moins vouloir dire que ça m'aide à avancer, à réfléchir, à me réfléchir.
On demande souvent aux "blogueurs" leurs raisons, le pourquoi de cette drôle de manie de s'exposer. Il y en a cent, il y en a mille, des plus avouables que d'autres, des qui relèvent de ce désir presque assumé de célébrité, de ce besoin d'être entendu, reconnu, apprécié. Il y en a une en ce qui me concerne qui n'a jamais changé: écrire et être lue. Celle qui vient juste après et qui en découle est cette ambition un peu utopique de tisser des liens. Merci à vous de répondre à ces deux nécessités.
Edit: photo d'une photo dans ce resto, "Mémère au piano" dans le 11è arrondissement. Un peu cher mais plutôt très bon. On est tous restés en arrêt devant sa beauté sur ce cliché. Marilyn, la seule et unique.