Burano, j'y étais allée je crois lors de mon premier périple vénitien, l'année de mes douze ans, durant ce qui fut donc l'un de mes souvenirs les plus douloureux, une sorte de colo matinée de scoutisme avec tortionnaire à la clé qui m'avait prise pour cible les trois semaines que durèrent le séjour. J'ai déjà dû l'écrire ici mais ce sale gosse avait donc un jour fait tourner son béret - vive les scouts - autour de lui en demandant à la cantonnade "de faire un geste pour la cure d'amaigrissement de Caroline". Il me semble sentir encore mes joues brûler de honte.
Bref, ça ne s'était pas passé à Burano mais le fait est que ces endroits magnifiques découverts cet été là ont forcément perdu un peu de leur superbe et gardent à jamais cet arrière goût un peu salé. En plus de cet abject crétin, il me fallait en outre me plier à un rythme qui tenait de l'armée ce qui quand on me connait ne peut que me déplaire...
Passons donc, j'ai déjà saoulé ma mère ce week-end en lui rabachant ces souvenirs sur le mode "mais comment avez-vous pu me FORCER ?", ce à quoi je me suis entendue répondre qu'absolument pas, j'étais tout à fait consentante, ce qui n'est pas faux en plus, j'avais aussi de bonnes copines et garde également quelques heureux souvenirs de tout cela. Et puis d'une certaine manière, ça m'a rendue plus autonome, moi qui avais alors tant de mal à quitter le doux cocon familial. De toutes façons au petit jeu de "qui a souffert le plus", c'est systématiquement l'un de mes frères qui gagne, lui est rentré d'une autre colo, quelques années plus tard, tellement traumatisé qu'il n'a pas pu prononcer un mot pendant trois jours. Depuis, il se plait à confier que plus rien ne peut lui faire peur, ça ne sera jamais aussi dur que cette expérience. D'une certaine manière, je crois que c'est un peu la preuve que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort et peut-être que nos chagrins enfantins ne sont pas tous vains ?
Je parle, je parle, et je réalise qu'alors que j'étais partie pour vous balancer un billet moderie sans autre ménagement, je me retrouve à philosopher à deux sous de l'heure. Je ne suis pas qu'un physique, que voulez-vous.
A Burano, donc, les eaux étaient hautes et cela rendait le lieu encore plus merveilleux. Le temps était magnifique, l'air doux et les touristes peu nombreux.
Ces maisons multicolores m'ont fait l'effet d'une overdose de prozac, plus rien ne pouvait nous atteindre, c'était un instant parfait.
Ma fille a fait ces quelques photos de moi et je crois que ça l'a amusée, même si je me demande comment elle expliquera à sa psy plus tard que tous ses problèmes remontent au temps où elle devait prendre en photo sa mère qui se prenait pour Cindy Crawford (elle citera sûrement une top plus jeune cela dit).
J'adore cette petite robe de chez Monop, j'aime le fait qu'elle soit cintrée à la taille, j'aime sa longueur et l'imprimé du tissu. Elle correspond tout à fait en plus à l'idée que je me fais d'une robe italienne. J'avoue, pendant un instant je me suis imaginée propriétaire d'une de ces masures psychédéliques. Je me serais appelée Anna, Maria ou Claudia. Et j'aurais cuisiné la pasta pour mon Marcello.
Voilà, c'est tout. Ah non ! Il est arrivé un truc étrange ce jour là. Le machin doit très probablement ressembler à une mascotte, un animal ou je ne sais quelle autre figure emblématique en Chine. C'est la seule explication que nous avons trouvée à cette hystérie qui s'est emparée d'une nuée de Chinoises en goguette quand elles l'ont vu assis sur un banc. Elles se battaient pour être prises en photo à ses côtés, lui touchaient les cheveux (les malheureuses, si elles connaissaient la fréquence de ses shampoings), minaudaient et criaient des choses que la morale réprouve sûrement sauf qu'on n'y comprenait rien. Et pendant ce temps là, mon machin semblait trouver ça complètement normal. En même temps difficile de savoir ce qui peut VRAIMENT le tirer de ses rêveries. Et puis comme il est d'un naturel avenant, il a fait son max pour les contenter. Ma fille a volé cette photo avec l'une de ses chéries, il en est très fier. Je pense sérieusement programmer des vacances à Pékin, si ça se trouve c'est carrément la fortune et la gloire qui nous y attendent et nous on est comme des cons à se taper la Corse tous les étés.
Demain je vous donne toutes mes adresses vénitiennes.
Edit: Parmi ces photos l'une d'entre elles a été prise par le churros, sauras-tu la retrouver ?