Aujourd'hui c'est la journée de la gentillesse. On peut trouver le concept cucul la pralin, on peut se dire que ça devrait être tous les jours, on peut se moquer grave, moi personnellement - et pas uniquement parce que c'est une idée de Psychologies Magazine -, j'adhère.
Je ne suis pas un modèle de sainteté, loin de là, je suis une bonne vieille langue de pupute à mes heures et ne suis pas toujours d'humeur à ne serait-ce que sourire aux personnes dans le besoin. Je râle beaucoup, je rends service, parfois, j'ai mes moments de générosité, pas assez. Je ne suis pas toujours dispo pour ceux qui en auraient besoin, famille, amis, enfant, mari, j'ai comme tout le monde j'imagine un égoïsme chevillé au corps bien plus souvent qu'il ne le faudrait.
Mais j'apprécie la gentillesse, la courtoisie, qu'on y mette un peu les formes, quoi. J'ai trop longtemps supporté quelques personnes qui semblaient juger que répondre cordialement au bonjour du matin était du domaine du facultatif, pour pouvoir aujourd'hui ne serait-ce que tolérer de bosser avec des gens désagréables. Je sais que c'est un peu idiot parce que parfois, les bougons, les rustres et les mal embouchés cachent un coeur d'or quand les souriants et les aimables sont de bons vieux hypocrites. Mais il n'empêche que c'est devenu mon privilège de free lance: mettre fin à toute relation professionnelle dont je sens poindre la moindre toxicité. Ce qui n'arrive pas souvent, j'ai du avoir de la chance depuis deux ans, ou alors, peut-être, je suis moi même devenue un peu plus gentille, du coup, c'est plus facile de l'être avec moi.
Mettre un peu de lien, un peu d'huile comme disait la chanson, même de manière superficielle, c'est loin d'être inutile.
La vie est courte, très. Cette certitude ne m'est pas tombée dessus avant-hier mais elle s'est définitivement imposée à moi il n'y a pas si longtemps. Les drames ne nous changent probablement pas tant que ça, mais ils ont ce seul mérite j'imagine de balayer quelques sentiments superflus, quelques préoccupations inutiles. Je ne suis pas devenue plus gentille ni moins, mais j'ai compris ces derniers mois que quand il ne reste plus rien, il n'y a en réalité plus que ça, ce sentiment d'empathie qui définit notre humanité.
Jean-Claude Ameisen, le gars à la voix la plus apaisante de la terre, faisait d'ailleurs son émission sur france inter de ce week-end notamment là dessus, sur le sentiment d'empathie. Je n'ai pas tout compris - comme à l'accoutumée d'ailleurs - mais étrangement, même ce qui parvenait indistinctement à mon cerveau me parlait. Je crois que le sens, s'il y en a un, réside là dedans. Dans notre capacité, lors de quelques rares instants, à créer du lien, à être vraiment, "avec".
Alors voilà, aujourd'hui c'est la journée de la gentillesse, c'est à la fois dérisoire et fondamental. Comme souvent ce qui est dérisoire, je crois.
C'est tout.